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Vendredi, 19 Avr. 2024

Après que l’ours a montré les dents, l’Ukraine va-t-elle préférer la paix ?

Auteur : Moon of Alabama (Etats-Unis) | Editeur : Walt | Mardi, 13 Avr. 2021 - 14h26

L’Ukraine a d’abord déclaré qu’elle utiliserait la force pour récupérer la région renégate du Donbass ainsi que la Crimée. Elle a ensuite déplacé de nombreuses troupes vers les lignes de front. Le cessez-le-feu a été rompu plusieurs fois par jour. Plusieurs soldats ukrainiens sont morts en tentant de déminer un champ en vue d’une attaque.

Il devenait évident qu’une guerre allait bientôt éclater dans l’est de l’Ukraine. Une guerre réussie aurait aidé le président ukrainien, Zelensky, à faire face aux crises intérieures qui ne cessent de s’aggraver. Une guerre aurait également procuré aux États-Unis une plus grande influence en Europe. Les États-Unis et l’OTAN ont promis un « soutien indéfectible à la souveraineté de l’Ukraine ».

La Russie a lancé plusieurs avertissements verbaux contre toute attaque ukrainienne sur les provinces renégates de Lougansk et de Donetsk ou la Crimée, menaçant que cela aurait pour conséquence une violente intervention russe. Il n’y a pas la moindre chance que les États-Unis ou l’OTAN interviennent dans une telle guerre. Mais ce n’est qu’après que la Russie a commencé à déplacer certaines de ses troupes que le bon sens s’est installé. Les dirigeants ukrainiens ont compris que l’idée de faire la guerre à une superpuissance dotée d’armes nucléaires n’était pas bonne.

Tard hier, ils ont soudainement décidé de faire une demande de paix (traduction automatique) :

Les forces armées ont exclu le recours à la force pour « libérer » le Donbass

« La libération » du Donbass par la force conduira à des morts massives de civils et de militaires, ce qui est inacceptable pour Kiev », a déclaré le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Rouslan Khomtchak.

« Étant dévoué aux valeurs humaines universelles et aux normes du droit humanitaire international, notre État donne la priorité à la vie de ses citoyens », a déclaré le centre de presse de l’état-major général, cité par ce dernier.

Selon M. Khomchak, les autorités ukrainiennes considèrent comme prioritaire la voie politique et diplomatique pour résoudre la situation dans le Donbass. Dans le même temps, il a ajouté que les forces armées ukrainiennes sont prêtes à apporter une réponse adéquate tant à l’escalade du conflit qu’à « la complication de la situation militaro-politique et militaro-stratégique dans le pays » ~ RIA Novosti

Zelensky lui-même a apporté sa contribution (traduction automatique) :

Zelensky s’est prononcé pour une trêve dans le Donbass

Le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelenskyy, a annoncé la nécessité d’une nouvelle trêve dans le Donbass après avoir visité la ligne de front.

Le chef de l’État a écrit sur Facebook que les tirs sur la ligne de front étaient devenus « une routine dangereuse ». « Après plusieurs mois d’observation d’un cessez-le-feu complet et général, nous sommes revenus à la nécessité d’établir une trêve », a déclaré Zelensky.

Comme l’a souligné précédemment le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Rouslan Khomtchak, le recours à la force pour « libérer » le Donbass est inacceptable pour Kiev, car il serait lourd de pertes pour la population civile et le personnel militaire. Dans le même temps, la semaine dernière, il a déclaré que les forces armées ukrainiennes allaient renforcer le regroupement des troupes dans le Donbass et en direction de la Crimée – en réponse à la « montée en puissance » des forces russes à la frontière avec l’Ukraine ~ RIA Novosti

Il semble que l’ordre soit venu de Washington de se retirer – du moins pour le moment. Les vols de reconnaissance américains près de la frontière russe se poursuivent. On peut donc aussi considérer que ce soudain appel à un cessez-le-feu pourrait être une ruse.

Mais si ce n’est pas le cas, pourquoi ont-ils laissé tout cela se produire en premier lieu ?

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

***

Ukraine, bombe US en Europe par Manlio Dinucci


Victoria Nuland et Antony Blinken

Le président Joe Biden, le secrétaire d’État Antony Blinken et sa prochaine sous-secrétaire d’État, Victoria Nuland, sont en train de relancer la guerre en Ukraine qu’ils avaient tous trois déclenchés en 2013-14. Le quatrième larron, Geoffrey R. Pyatt, est aujourd’hui ambassadeur en Grèce. Cette fois, ils acheminent des navires de guerre en mer Noire et préparent même des avions bombardiers nucléaires.

Des chasseurs F-16 US, envoyés depuis la base d’Aviano (Italie), sont engagés dans de « complexes opérations aériennes » en Grèce, où hier a commencé l’exercice Iniochos 21. Ils appartiennent au 510th Fighter Squadron basé à Aviano, dont le rôle est indiqué par son emblème : le symbole de l’atome, avec trois éclairs qui frappent la terre, flanqué de l’aigle impérial. Ce sont donc des avions d’attaque nucléaire qui sont engagés par l’US Air Force en Grèce, qui a concédé en 2020 aux États-Unis l’utilisation de toutes ses bases militaires. Participent aussi à l’Iniochos 21 des chasseurs-bombardiers F-16 et F-15 d’Israël et des Émirats Arabes Unis. L’exercice se déroule sur la mer Égée au bord de l’aire comprenant la mer Noire et l’Ukraine, où se concentre le méga exercice Defender-Europe 21 de l’Armée US.

Ces manœuvres militaires, et d’autres, qui font de l’Europe une grande place d’armes, créent une tension croissante avec la Russie, focalisée sur l’Ukraine. L’Otan, après avoir désagrégé la Fédération Yougoslave en insérant le coin de la guerre dans des fractures internes, s’érige maintenant en paladin de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Le président du Comité Militaire de l’Otan, le britannique Stuart Perch chef de la Royal Air Force, rencontrant à Kiev le président Zelensky et le chef d’état-major Khomchak, a déclaré que « les membres de l’Otan sont unis pour condamner l’annexion illégale de la Crimée par la Russie et ses actions agressives en Ukraine orientale ». Il a ainsi répété la version selon laquelle ce serait la Russie qui aurait annexé par la force la Crimée, ignorant que ce sont les Russes de Crimée qui ont décidé par un référendum de se détacher de l’Ukraine et de rentrer en Russie pour éviter d’être attaqués, comme les Russes du Donbass, par les bataillons néo-nazis de Kiev. Ceux utilisés en 2014 comme force d’assaut dans le putsch de Place Maïdan, amorcé par des snipers géorgiens qui tiraient sur les manifestants et sur les policiers, puis dans les actions successives : villages mis à feu et à sang, militants brûlés vifs à la Maison des Syndicats d’Odessa, civils sans armes massacrés à Mariupol, bombardés au phosphore blanc à Donetsk et Lugansk. Un coup d’État sanglant géré par les USA et l’Otan, dans le but stratégique de provoquer en Europe une nouvelle Guerre froide pour isoler la Russie et renforcer, en même temps, l’influence et la présence militaire des États-Unis en Europe.

Le conflit dans le Donbass, dont les populations se sont auto-organisées dans les Républiques de Donetsk et de Lugansk avec leur propre milice populaire, a traversé une période de relative trêve avec l’ouverture des colloques de Minsk pour une solution pacifique. Mais à présent le gouvernement ukrainien s’est retiré des colloques, au prétexte qu’il refuse d’aller à Minsk car la Biélorussie ne serait pas un pays démocratique. En même temps les forces de Kiev ont repris les attaques armées dans le Donbass. Le chef d’état-major Khomchak, que Stuart Perch a félicité au nom de l’Otan pour son « engagement dans la recherche d’une solution pacifique du conflit », a déclaré que l’armée de Kiev « se prépare pour l’offensive en Ukraine orientale » et que dans cette opération « est prévue la participation de membres de l’Otan ».

Ce n’est pas un hasard si le conflit dans le Donbass s’est rallumé quand, avec l’administration Biden, la charge de secrétaire d’État a échu à Antony Blinken. D’origine ukrainienne, il a été le principal organisateur du putsch de Place Maïdan dans le rôle de vice-conseiller de la sécurité nationale dans l’administration Obama-Biden. Comme vice-secrétaire d’État, Biden a nommé Victoria Nuland, aide-organisatrice en 2014 de l’opération US, qui a coûté plus de 5 milliards de dollars, pour instaurer en Ukraine le « bon gouvernement » (comme elle déclara elle-même [1]). Il n’est pas exclu qu’ils aient maintenant un plan : promouvoir une offensive des forces de Kiev dans le Donbass, soutenue de fait par l’Otan. Elle mettrait Moscou devant un choix qui tournerait dans tous les cas à l’avantage de Washington : laisser massacrer les populations russes du Donbass, ou intervenir militairement pour les soutenir. On joue avec le feu, pas au sens figuré, en allumant la mèche d’une bombe au cœur de l’Europe.

Note: 

[1] “Remarks by Victoria Nuland at the U.S.-Ukraine Foundation Conference”, by Victoria Nuland, Voltaire Network, 13 December 2013.

Traduction Marie-Ange Patrizio

Source: Il Manifesto (Italie)


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