www.zejournal.mobi
Vendredi, 19 Avr. 2024

Réforme des retraites : pourquoi Macron se hâte ? À cause de BlackRock ?

Auteur : Le Média en 4-4-2 | Editeur : Walt | Lundi, 03 Oct. 2022 - 14h40

La réforme des retraites est un projet sur lequel Emmanuel Macron s’est engagé depuis son accession au pouvoir. C’est moins fait pour plaire aux Français qui l’ont élu, qu’aux fonds de pension qui l’ont fait élire. Une procédure accélérée sur le « projet de loi de Système universel de retraite » avait été engagée le 24 janvier 2020. Une accélération freinée par plus de 41 000 amendements.

L’équilibre financier du système de retraite n’est pas menacé : plus de 30 milliards de fonds de réserve, plus de 116 milliard dans les caisses des complémentaires et un apport annuel de « 24 milliards d’euros » par la Caisse d’amortissement de la dette sociale. Le Conseil d’orientation des retraites (COR), le 15 septembre 2022, prévoit pourtant un système de retraite déficitaire sur les 25 prochaines années. Une façon de pousser à la réforme, mais le COR est-il indépendant ? Non, car ce n’est qu’un service du Premier ministre. Emmanuel Macron semble pressé de faire passer son projet de loi et de porter l’âge de départ à la retraite à 64 ans d’ici 2027 puis à 65 ans en 2031. Pourquoi ? Réponse : parce que telles sont les « recommandations » de BlackRock.

2017 : BlackRock prend les commandes à l’Élysée

Sarkozy était le président des riches. Macron est le président des ultrariches. Le 22 janvier 2018, il offrait un dîner à Versailles, avec l’argent des contribuables, aux représentants de 140 multinationales, juste avant de s’envoler à Davos, comme eux, discuter changement climatique. Mais son favori est le PDG de BlackRock. Larry (Lawrence, car on n’a pas gardé les cochons ensemble), donc Lawrence Fink offre au gouvernement le mode d’emploi pour faire accepter aux Français de remplacer, progressivement, leur retraite par des actions dans les entreprises. En commençant par les cadres puis en élargissant avec un système « universel ». Avec ce système génial des fonds de pension, des retraités américains et anglais ont perdu en 2008 les économies qu’ils avaient investies en Bourse. Une nouvelle crise s’annonce, investir en actions, est-ce bien prudent ? En tout cas, c’est prévu depuis l’élection d’Emmanuel Macron le 7 mai 2017. Le 6 juin 2017, le PDG de BlackRock est reçu à l’Elysée.  Le 17 octobre 2017, le Comité action publique 2022 (une trentaine « d’experts », dont Jean-François Cirelli, président de BlackRock France) travaille sur la réforme de l’État. Objectif : tendre vers 100 % de démarches administratives numérisées à l’horizon 2022. C’est pour simplifier ! Quant à ceux qui n’ont pas compris les démarches à effectuer ou qui n’ont pas internet, qu’ils ne comptent plus être conseillés par des êtres humains. Le 25 octobre 2017, Lawrence Fink revient à l’Élysée avec sa fine équipe.

BlackRock fait voter la loi Pacte

Le 22 mai 2019 est votée la loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises). Quel rapport avec les retraités ? Eh bien, l’épargne des retraités sera pompée pour être transférée aux entreprises « pour financer l’innovation et la croissance de demain ». Les quinquagénaires en chômage auront des revenus d’actions au moment où leur retraite s’éloigne de plus en plus. Bien entendu, les investissements seront moraux : ils se feront dans « la transition vers zéro émission nette ». BlackRock est prêt à tous les élans lyriques pour faire passer la pilule. Son site parle d’un véritable « mouvement techtonique des flux de capitaux », de « décarbonisation », disons d’une philanthropie verte au service du portefeuille. Il faudrait avoir l’esprit bien mal tourné pour mettre en doute cette perspective radieuse. Après le vote de la loi Pacte, le 10 juillet 2019, BlackRock & Cie sont de retour à Élysée. Le 1er janvier 2020, Jean-François Cirelli, à la tête de BlackRock France, est nommé officier de la Légion d’honneur (page 5 de la liste de la promotion). Il l’a sûrement bien mérité.

Dernière étape de la stratégie de BlackRock

La « réforme » transformant les économies des retraités en fonds de pension devait passer en douce dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), sous la forme d’un amendement de dernière minute — un discret « cheval de Troie ». Si les députés se montrent trop réticents, le 49.3 sera utilisé. S’ils songent à déposer une motion de censure (Art. 49. de la Constitution) pour ne pas avoir trop l’air d’une chambre d’enregistrement, Emmanuel Macron dégainera le premier. Il dissoudra « tout de suite » l’Assemblée (Art. 12. de la Constitution). En réalité l’Assemblée n’est pas prête à déposer une motion de censure. Elle devrait recueillir une majorité absolue, soit 289 suffrages (Nupes, RN et Les Républicains), ce qui est peu probable. Il faut se rappeler la dernière déculottée de l’Assemblée. Elle a eu lieu le 27 juillet, dans le cadre des débats sur le projet de loi de finances rectificative.  Les députés avaient voté contre l’avis du gouvernement un déblocage de 500 millions pour les retraités. Bruno Le Maire a demandé une seconde délibération. Un nouveau scrutin a donc eu lieu et l’amendement de réécriture du gouvernement a été adopté (224 pour, 121 contre). Les retraités n’ont pas eu leurs 500 millions. La Nupes et le RN ont voté contre, tandis que Les Républicains ont voté pour. Les députés ont donc le droit de voter, mais seulement si le gouvernement est d’accord. Sinon ils revotent. Emmanuel Macron n’a rien à craindre d’une telle assemblée et les retraités rien à en attendre.

Qu’il y ait une motion de censure déposée par les députés suivie de la dissolution du gouvernement ou « tout de suite » une dissolution de l’Assemblée par le président, cela ne change strictement rien, puisque dans les deux cas, il faudra refaire des élections législatives. Alors, pourquoi cette comédie ? D’abord, Emmanuel n’aime pas qu’on lui résiste et puis, avec le pistolet de BlackRock sur la tempe, il n’a pas vraiment le choix. Afin de ridiculiser le processus dit démocratique, avant de le supprimer totalement, il a confié les négociations à Élisabeth Borne. « On a fait le choix du dialogue et de la concertation », a-t-elle expliqué. « Le dialogue ne viendra pas de notre côté », a-t-elle ajouté, révélant, par ce lapsus, sa conception de la concertation. Elle souhaite une « entrée en vigueur de la réforme à l’été 2023 ». On ne peut pas mieux dire que le vote de l’Assemblée est acquis d’avance.

Mais pourquoi tant de soumission de la part des députés ? Explication : des élections risqueraient de battre les cartes et les prébendes risqueraient d’être redistribuées. Or l’indemnité parlementaire de base est de 5 623,23 €, l’indemnité de résidence de 168,70 € et l’indemnité de fonction de 1 447,98 €, soit un total de 7 239.91 € par mois. On aimerait vraiment trouver une autre explication. Si vous en avez une autre, n’hésitez pas à nous le dire. Merci.


- Source : Le Média en 4-4-2

Cela peut vous intéresser

Commentaires

Envoyer votre commentaire avec :



Fermé

Recherche
Vous aimez notre site ?
(230 K)
Derniers Articles
Articles les plus lus
Loading...
Loading...
Loading...