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Jeudi, 28 Mars 2024

Bolivie – Qui est Luis Arce ?

Auteur : Resumen Latinoamericano (Argentine) | Editeur : Walt | Jeudi, 22 Oct. 2020 - 08h23

Evo Morales est arrivé à la présidence de la Bolivie en janvier 2006 et a mené divers changements qui ont transformé la dynamique économique du pays. Le résultat a été une croissance constante moyenne de 4,9% pendant 13 ans qui s’est traduite par une réduction de la pauvreté de 42% et de l’indigence de 60%, selon les organismes internationaux.

La production d’hydrocarbures a doublé mais les revenus qu’elle a générés se sont presque multipliés par 7 pendant cette période grâce à la nationalisation des entreprises et à la réglementation concernant les ressources naturelles. D’autres indicateurs économiques sont positifs : le chômage a été réduit de 7,7% à 4,4% entre 2008 et 2019 et les investissements n’ont pas baissé (l’investissement public a augmenté même pendant les périodes de crise économique.)

Ces résultats économiques ont été bien perçus par les Boliviens et on considère que c’est l’une des raisons pour lesquelles Morales était en tête des sondages avant les élections de novembre 2019.

Les analystes disent que le Gouvernement a utilisé correctement une situation extérieure favorable pour réduire les inégalités dans la société : le prix des matières premières et le volume des ressources naturelles (en particulier le pétrole et le gaz) que possède la Bolivie ont augmenté.

Et ces réussites ont un nom : Luis Arce, ministre pendant tout le gouvernement d’Evo Morales sauf pendant 18 mois entre 2017 et 2019 parce qu’il avait un problème de santé. Son départ du ministère a coïncidé avec la fin de la situation extérieure favorable à l’économie. L’État a augmenté ses investissements et adopté une série de mesures qui a amené le déficit public à plus de 8% du Produit Intérieur Brut.

Arce est l’homme politique du MAS qui a le moins de soutien des secteurs populaires en partie parce que ce n’est pas un indigène et qu’il est originaire de la capitale (il est né à La Paz en 1963) mais il est perçu comme l’artisan de la bonne époque de l’économie de la Bolivie même par les classes moyennes.

Un « boy de Chuquiago »

Fils d’instituteurs publics, dès sa jeunesse, le fait qu’un pays possédant autant de richesses ait des indices de pauvreté aussi élevés inquiétait Arce. C’est pourquoi il a choisi de faire des études d’économie. Il a une licence d’économie de l’Université Mayor de San Andrés et une maîtrise de sciences économiques de l’Université de Warwick (Angleterre).

Lorsqu’il était étudiant, il se définissait déjà comme socialiste. A la fin des années 90, il a formé avec des membres du défunt parti, un groupe de discussion et d’analyse pour la transformation économique du pays. « Le premier défi que nous avions était de démontrer que nous, la gauche, nous gérions l’économie mieux que la droite », disait-il en rappelant cette époque lors d’une interview accordée au Wall Street Journal en 2014.

Après avoir fait ses études, il est entré comme fonctionnaire à la Banque Central de Bolivie où il est resté 19 ans tandis que le pays était gouverné par des partis de gauche et de droite. Cela lui a valu des critiques puisque, selon ses propres déclarations, il a intégré une équipe de travail dont il ne partageait pas les méthodes et les objectifs. On peut trouver certaines de ses objections aux politiques de ces périodes dans son mémoire de maîtrise qui n’a pas été publié.

Quand Morales est arrivé au pouvoir, la permanence d’Arce dans l’équipe économique a été perçue comme un signe de continuité et a calmé ceux qui craignaient que le dirigeant cultivateur de coca prenne des décisions impulsives ou qu’ils considéraient comme mauvaises. Dans plusieurs interviews, l’ex-ministre a raconté des anecdotes concernant des moments où Morales voulait prendre des décisions qu’il a réussi à modérer, ce que le Président a également reconnu à diverses occasions.

Par exemple, pendant sa première année de gouvernement, Morales voulait doubler le salaire des fonctionnaires et exproprier les actifs des entreprises de gaz étrangères. Les 2 fois, Arce et d’autres membres de l’équipe économique l’ont convaincu que ce n’étaient pas les meilleures mesures à prendre à ce moment-là parce qu’elles seraient mal interprétées et qu’il valait mieux recourir à des décisions moins polémiques et les faire durer dans le temps pour arriver aux mêmes résultats. « Karl Marx disait : « Pour obtenir le saut vers le socialisme, il faut développer les forces de production. C’est ce que nous faisons », disait Arce en 2014 en évoquant le long chemin qui a été choisi pour mener à bien les transformations qui ont donné des résultats.

Dans le document officiel qui présentait le Nouveau Modèle Économique, Social Communautaire et Productif, en 2011, il expliquait : « Ceci est un modèle de transition vers le socialisme dans lequel, graduellement, on résoudra beaucoup de problèmes sociaux et on renforcera la base économique pour une distribution correcte des excédents économiques .» « On ne peut pas réaliser un déplacement mécanique du capitalisme vers le socialisme, il faut une période intermédiaire » dans laquelle il est nécessaire « de construire une société de transition entre le système capitaliste en créant les conditions d’une société socialiste », soulignait-il.

Dans un Gouvernement formé majoritairement par des représentants indigènes et sociaux, avec une longue histoire, Arce représentait un petit groupe de professionnels qu’on appelait « Chuquiago Boys », une déformation du nom de l’expression « Chicago Boy » formée sur le nom aymara de la ville de La Paz.

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

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Le vent tourne en Amérique Latine : Les élections boliviennes et le plébiscite chilien


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