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Navalny : quand la France et l’Allemagne font perdre sa patience légendaire à la Russie

Auteur : Karine Bechet-Golovko | Editeur : Walt | Lundi, 12 Oct. 2020 - 07h27

La France et l’Allemagne prennent la direction d’une ligue régionale contre la Russie. Et le cirque autour de cet étrange empoisonnement de Navalny prend tout son sens : l’important est d’avoir un prétexte, pour ensuite pouvoir l’exploiter. Ce qui est plus inquiétant, est que l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) ait « trouvé » du Novitchok dans les échantillons de Navalny. Les médecins russes étant clairs sur le sujet, soit une infime dose a été injectée à Navalny déjà en Allemagne et en milieu clos (puisqu’il n’y a aucune victime collatérale), soit l’OIAC falsifie ses résultats. Pendant ce temps, Paris et Berlin accusent et menacent Moscou, avec la hargne du fanatisme. C’est-à-dire en criant d’autant plus fort que l’on ne veut pas avoir à répondre à des questions dérangeantes. De son côté, la Russie siffle la fin du jeu : non, il n’est plus possible de faire comme si de rien n’était.

Nous avons déjà souligné à plusieurs reprises l’étrangeté de l’affaire Navalny, soi-disant empoisonné avec une arme chimique, dont il ressort vivant et qui, bien que volatile, ne touche que lui dans un avion ou un aéroport (voir notre texte ici). L’absurdité de la situation est telle que, logiquement, la Russie voit en cela une opération menée par des services étrangers (voir notre texte ici).

Or, l’OIAC a déclaré avoir trouvé des traces de novichok:

L’OIAC a confirmé que les échantillons de sang et d’urine de Alexeï Navalny contenaient un «inhibiteur de la cholinestérase», similaire à deux substances chimiques de type Novitchok interdites par l’organisation en 2019.

Il y a donc trois possibilités :

  1. soit la Russie est assez stupide pour empoisonner un opposant à 2% de cote de popularité et ensuite aider à son départ du pays, alors que les frontières sont fermées et qu’il est sous le coup d’une enquête pénale (ne devant donc pas, formellement, lui permettre de quitter le territoire);
  2. soit Navalny a été empoisonné après – donc en Allemagne et en milieu stérile, puisqu’il n’y a aucune victime collatérale, ni dans l’aéroport, ni dans l’avion, ni dans l’hôpital russe;
  3. soit l’OIAC joue le jeu globaliste et falsifie les résultats.

Lorsque l’on voit les proportions que prend cette affaire, la Russie n’y a aucun intérêt. En revanche, la machine s’est parfaitement mise en route, soutenant localement l’action globale. Les dernières déclarations des ministres des Affaires étrangères français et allemand démontrent cette ligne :

« La France et l’Allemagne réitèrent leur ferme condamnation de l’empoisonnement de M. Alexeï Navalny intervenu sur le territoire russe, au moyen d’un agent neurotoxique militaire appartenant à la famille des « Novitchok » développé par la Russie. Hier, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a confirmé les résultats des analyses effectuées par nos deux pays.

Comme nous avons eu l’occasion de le souligner dans un communiqué conjoint du 4 septembre, cette terrible tentative d’assassinat constitue une atteinte aux principes élémentaires de démocratie et de pluralisme politique. C’est aussi un nouvel emploi choquant d’une arme chimique, deux ans après l’utilisation par la Russie d’une telle arme sur le territoire britannique à Salisbury, le 4 mars 2018.

Une tentative d’assassinat est intervenue sur le territoire russe, contre une figure de l’opposition russe, au moyen d’un agent neurotoxique militaire développé par la Russie.

Dans ces circonstances, la France et l’Allemagne ont demandé à plusieurs reprises à la Russie de faire toute la lumière sur les circonstances de ce crime et sur ceux qui l’ont perpétré. Aucune explication crédible n’a pour le moment été apportée par la Russie. Nous considérons dans ce contexte qu’il n’existe pas d’autre explication plausible à l’empoisonnement de M. Navalny qu’une responsabilité et une implication russes ».

Il en suit, évidemment, des menaces de sanctions. C’est l’impasse du clan globaliste : il n’a aucune intention de mener un véritable conflit à son terme logique – le conflit armé direct, qui par ailleurs épurerait la situation. Les sanctions sont censées faire plier les gouvernements, sans faire les frais d’une guerre militaire. Mais ces sanctions ont une limite d’efficacité et il semblerait qu’elles l’aient atteinte. Sans compter l’effet positif d’un tel comportement ouvertement anti-russe : l’affaiblissement intérieur du clan globaliste russe, discrédité, car l’ampleur des concessions faites au globalisme n’entraîne qu’une concentration des attaques contre la Russie, en vue d’une « victoire finale ».

Le ministère russe des Affaires étrangères a d’ailleurs répondu : aucune réaction n’a suivi aux demandes d’informations récurrentes de la Russie concernant les analyses faites sur Navalny, à la place de quoi la France et l’Allemagne se lancent dans une coalition antirusse, alors qu’il y a peu ces pays parlaient encore de coopération. 

« Dans ce cas, nous allons en tirer les conclusions qui s’imposent. Faire du business l’air de rien avec Paris et Berlin nous semble désormais impossible dans ces conditions ».

Comme l’avait, il y a quelques jours, rappelé Vladimir Poutine lors de sa rencontre avec les chefs de partis politiques, la Russie ne peut exister que souveraine et indépendante des injonctions des organismes internationaux. Encore un pas et l’on pourra se souvenir de cette déclaration attribuée à l’Empereur russe Alexandre III, au 19e siècle, affirmant que la Russie n’a que deux alliés, son armée et sa flotte. Le temps est venu de réellement en tirer les conséquences, puisque certaines constantes ne changent pas à travers les siècles. Ce qui, d’ailleurs, en fait des constantes.


- Source : Russie politics

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