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Mercredi, 24 Avr. 2024

Législatives : la crise de régime commence et on va bien s’amuser

Auteur : Éric Verhaeghe | Editeur : Walt | Lundi, 20 Juin 2022 - 16h16

Comme nous l’avions annoncé il y a dix jours, Emmanuel Macron ne disposera que d’une majorité relative à l’Assemblée nationale, qui l’obligera à de nombreuses contorsions pour gouverner. Dans les mois, et peut-être même les semaines qui viennent, ce président vertical, si peu habitué au compromis politique, devrait connaître de sérieuses difficultés institutionnelles. Nous faisons le pari d’un pourrissement rapide de la Vème République, qui se terminera par une rupture systémique et un passage (probablement lent et douloureux) vers une autre forme de démocratie. L’actualité va nous régaler !

Tout ne se passe pas comme sur des roulettes pour le deuxième mandat d’Emmanuel Macron. Nous avions annoncé il y a 10 jours que le président n’obtiendrait qu’une majorité relative, ce qui déboucherait sur une crise de régime. La première moitié de la proposition est vérifiée aujourd’hui, et nous maintenons notre pronostic pour la deuxième partie : la Vème République n’en a plus pour longtemps, et toutes les options sont désormais ouvertes pour la suite.

La Vème République ne fonctionne plus…

Premier constat, en tout cas : De Gaulle avait inventé la Vème République pour éviter le parlementarisme de la IIIème et de la IVème Républiques. Sa constitution, avec son redoutable scrutin uninominal à deux tours aux législatives, devait éviter la paralysie des institutions et permettre de dégager des majorités robustes en tout temps.

Visiblement, la recette ne fonctionne plus. Les législatives confirment que la majorité n’existe plus et qu’il faut désormais composer en mode IVème République.

Le naufrage du quinquennat chiraquien

On se souvient que Chirac avait introduit le quinquennat pour éviter les cohabitations. La règle était que les électeurs confirmeraient forcément aux législatives le choix opéré aux présidentielles. C’était la solution pour éviter la paralysie.

Visiblement, cette vieille croyance-là a vécu. Macron a bien été réélu pour un deuxième mandat, mais sans dégager une majorité parlementaire. L’idéal chiraquien est mort.

Une constitution obsolète

Progressivement, on mesure les dégâts qui se préparent. D’un côté, des institutions qui favorisent l’autoritarisme d’un seul homme. D’un autre côté, une absence de majorité pour gouverner.

Nous avons récemment exposé les raisons qui expliquent l’obsolescence de notre construction républicaine. Ce qui pose problème, c’est la verticalité rigide d’une démocratie représentative qui ne correspond plus à la sociologie et aux technologies de notre époque. Quels que soient les rafistolages que le pouvoir peut ou pourra tenter, le problème durera.

Ce qu’il faut, c’est opter pour une nouvelle forme de pouvoir institutionnel.

Face à Mélenchon et Le Pen, ces gens du passé…

La Vème République n’a décidément pas de chance, et on imagine mal qu’elle puisse durablement survivre à l’épreuve qui se prépare. Car Macron devra désormais composer avec une puissante NUPES, mais qui est faite de bric et de broc avec des gens qui se détestent et dont l’unité n’est que transitoire, et un RN qui devrait friser les 100 postes de députés.

Le tour de force de Mélenchon est de faire croire à sa victoire. En réalité, son étrange attelage n’a obtenu de 5,5 millions de voix. Tout cela fait partie de la rhétorique politique. Il n’en demeure pas moins que son poids est suffisant pour empêcher Macron de gouverner. Mais, Comme Marine Le Pen, Mélenchon est un homme du passé qui continue à penser, quoiqu’il s’en défende, dans le cadre partisan habituel.

La Vème République à bout de souffle

Autrement dit, on peut faire confiance à la NUPES et au RN pour épuiser et essorer la Constitution jusqu’à ses ultimes limites. De manigances parlementaires en coups d’éclat rendant la vie du président impossible, les deux partis vont fracasser l’ordre politique et convaincre de nombreux Français qu’il faut désormais tourner la page.

Pourquoi on va bien s’amuser

Avant que ce ras-le-bol ne s’exprime définitivement (le taux d’abstention montre qu’il s’exprime depuis longtemps, mais pas encore suffisamment), nous bénéficierons de quelques belles heures de spectacle. Le scénario en est déjà écrit : Macron défendra mordicus, au moins en apparence, un projet européiste qui est combattu à des degrés divers par la NUPES et par le RN.

Sur cet axe crucial de la mondialisation et de la souveraineté, les passions devraient se déchaîner, entamant au passage la crédibilité du projet européen au pire moment de son existence (celui du retour de la guerre), et la crédibilité de la France dans l’Europe.

Nous nous donnons donc rendez-vous dès cette semaine pour rédiger la chronique de cette faillite annoncée – faillite qui nous soulagera des pulsions liberticides que nous avons déplorées sous le précédent quinquennat. Notre conviction est que ce dénouement ne sera pas fluide, et même qu’il sera particulièrement théâtral et théâtralisé.

***

Législatives: Macron et Mélenchon loin de leurs espérances, Le Pen seule gagnante

Abstention 53,77%

 

  • La coalition Ensemble (LaREM, Modem, Horizons et Agir) recueille désormais entre 210 et 230 sièges à l’issue des élections législatives, selon une nouvelle projection de l’institut Elabe pour BFMTV, L’Express avec notre partenaire SFR.
  • La Nupes - qui regroupe la France insoumise, le Parti socialiste, Europe Écologie Les Verts et le Parti communiste - récolte pour sa part entre 170 et 190 sièges.
  • Vient ensuite le Rassemblement National qui obtient entre 80 et 95 sièges. L'alliance entre Les Républicains et UDI récolte désormais entre 58 et 65 sièges.
  • Les forces divers gauche et dissident Nupes obtiennent entre 6 et 8 sièges, le divers centre 3 à 5, la divers droite 3 à 5 également. Les divers souverainistes et extrême droite récoltent 1 à 2 sièges. Enfin, les candidats classés "autres" (divers, divers écologistes, régionalistes, etc.) obtiennent entre 7 et 8 sièges.

 

Le camp présidentiel perd sa majorité absolue à l'Assemblée nationale. L'hémicycle est coupé en trois, et risque de compliquer la vie du Président. Ce soir, malgré des chiffres décevants, NUPES et macronistes sont contents.

Macron (Ensemble) !

Pour la porte-parole du gouvernement, "il faudra composer avec les bonnes volontés".

Réagissant à l'appel de Jean-François Copé pour créer un "pacte de gouvernement" entre Les Républicains et Ensemble (ex-LaREM), la porte-parole du gouvernement a affirmé qu'"il faudra composer avec les bonnes volontés".

Olivia Grégoire a lancé un message de prudence, souhaitant attendre les résultats définitifs avant de se prononcer sur un quelconque pacte. "Il faut faire les choses dans leur temps", a-t-elle dit sur BFMTV.

Jean-François Copé appelle à un "pacte de gouvernement" entre Les Républicains et Ensemble.

Méluche (NUPES):

Malgré des résultats au-dessous de ses espérance, Jean-Luc Mélenchon salue la "déroute du parti présidentiel" après le second tour.

Jean-Luc Mélenchon ne cache pas sa joie. Bien que n'ayant pas de majorité lui permettant de devenir Premier ministre, le chef de file de la Nupes a salué les résultats faisant de sa coalition le premier groupe d'opposition.

"C'est une situation totalement inattendue, absolument inouïe. La déroute du parti présidentiel est totale, et aucune majorité ne se présente. Nous avons réussi l'objectif politique que nous nous étions donné: faire tomber celui qui avait autant d'arrogance avait tordu le bras de tout le pays en étant élu sans qu'on sache pour quoi faire", a-t-il déclaré.

Le Pen (RN)

Marine Le Pen veut incarner "une opposition ferme" mais "responsable" et "respectueuse des institutions".

Le Rassemblement national obtient de 75 à 95 sièges à l'Assemblée nationale, un score histoire pour le parti qui devient ainsi le deuxième groupe d'opposition dans l'hémicycle.

S'exprimant depuis Hénin-Baumont, Marine Le Pen a promis d'incarner une "opposition "ferme", "sans connivence" mais "responsable".

"Notre seule boussole est l'intérêt de la France et du peuple français", a-t-elle poursuivi.

Jordan Bardella salue un "tsunami" pour le Rassemblement national.

Zemmour (Reconquête):

La tête à Toto

A.D pour WikiStrike


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