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Comment répondra l’UE à Israël un mois avant l’annexion de la Cisjordanie?

Auteur : Pierre Duval | Editeur : Walt | Mercredi, 20 Mai 2020 - 08h01

Pour le début du mois de juillet, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a annoncé la mise en place d’une stratégie visant à mettre en place le plan de paix israélo-américain qui prévoit en particulier d’annexer des pans de la Cisjordanie. L’UE doit répondre et prendre une position. L’Etat hébreu bouscule l’ordre juridique international. La question est de savoir comment l’UE va répondre à Israël? 

Le 17 mai, Benjamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, a déclaré devant le Parlement réuni pour un vote de confiance sur le gouvernement d’union avec son ex-rival Benny Gantz qu’ «il est temps» d’annexer des pans de la Cisjordanie occupée. Benjamin Netanyahou, en utilisant ainsi cette rhétorique habituelle pour évoquer l’annexion des colonies juives en Cisjordanie, a déclaré: «Voici la vérité: ces territoires sont là où le peuple juif est né et s’est développé. Il est temps d’appliquer la loi israélienne et d’écrire un nouveau chapitre glorieux dans l’histoire du sionisme». Benny Gantz s’est, de son côté, exprimé pour sa part sur la pandémie de Covid-19 et sur la nécessité pour les Israéliens d’être unis mais il n’a rien dit sur l’annexion de territoires cisjordaniens. La Knesset a mis fin à la plus longue crise politique de l’histoire moderne de l’Etat hébreu en approuvant le gouvernement d’union mené par Benjamin Netanyahou et Benny Gantz. Après un report en date du 14 mai les parlementaires ont été invités le 17 mai pour un vote de confiance. 73 députés sur 120 ont voté en faveur du gouvernement d’union, soit 12 de plus que le seuil de la majorité.

D’après Netanyahou, l’annexion «rapprochera» Israël de la «paix». A partir du 1er juillet, l’accord de partage du pouvoir entre Benjamin Netanyahu et Benny Gantz prévoit l’annonce d’une stratégie ayant pour but l’application du projet américain de résolution du conflit israélo-palestinien. Ce plan, rejeté par les Palestiniens, prévoit l’annexion par Israël de la vallée du Jourdain et des colonies israéliennes en Cisjordanie qui est un territoire palestinien occupé par l’Etat hébreu depuis 1967. La population dans les colonies israéliennes a, au cours de la dernière décennie, bondi de 50% pour dépasser les 450 000 personnes vivant auprès de plus de 2,7 millions de Palestiniens entraînant des conflits quotidiens. Le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a affirmé devant les parlementaires que «la vérité, et tout le monde le sait, c’est que les centaines de milliers de résidents de Judée-Samarie (Cisjordanie) resteront toujours chez eux, quel que soit l’accord de paix trouvé in fine» et il a rajouté que l’annexion «ne nous éloignera pas de la paix, elle nous en rapprochera».

Après la prestation de serment du nouveau gouvernement d’Israël du 14 mai, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a pu enfin tenir la promesse principale de son électorat qui est «d’étendre sa souveraineté» aux colonies de Cisjordanie. Cela revient à dire, en d’autres termes, d’annexer les terres prises par Israël pendant la guerre des Six Jours en 1967. Les dirigeants de l’Union européenne comprennent qu’il s’agit d’une mesure unilatérale de la part d’Israël qui contredit l’exigence du plan de l’UE qui veut voir se réaliser «la création de deux États». Au-delà, l’action israélienne va supprimer de l’agenda politique cette possibilité. Les dirigeants de l’UE estiment qu’après l’annexion, le retour au principe des «deux Etats» va, donc, devenir impossible.

Et le droit international? L’annexion sape les fondements de l’ordre juridique international qui interdit la prise de territoire par la force. Cette décision contredit les fondements de la politique des «valeurs» proclamée par l’UE qui liquide le processus de paix d’Oslo basé sur le principe de l’existence de «deux États». Cela va mettre officiellement les Israéliens et les Palestiniens sous le régime d’«un État» mais dans lequel les Palestiniens vivent dans un système d’apartheid qui devient de plus en plus manifeste. L’UE et ses États membres devraient exiger qu’Israël applique la résolution 2334 du mois de décembre 2016 du Conseil de sécurité des Nations unies qui exige l’arrêt des activités israéliennes de peuplement dans le Territoire palestinien occupé. Bien sûr, le rejet du principe des «deux États» menace à long terme la poursuite de la construction des relations de l’UE avec Israël. Il est désormais peu probable que l’UE puisse signer, en raison de l’unanimité requise, de nouveaux accords avec Israël en raison de l’opposition d’au moins certains États membres. A Bruxelles, il est dit que l’Union européenne, avec l’Onu et la Ligue des Etats arabes (LEA), doit repousser l’annexion. Mais comment?


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