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Vendredi, 19 Avr. 2024

Le cabinet McKinsey sous accusations, une claque pour Macron et son gouvernement

Auteur : Francesca de Villasmundo | Editeur : Walt | Vendredi, 18 Mars 2022 - 15h42

À quelques semaines du premier tour des élections présidentielles, le camp Macron se prend une claque. McKinsey, le principal cabinet de conseil mobilisé par Emmanuel le poudré comme certains le surnomment pour définir la stratégie économique ou sanitaire du pays, est épinglé pour évasion fiscale : il touche de l’argent public mais n’a payé aucun impôt sur les sociétés en dix ans. Or l’un de ses dirigeants avait affirmé l’inverse le 18 janvier dernier devant une commission d’enquête du Sénat :  « Je le dis très nettement : nous payons l’impôt sur les sociétés en France », avait alors témoigné, sous serment, Karim Tadjeddine, le responsable du pôle secteur public de McKinsey.

Cette révélation embarrassante pour Macron et son gouvernement émane du rapport de la commission d’enquête sénatoriale sur les cabinets de conseil, rendu public ce jeudi 17 mars. L’affirmation en contradiction avec les informations obtenues par la commission d’enquête auprès de l’administration fiscale, a conduit les sénateurs à saisir le procureur sur le cas de M. Tadjeddine. Le faux témoignage devant une commission d’enquête est passible de cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.

McKinsey, qui est assujetti en France à l’impôt sur les sociétés, n’a pas versé le moindre centime à ce titre entre 2011 et 2020, ont constaté les sénateurs. Et ce alors que le chiffre d’affaires français du cabinet était de 329 millions d’euros en 2020, dont 5 % dans le secteur public, pour six cents salariés.

Ce fait délictueux n’est pas le seul scandale que dénonce la commission d’enquête du Sénat sur les cabinets de conseil. La commission dénonce le rôle de plus en plus important des cabinets de conseil dans la prise de décision publique, et notamment sur des dossiers critiques.

« Les cabinets de conseil disposent d’une « réelle influence sur la prise de décision » au sein des ministères : c’est en substance la conclusion du rapport abrasif de la commission d’enquête du Sénat consacrée au rôle des cabinets de conseil » lit-on dans Le Figaro qui poursuit :

« Le rapport dresse un tableau sévère de l’incapacité de l’État à superviser et évaluer le recours à ces cabinets qui sont intervenus sur des missions critiques au fil du quinquennat qui s’achève, comme la réforme des retraites ou la livraison de masques au début de la crise sanitaire.

« La commission d’enquête, pilotée par son président Arnaud Bazon (LR) et sa rapporteure Éliane Assassi (CRCE) pointe ainsi du doigt une inflation des dépenses de conseil au fil du quinquennat. « Au sens large et en intégrant toutes les dépenses de conseil en informatique, les prestations de conseil des ministères ont plus que doublé depuis 2018, pour atteindre 893,9 millions d’euros », indique ainsi le texte. Alors que la commission a demandé, via un questionnaire, d’indiquer exactement en quoi consistaient les missions accomplies par les cabinets de conseil, il s’est avéré que dans 80% des cas, les ministères n’étaient pas en mesure de répondre. Le ministère de la Culture n’a justifié aucune de ces actions et le ministère de l’Économie et des Finances, seulement 0,8% d’entre elles.

« La commission d’enquête épingle également des rapports facturés plusieurs centaines de milliers d’euros par les cabinets de conseil, sans que leur utilité ne soit prouvée par la suite. Elle se penche ainsi sur un «livrable» réalisé par le cabinet McKinsey pour 496.800 euros sur les évolutions du métier d’enseignant. Cette compilation de textes scientifiques «publics» devait permettre de préparer un colloque finalement annulé. McKinsey a également travaillé sur les thématiques de la rémunération au mérite des professeurs et la gouvernance des établissements scolaires, sans que le ministère ne puisse attester que ces travaux ont abouti à de quelconques «conséquences directes».

« Si les ministères ont du mal à indiquer quelles sont les actions demandées aux cabinets de conseil, c’est aussi car les salariés de ces entreprises privées travaillent parfois directement dans les administrations, auprès des fonctionnaires. « Si vous aviez voulu [les documents] estampillés par McKinsey présents dans le dossier, vous auriez eu une feuille blanche», a ainsi admis le ministre de la Santé Olivier Véran lors de son audition par la commission le 2 février dernier. En effet, au cours de la crise sanitaire, des consultants ont pu écrire des notes administratives, non sous le sceau de leur cabinet, mais sous celui du ministère des Solidarités et de la Santé. Un modus operandi réprouvé par la commission d’enquête, qui y voit un problème en termes de transparence de l’action publique.

« Les sénateurs mettent également en cause la tentation des cabinets de conseil d’importer des méthodes d’entreprise privée dans le secteur public, parlant parfois de «clients» et non d’«administrés». Ils raillent également des consultations organisées lors des États généraux de la justice, et facturés 950.241 euros par INOP’S et Capgemini. Cette mission a eu pour but de créer une plateforme en ligne et d’organiser des «ateliers délibératifs» durant lesquels les participants devaient coller post-it et gommettes pour expliquer ce qu’est pour eux «la justice idéale».

« «Une relation de dépendance peut s’installer entre l’administration et ses consultants, en particulier dans le domaine informatique», écrivent les sénateurs, alors que l’État dépend de ces acteurs pour gérer les radars routiers ou la réforme des aides personnalisées au logement (APL). D’autant que le gouvernement fait appel à un petit nombre de cabinets seulement : 20 acteurs du secteur, sur les 2070 comptabilisés au total, concentrent 55% des missions de conseil. Cette concentration s’est accentuée pendant la crise sanitaire, puisque trois cabinets (McKinsey, Citwell et Accenture) ont représenté les trois quarts des dépenses de conseil sur la période. »

Dans leurs conclusions les sénateurs appellent notamment à interdire les missions pro bono, c’est-à-dire gratuites pour l’administration, mais qui constituent selon eux une manière de mettre un « pied dans la porte », en particulier auprès de l’Élysée et de Bercy.

Ils appellent également à publier la liste des prestations de conseil de l’État et de « confier à la HATVP une nouvelle mission de contrôle des cabinets de conseil intervenant dans le secteur public, pour vérifier le respect de leurs obligations déontologiques ». La HATVP devrait également selon eux avoir la possibilité de contrôler le « pantouflage » (un responsable public part travailler en tant que consultant) et le « rétropantouflage » (un consultant rejoint l’administration).

Le rôle de McKinsey dans la campagne de vaccination mais également toutes les réformes de Macron a été dénoncé régulièrement. Les soignants suspendus pour défaut de ‘vaccination’ covid seront contents d’apprendre selon un article de L’Obs de janvier 2021 que « McKinsey toucherait 2 millions d’euros par mois pour conseiller le gouvernement sur la vaccination ».

Les étudiants à qui Macron a sucré 5€ d’APL seront heureux de savoir que cette décision a coûté à l’Etat 4 millions d’euros versé au cabinet McKinsey, son conseil en la matière.

Le mot de la fin qui illustre parfaitement la mentalité de Macron et ses mignons  sera de Bastien Tell :

« Le cynisme ultime, c’est de se faire payer grassement pour demander aux autres de se serrer la ceinture ».

 

Un bonus…

***

Le recours aux cabinets de conseil par l’État dénoncé par le Sénat : "Un système tentaculaire"...

Une commission d’enquête sénatoriale a enquêté sur l’influence des cabinets de conseils privés dans les politiques publiques au cours du dernier quinquennat. Dans son rapport rendu public ce 17 mars, les sénateurs pointent un « phénomène tentaculaire », au profit d’entreprises dont certaines pratiqueraient l’optimisation fiscale.

Le phénomène, si « tentaculaire » soit-il, n’est pas nouveau. Mais son poids a augmenté particulièrement durant les cinq dernières années. Le quinquennat Macron n’a pas inventé le recours à ces cabinets de conseil privés pour élaborer les politiques publiques, mais il l’aurait rendu systématique. Les sénateurs d’une commission d’enquête sénatoriale, menée par le LR Arnaud Bazin et la communiste Éliane Assassi, regrettent que le recours à l’un de ces 15 000 cabinets de conseil soit devenu presque un « réflexe » pour les ministères, tant et si bien que le montant des dépenses sur le plan du conseil par l’État s’élève pour l’année 2021 à plus d’un milliard d’euros, un montant qui a plus que doublé depuis 2018.

En 2021, l’État a donc dépensé 893,9 millions d’euros pour les ministères, mais également pour ses opérateurs de services publics, comme Pôle emploi. Ce pôle de dépense représente selon les sénateurs 171,9 millions d’euros pour un échantillon de 44 opérateurs, sachant qu’ils ne représentent que 10 % du total des opérateurs.

Les sénateurs remarquent aussi que la part de conseil dit « stratégique » est celle qui a le plus augmenté ces dernières années : seulement 152,5 millions d’euros de budget en 2018 deviennent 445,6 millions en 2021. Concrètement, cela se traduit par une intervention de ces cabinets de conseil dans la plupart des grands chantiers et réformes du quinquennat Macron, de la refonte du calcul des APL avec le cabinet McKinsey, à la gestion des radars routiers par la société Stopra Steria, en passant par la délégation d’une grande partie de la gestion de la crise sanitaire du Covid-19.

[…]

Mais le rapport a également permis de découvrir que ce cabinet précis, un des principaux prestataires de l’État, n’avait pas « payé l’impôt sur les sociétés en France depuis 10 ans », dans ce que le Sénat qualifie d’« exemple caricatural d’optimisation fiscale ».

La société McKinsey aurait ainsi mis en place un système où des « prix de transfert », sont versés par la succursale française à la maison-mère, et sont considérés comme une charge par l’entreprise. Ces versements permettent de minorer le résultat fiscal de l’entreprise, et donc le montant de son imposition : le résultat fiscal final serait donc nul ou négatif, depuis dix ans.

[…]

Lire l’intégralité de l’article sur lindependant.fr


- Source : MPI

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