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Vendredi, 29 Mars 2024

Le coronavirus et le choc psycho-émotionnel médiatique : un nouveau « 11-Septembre » ?

Auteur : Marc D’Angelo | Editeur : Walt | Mardi, 19 Mai 2020 - 12h28

Certaines personnes ont parlé dans le passé du 11-Septembre comme d’un nouveau « Pearl Harbor ». Aujourd’hui, avec le coronavirus, peut-on parler d’un nouveau « 11-Septembre » ? Le fait est en tout cas que ces événements ont produit sur le monde un choc psychologique et émotionnel sans égal.

L’analogie 11-Septembre/Pearl Harbor a été relayée dans la mouvance de contestation de la version officielle des attentats du 11 septembre 2001 [1], mais elle émane, à l’origine, d’un document de l’administration américaine, Rebuilding America’s Defenses (Reconstruire les défenses de l’Amérique) produit par le Project for the New American Century (Projet pour le nouveau siècle américain), un think tank néoconservateur fondé en 1997 et actif jusqu’en 2006. Les auteurs du document évoquaient un « nouveau Pearl Harbor » comme la seule éventualité susceptible de favoriser des orientations militaires et une politique de Défense à caractère clairement impérialiste. Autrement dit, une défaite cuisante et marquante, comme l’avait été la bataille de Pearl Harbor lors de la Deuxième Guerre Mondiale, obligerait l’Amérique à une réaction du style « la meilleure défense c’est l’attaque » et justifierait auprès de l’opinion publique des mesures relatives à cette réaction.

Une onde de choc planétaire

En substance et avec le recul, et dans la perspective d’un parallèle avec la crise du coronavirus, qu’est-ce que le 11-Septembre ? C’est un événement qui, répercuté par les médias, a produit une onde de choc planétaire, laquelle ne procède pas tant ou pas seulement de l’événement en soi que de la répercussion politico-médiatique qui en a suivi. L’« événement 11-septembre » ne se compose pas que de faits (attentats terroristes) meurtriers, possédant par eux-mêmes un fort pouvoir d’impact sur la mentalité collective ; il est aussi constitué et même « exalté », serait-on tenté de dire, dès lors qu’il y a une répercussion de ces faits sur le double vecteur politique et médiatique : celui-ci en a fait quasi instantanément un mythe érigé autour de la culpabilité attribuée à Oussama ben Laden. L’onde de choc produite par la double percussion-répercussion génère dans la population un état de stupeur – qui n’est pas à proprement parler de la peur mais qui, comme son nom l’indique, lui est apparenté, et qui induit des effets similaires : une paralysie de l’esprit, un défaut de lucidité ou encore un comportement grégaire. On définit aussi volontiers cet état en parlant de sidération, et il est à noter que l’usage de ce mot sidération, dans ce sens-là, est d’apparition très récente (années 2000), ayant été motivé précisément par l’impact du fait terroriste [2].

Confusion et stupeur

Le Covid-19 est assurément, après le 11 Septembre, le second événement à incidence mondiale depuis le début de ce siècle. Dans la mesure où le virus et ses conséquences impactent directement l’international, alors que les attentats attribués à Ben Laden ne visaient initialement et essentiellement « que » les États-Unis, nonobstant l’expansion déclarée de la menace terroriste à l’ensemble du monde, on peut même situer sa « mondialité » à un niveau encore supérieur à celle du 11-Septembre, auquel il succède donc en tant qu’événement suprême d’importance mondiale et auquel il s’apparente fortement : cette fois, tout le monde est concerné au premier chef. Comme le 11-Septembre, le Covid-19 produit donc une onde de choc planétaire, suscite la stupeur et même cette fois carrément la peur, et génère une atmosphère de confusion quant à la réalité des faits et, par suite, quant à la conduite à tenir par rapport à ces faits. Confusion et incertitude sont des conditions essentielles pour que le mécanisme de la peur puisse fonctionner : si les gens sont informés de façon tout à fait précise, réaliste, objective et sûre, ils ont évidemment moins peur. De même que l’électrochoc 11-Septembre a créé dans l’opinion publique le terrain propice à la mise en œuvre du projet impérialiste des faucons du temps de Bush Jr. et à la mise en place d’une politique de surveillance accrue de la population, la vague psycho-émotionnelle répandue par le microscopique SARS-Cov 2 installe les conditions d’une censure inédite et d’une politique vaccinale de grande ampleur. Aujourd’hui, comme dans le cas du 11-Septembre, une « version officielle » des faits est brandie pour justifier de toute une série de mesures et d’actes politiques et économiques.

L’égrégore du coronavirus, le rituel collectif et l’osmose grégaire

L’un des effets pervers de l’épisode Covid-19, c’est qu’il invite les gens à se complaire dans l’unanimité de l’émotion collective. Lorsque la peur gagne, peu ou prou, tous les cœurs, une sorte d’égrégore se crée, idole invisible à laquelle la population inconsciemment se rallie. Avec une menace et une situation d’urgence étendues à la planète entière au vu et au su de tous les téléspectateurs et internautes, les gens se sentent tous « embarqués dans la même galère » et trouvent là presque irrésistiblement la satisfaction d’une aspiration naturelle et quasi universelle à l’unité, satisfaction que certains vivent en temps « normal » dans les grands rassemblements sportifs ou musicaux. Dans le cas du 11-Septembre, la « valeur-refuge », c’était – c’est encore pour certains – l’acceptation de la version officielle combinée au rejet de sa contestation. Douter de la version officielle, c’est remettre en cause la réalité des faits menaçants et planétaires, et c’est donc saper les fondements de cette osmose grégaire, émotionnelle et mondiale. Dans le cas du coronavirus, nous avons un signe et symptôme flagrant d’assentiment implicite avec les applaudissements de 20 heures, inaugurés, au départ, en hommage et en soutien au personnel soignant, mais qui se sont de plus en plus déconnectés de leur vocation et valeur premières. Là encore, on voit que l’événement virus, une fois lancé, contient ses effets pervers intrinsèques : on se sent légitime et légitimement satisfait dans une « bonne action » par laquelle, en réalité, presque aussitôt après, on s’enferme comme dans un rituel collectif dont la signification, la motivation et la justification initiales sont englouties par la marée de l’émotionnel et de l’inconscient collectifs. Il est tout à fait patent que les applaudissements de 20 heures sont rapidement devenus un potlatch quotidien dans lequel les citoyens célèbrent, en fait, leur appartenance à la caste des confinés tout en se défoulant chichement de leur confinement. Ces applaudissements sont, en sous-main, c’est le cas de le dire, un blanc-seing indirectement et implicitement accordé au pouvoir exécutif. L’écho qui leur est donné en ouverture des JT de 20 heures leur appose le sceau de la chose officielle.

Le coronavirus et l’hypno-messe du JT de 20h

De même qu’il n’a pu y avoir de 11-Septembre sans le concours actif et décisif des médias, plus spécialement encore de ce qu’on appelait autrefois les mass media ou de ce qu’on appelle aujourd’hui les media mainstream, il ne peut y avoir de « crise du coronavirus » sans ce même concours. Aux deux JT de 20 heures qui représentent les vitrines assermentées de l’information plus ou moins consensuelle et aseptisée, deux chaînes d’information en continu apportent leur renfort pour rendre réelle une réalité autre que la réalité factuelle. Là encore, effet pervers intrinsèque : on croit regarder à bon droit ces chaînes pour être informé en temps réel, on croit le faire en toute logique puisqu’il faut bien s’informer sur un événement de cette importance, et l’on se retrouve à assister à une hypno-messe quotidienne célébrée par le diacre de la Santé, Jérôme Salomon, bouche ouverte de son ministre de tutelle, égrenant une litanie de chiffres ; et les informations qui sont transmises deviennent, somme toute, secondaires en regard des effets de la propagande émotionnelle. Les soupçons selon lesquels la fabrication ou du moins la propagation du virus seraient humaines et intentionnelles, s’ils étaient avérés, donneraient aux deux événements, 11-Septembre et Covid, une ressemblance encore plus grande. En tout état de cause, qu’il y ait ou non une origine intentionnelle, l’instrumentalisation du virus est probablement la même que celle qui aurait été faite dans ce cas-là.

La prérogative du discours présidentiel

Autre exemple majeur de cette oppression médiatique qui tord le réel et lui substitue un ersatz qui n’est pas innocent : la possibilité inévitablement conférée au président de la République de s’exprimer par deux fois pendant 25 mn pour développer, sans contrepartie, ce en quoi il faudrait être stupide ou fou pour voir autre chose qu’un discours de manipulation et d’enfumage. On peut dire, cette fois, qu’il y a là comme un vice de forme inhérent au système en vigueur, car il est de tradition que l’on accorde au Président une audience nationale selon son gré, a fortiori dans un contexte de crise ; c’est en quelque sorte une prérogative dont il dispose, qui va de soi et dont la remise en cause paraît implicitement et rigoureusement exclue parce qu’elle remettrait forcément en cause la totalité du système… Ainsi l’actuel président peut-il user de ce privilège comme bon lui semble et ne s’en prive-t-il pas. Que l’on déroule automatiquement le tapis rouge à la parole présidentielle, admettons que cela puisse être considéré comme allant légitimement de soi si la fonction présidentielle est occupée en toute probité, et au service de l’intérêt national. Mais est-ce bien le cas ? La crise du coronavirus peut fournir, dans ses suites surtout, une occasion colossale de remettre en cause la soi-disant représentation du peuple par des factions et des intérêts qui vont en réalité contre le bien commun. De même qu’un grand nombre d’Américains s’est résolu, dans les années qui ont suivi le 11-Septembre, à remettre en cause la parole officielle, il appartiendra à chacun, en France et ailleurs, de faire preuve de la plus extrême circonspection à l’égard de la parole et de l’action du politique et de ses relais médiatiques, dont cette crise a mis en évidence comme jamais les mensonges, les perversions et les incuries.

L’ère des réseaux sociaux contre la parole de l’État

Il y a quelque chose de tout à fait similaire, dans cette crise, à ce qui s’est passé avec le 11-Septembre, et qui, en définitive, doit sans doute nous interpeler au premier chef : c’est la mobilisation d’une grande partie de la population sur les réseaux sociaux, par laquelle on cherche à s’affranchir de la stupeur et à obtenir une information non filtrée, non censurée, non formatée. A la différence énorme de ce qui s’est passé avec le 11-Septembre, toutefois, cette tendance a été, pour le Covid-19, immédiate. En 2001, internet n’en était qu’à ses débuts ; il a fallu des années pour que le courant de l’information alternative s’étoffe, s’organise et finisse par développer assez de questionnements, d’informations et d’argumentations pour mettre à mal la version officielle. En 2020, il en va tout autrement. L’accès à internet s’est considérablement élargi, les réseaux sociaux et les vecteurs d’information se sont immensément développés, les gens se sont exercés à s’informer par eux-mêmes. Si cette crise porte assez de fruits positifs pour compenser ses effets néfastes, elle peut nous engager, sur la même voie que celle du refus de « gober » la version officielle du 11-Septembre, mais cette fois beaucoup plus avant et plus largement, dans une nouvelle ère du processus démocratique.

Notes:

[1] The New Pearl Harbor (“Le nouveau Pearl Harbor”), c’est le titre d’un livre de David Ray Griffith, paru en 2004 en langue anglais et en 2006 en France, et sous-titré : Disturbing questions about the Bush Administration and 9/11 (“Questions gênantes à l’administration Bush dans l’édition française”). L’italien Massimo Mazzuco produira un film en trois DVD intitulé pareillement : 11 Septembre, le nouveau Pearl Harbor– 10 ans de débat sur le 11 Septembre (11 Settembre la nuova Pearl Harbor,  10 anni di debattitto sull’11 Settembre cf. le site italien https://www.nexusedizioni.it/it/CT/11-settembre-la-nuova-pearl-harbor-283)

[2] La définition basique du mot “sidération” donné par le Larousse en ligne se rapporte au médical : “anéantissement subi des forces vitales, se traduisant par un arrêt de la respiration et un état de mort apparente“. A l’origine, le latin sideratio désigne l’action funeste des astres (sur la végétation, etc). Le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL) ne retient d’ailleurs encore aujourd’hui que ces définitions astrologique, médicale, ainsi qu’une autre définition dans le domaine agricole.


- Source : Nexus

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