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L’élection présidentielle US a-t-elle seulement une importance ?

Auteur : The Saker | Editeur : Walt | Vendredi, 17 Juill. 2020 - 09h35

En posant simplement la question de savoir si la prochaine élection présidentielle est importante, je suggère évidemment que non. Pour expliquer les raisons de cette opinion, je dois replacer la prochaine élection dans le contexte de la précédente. Commençons donc par cela.

L’élection de Donald Trump en 2016

La première chose qui, je crois, devrait maintenant être évidente pour tous est qu’il n’y a eu aucune opération secrète ourdie par un quelconque État profond, ni même contrôlé par les sionistes, pour mettre Donald Trump au pouvoir en 2016. Je dirais même que l’élection de Donald Trump a été la plus grosse gifle reçue par l‘État profond américain et les élites dirigeantes transnationales occultes que cet État profond sert. Depuis toujours. Ma preuve ? Simple : regardez ce que ces « élites » dirigeantes ont fait avant et après l’élection de Trump. Avant, elles ridiculisaient l’idée même d’un « président Trump » comme à la fois totalement impossible et tout à fait néfaste.

Et après … en tant que personne qui a des années d’expérience dans la lecture de la presse soviétique ou, dans un autre style, de la presse française, je peux honnêtement dire que je n’ai jamais vu une campagne de haine aussi ridiculement extravagante contre quiconque qui se rapprocherait un tant soit peu du genre de haine totale que Trump a subie durant la campagne électorale. Puis, dès son élection, les néolibéraux américains – qui ne sont pas du tout des libéraux ! – ont déclaré que Trump n’était « pas leur président », que Trump avait été mis au pouvoir par Poutine et qu’il était un « agent russe » – utiliser un jargon pseudo-professionnel est ce que les journaux font généralement pour cacher leur ignorance crasse d’un sujet complexe –  et, enfin, qu’il était un raciste et un misogyne blanc qui divisera profondément le pays – divisant ainsi, de fait, le pays eux-même, en faisant de telles déclarations.

Il est vrai que depuis quatre ans, les libéraux américains mènent une guerre d’information totale contre Trump et il serait absolument impensable qu’ils acceptent une réélection de Trump, même s’il gagne par un tsunami de voix.

Pour les Democrates et les néolibéraux américains, Trump est la personnification du mal, littéralement, et cela signifie que la « Résistance », contre lui et tout ce qu’il représente, doit être totale. Et s’il est réélu, alors il n’y aura qu’une seule explication possible : les Russes, ou les Chinois ont volé l’élection. Mais l’idée que Trump a le soutien d’une majorité de gens est littéralement impensable pour les libéraux.

À vrai dire, Trump s’est avéré être un président incroyablement incompétent, cela ne fait aucun doute. Était-il encore pire qu’Obama ? Peut-être que tout dépend vraiment de votre système d’évaluation. À mon avis personnel, et malgré tous ses péchés et ses échecs très réels, Trump, au moins, n’a pas déclenché une guerre majeure, ce qu’Obama a fait et qu’Hillary aurait fait, je ne peux pas le prouver – tant mieux – mais c’est ma conviction profonde. Cela en soi, et totalement indépendamment de toute autre chose, me fait croire que Trump a été un « moindre mal » au poste de président – même s’il est beaucoup plus ridicule qu’Obama, ou Hillary, ne l’aurait été. C’est ce que je croyais il y a quatre ans et c’est ce que je crois toujours : compte tenu de la dangerosité pour la planète entière d’une « présidence Hillary », voter pour Trump n’était pas seulement la seule chose logique à faire, c’était la seule chose morale aussi parce que donner sa voix à une hyène perverse, narcissique et belliciste comme Hillary est un acte profondément immoral – oui, je sais, Trump est aussi un narcissique, mais la plupart des politiciens le sont, et au moins son bellicisme n’a été que tartarinades et menaces vides, au moins pour l’instant. Cependant, je ne pense pas que le fait de n’avoir pas déclenché une guerre majeure suffira à faire réélire Trump.

Pourquoi ?

Parce que la plupart des Américains – du nord – ont toujours aimé les guerres. En fait, ils les adorent absolument. À moins, bien sûr, qu’ils ne les perdent. Ce que les Américains veulent vraiment, c’est un président qui puisse gagner des guerres, pas un président qui les évite. C’est également la raison la plus probable pour laquelle Trump n’a pas déclenché de guerres majeures : les États-Unis n’ont pas remporté une véritable guerre depuis des décennies et, au lieu de cela, ils se sont fait étriller dans chaque conflit qu’ils ont déclenché. Les Américains détestent perdre des guerres, et c’est pourquoi Trump n’en a lancé aucune : cela aurait été un suicide politique de déclencher une véritable guerre contre, disons, la RPDC ou l’Iran. Donc, même si je suis reconnaissant envers Trump car il n’a pas déclenché de guerre, je ne suis pas naïf au point de croire qu’il l’a fait pour des motifs purs et nobles. Donnez à Trump une victoire facile et il fera exactement ce que tous les présidents américains ont fait dans le passé : attaquer, balancer le petit gars contre le mur, puis se présenter comme un « héros président en temps de guerre » pour la plupart des Américains. Le problème est qu’il n’y a plus de « petits gars » là-bas : seulement des pays qui peuvent et vont se défendre s’ils sont attaqués.

L’idéologie de l’impérialisme messianique qui imprègne la culture politique américaine est toujours extrêmement puissante et profondément ancrée et il faudra des années, voire des décennies, pour la remettre à sa place véritable : sur le tas des déchets mémorables de l’histoire. En outre, en 2020, les Américains ont des préoccupations beaucoup plus grandes que la guerre ou la paix – du moins c’est ce que la plupart d’entre eux croient. Entre la pandémie de Covid-19 et l’effondrement catastrophique de l’économie – bien sûr, alors que la première a certainement contribué à la seconde, elle ne l’a pas provoqué à elle seule – et maintenant l’insurrection BLM, la plupart des Américains se sentent maintenant personnellement menacés – un sentiment qu’aucune guerre du passé n’a jamais provoqué – une guerre contre la Russie aurait aussi cet effet – mais la plupart des Américains ne le réalisent pas, car personne ne leur explique cela ; ils ont également tendance à croire les billevesées sur une armée américaine supérieure à toutes les autres dans l’histoire de l’humanité.

Après quatre ans d’agitation frénétique des drapeaux et de psalmodies magiques ininterrompues, il y a, bien sûr, un noyau de vrais croyants convaincus que Trump n’est rien moins que brillant et qu’il va « botter le cul » partout et à tout le monde, aux espions russes et aux émeutiers noirs, à la pandémie et aux médias mensongers, etc. Le fait qu’en réalité Trump n’a piteusement rien fait de vraiment important est complètement inconnu pour ces gens qui vivent dans une réalité qu’ils ont créée pour eux-mêmes et dans laquelle tous les faits contredisant leurs certitudes s’expliquent simplement par des trucs idiots comme « Q-anon » ou « 5d chess ». D’autres, bien sûr, se rendront compte que Trump s’est « dégonflé » devant ce qu’il a appelé « le marais », et cela presque dès son arrivée à la Maison Blanche.

Quant au tout-puissant lobby israélien, il me semble qu’il a pressé tout ce qu’il a pu du citron Trump qui, du point de vue des sionistes, a de toute façon, toujours été considéré comme un « président jetable ». Et maintenant que Trump a fait tout ce qu’Israël voulait qu’il fasse, il devient presque inutile. Quoi qu’il en soit, Pelosi, Schumer et les autres tenteront toujours, de toute façon, de surpasser l’amour de Trump pour tout ce qui est israélien.

Alors, combien de soutiens y a-t-il derrière Trump aujourd’hui ? Je ne sais vraiment pas – ne faites pas confiance aux sondages, qui ont toujours été profondément erronés à propos de Trump de toute façon, mais je pense qu’il y a certainement un groupe de d’Américains vraiment effrayés qui paniquent – ce qui est normal, compte tenu de la effondrement rapide du pays – et qui pourrait voter Trump simplement parce qu’ils sentiront que, malgré tous ses défauts, il est le seul à pouvoir sauver la mise du pays. À l’inverse, ils verront Biden comme une marionnette sénile pro-BLM qui remettra les clés de la Maison Blanche à une coalition toxique de minorités.

Et si Trump était réélu ?

En vérité, la situation est si complexe, et il y a tellement de variables, y compris de nombreuses « inconnues inconnues ! »,  que les prédictions sont impossibles. Pourtant, nous pouvons essayer de faire des suppositions éclairées, surtout si elles sont basées sur une sorte de logique comme celle qui dit que « le comportement passé est le meilleur indicateur du comportement futur ». En d’autres termes, si Trump est élu, nous aurons plus de la même chose. Personnellement, je qualifierais ce « même chose » de poursuite de la destruction des États-Unis de l’intérieur par les Démocrates et leur « coalition de minorités » combinée à une nouvelle destruction de l’Empire américain à l’étranger par des républicains délirants.

Je doute fort que cela ait réellement un sens de voter pour cela, vraiment. Mieux vaut rester à la maison et faire quelque chose de valable de votre temps libre, non ?

Et si Biden était élu ?

Rappelez-vous que Biden est maintenant le chef de facto de ce que j’appellerais vaguement la « coalition anti-américaine », c’est-à-dire la « coalition des minorités » qui n’a vraiment rien de commun, sauf la haine de l’ordre établi, en plus, bien sûr, de leur haine de Trump et de ceux qui ont voté pour lui.

Ces minorités sont très bonnes pour détester et détruire, mais ne comptez pas sur elles pour trouver des solutions constructives – cela n’arrivera pas. D’une part, ils sont probablement trop stupides pour trouver des idées constructives, mais plus important encore, ces gens ont tous un programme hyper-réduit sur leurs intérêts immédiats, en termes simples, ils ne se soucient pas de « construire » quoi que ce soit. Ces gens sont tous motivés par la haine et la satisfaction immédiate de leur ordre du jour étroit et monomaniaque.

Cela soulève également la question de savoir pourquoi les Démocrates ont décidé d’aller avec Biden malgré le fait qu’il est clairement un candidat extrêmement faible. Par dépit ? Je n’en suis pas sûr du tout. Je pense qu’ils l’ont choisi pour sa faiblesse : le vrai pouvoir derrière lui sera entre les mains du gang Schumer-Pelosi-Obama et des intérêts que ces gens représentent.

Contrairement à Trump qui ne s’est prostitué qu’après avoir atteint la Maison Blanche, les Démocrates néolibéraux se sont déjà prostitués à tous ceux qui voulaient bien leur donner quelque chose en retour, des Ukronazis aux voyous de BLM, en passant par le puissant lobby homosexuel américain. Ne vous attendez pas à ce qu’ils montrent une colonne vertébrale solide, et encore moins de l’amour pour les États-Unis, s’ils occupent la Maison Blanche. Ils détestent ce pays, la plupart de ses habitants et ils n’en éprouvent aucune honte.

Qu’arriverait-il aux États-Unis si des gens comme Bloomberg ou Harris prenaient le contrôle ? Premièrement, il y aurait la reddition complète aux différentes minorités qui auront mis ces gens au pouvoir, suivie d’un retour de flamme très fort de tous les « déplorables » allant des protestations et de la désobéissance civile, jusqu’au refus des autorités locales d’obéir aux ordres du gouvernement fédéral. Qu’on le veuille ou non, la plupart des Américains aiment toujours leur pays et détestent le genre d’idéologie pseudo-libérale qui leur a été imposée par les actions conjointes de l‘État profond américain et du monde des affaires. Il y a même une forte probabilité que si Biden est élu, la désintégration des États-Unis ne fera que s’accélérer.

Sur le plan international, une présidence Biden ne résoudrait aucun des problèmes créés par Obama et Trump : il est maintenant beaucoup trop tard et les dommages causés à la réputation internationale des États-Unis sont irréparables. Quoi qu’il arrive, les Démocrates ne feront qu’empirer les choses en s’engageant dans encore plus de menaces, de sanctions et de guerres. Plus précisément, les Démocrates – et les Républicains – détestent la Russie, la Chine et l’Iran probablement encore plus que les Républicains – et les Démocrates. D’ailleurs, ces pays ont déjà conclu il y a longtemps que les États-Unis n’étaient de toute façon « pas capables de respecter un accord », il suffit de regarder la longue liste de traités internationaux et d’organisations dont les États-Unis sous Trump se sont retirés : à quoi bon négocier quoi que ce soit avec une puissance qui renie systématiquement ses promesses et ses obligations ?

La vérité est que si Biden est élu, les États-Unis continueront certainement de se désagréger en interne et en externe, probablement encore plus rapidement que sous un Trump réélu.

Ce qui m’amène à ma principale conclusion :

Pourquoi prendre même la peine de voter ?

Premièrement, je ne pense pas que le rôle principal d’une démocratie soit de protéger les minorités des majorités. Une véritable démocratie protège la majorité contre les nombreuses minorités qui ont généralement chacune un programme ciblé sur ses intérêts et qui sont généralement hostiles aux valeurs de la majorité. Oh bien sûr, les droits des minorités doivent être protégés, la question est de savoir comment exactement ?

D’une part, la plupart des États ont une sorte de constitution ou de loi fondamentale qui fixe un certain nombre de normes qui ne peuvent pas être violées tant que cette constitution ou loi fondamentale est en vigueur. En outre, dans la plupart des États qui se disent démocratiques, tous les citoyens ont les mêmes droits et obligations, et un statut minoritaire ne confère à personne un droit ou un privilège spécial. En règle générale, il existe également des normes internationales fondamentales pour les droits de l’homme et des normes nationales fondamentales pour les droits civils. Mais les droits des minorités, individus ou collectivités, ne sont généralement pas considérés comme une catégorie distincte qui contourne ou complète en quelque sorte les normes adoptées avec les droits de l’homme et les droits civils – ne serait-ce que parce cela crée une catégorie spéciale de « minorité », tandis que les autres citoyens sont considérés comme une seule entité.

Il est bien évident que ni les Républicains ni les Démocrates ne représentent les intérêts de « Nous le peuple » et que les deux factions de la ploutocratie américaine sont sous le contrôle total des pouvoirs réels en coulisses. Ce qui s’est passé il y a quatre ans était une erreur de calcul colossale de ces vrais pouvoirs occultes qui n’ont pas réalisé à quel point ils étaient détestés et comment même un gars comme Trump semblerait préférable à un cauchemar comme Hillary. Comme nous le savons, si les Démocrates avaient choisi Sanders ou même un autre candidat à moitié boiteux, Trump n’aurait probablement pas prévalu.

C’est pourquoi je soutiens que la prochaine élection ne fera absolument aucune différence :

  • Le système américain est truqué pour donner tout le pouvoir aux minorités et ignorer complètement la volonté du peuple
  • Le choix entre les deux partis n’est pas du tout un choix
  • La crise systémique des États-Unis est trop profonde pour être affectée par l’individualité au pouvoir à la Maison Blanche

Autrement dit, et contrairement au cas de 2016, le résultat des élections de 2020 ne fera aucune différence. Se soucier de qui sera la prochaine marionnette à la Maison Blanche équivaut à voter pour un nouveau capitaine pendant que le Titanic coule. La principale différence est que le Titanic a coulé dans des eaux très profondes tandis que le « navire USA » coulera dans les eaux peu profondes, ce qui signifie que les États-Unis ne disparaîtront pas complètement : sous une forme ou une autre, il survivra soit comme un État unitaire, soit comme un certain nombre d’États prenant la succession. L’Empire n’a cependant aucune chance de survie. Ainsi, tout ce qui contribue à faire des États-Unis un pays « normal » et qui affaiblit l’Empire est dans l’intérêt du peuple américain. Voter pour l’un ou l’autre des candidats cet automne ne fera que prolonger l’agonie du régime politique actuel aux États-Unis.

Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francophone

Illustration : Le président américain Barack Obama et le vice-président américain Joe Biden se dirigent vers le Capitole lors de la 58e inauguration présidentielle à Washington, D.C., le 20 janvier 2017.


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