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Vendredi, 19 Avr. 2024

Le Pr. Raoult discrédite la gestion française de la crise du covid 19 devant le Sénat

Auteur : Candice Vacle | Editeur : Walt | Mardi, 19 Mai 2020 - 09h16

« Rien n’est voilé qui ne sera révélé.

Rien de caché qui ne sera connu ».

(Luc, XII, 1-2)

 

 

 

 

Que nous est-il caché concernant le covid 19 que nous aimerions savoir?

Qui peut nous répondre?

Le plus grand expert mondial dans le domaine des maladies transmissibles, à savoir le Pr. Didier Raoult? (1)

Son avis est capital et éclairant car au-delà du fait qu’il soit expert infectiologue, il a soigné et guéri de nombreux patients atteints du covid 19, à l’institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille (IHU). Il n’est pas que dans la connaissance (théorique ou expérimentale) mais dans le concret pour guérir ses patients.

Que dit le Pr. Raoult ?

Le 8 mai 2020, il a répondu aux questions des sénateurs sur le suivi de la mise en oeuvre de la stratégie de lutte contre l’épidémie de covid 19. Rapporté dans ce document https://gomet.net/didier-raoult-devant-les-senateurs/3/?fbclid=IwAR0RvHv0mtBnWIjZQ_VEzGsZxqjwlH8abB9pA-hulrCsWuBhJkqBYsa6jc8

Cet entretien est une bombe remettant profondément en cause la gestion de la crise du covid 19 par l’Etat français. Sans ambages, à propos des paroles tenues par Pr. Raoult retranscrites dans ce rapport, Gomet titre: « l’Etat français est décrédibilisé ».

Etonnamment, les médias sont, pour la quasi totalité, restés mutiques sur le sujet. Plus étonnant, le service presse du Sénat écrit que c’est une audition ne donnant lieu à aucun document. (2) Y aurait-il la volonté de cacher ce rapport fondamental aux Français?

Commençons par une note rassurante. Le Pr. Raoult explique que les enfants « n’étaient pas les vecteurs de la maladie », que l’épidémie s’approche de la fin et que le rebond épidémique du covid 19 est un « fantasme » « sans aucune base publiée». (p.53, 54, 57)

Entrons maintenant dans les échanges entre les sénateurs et le Pr. Raoult.

*

– Quelle évaluation faites-vous du rôle et du fonctionnement du comité scientifique chargé de conseiller le Gouvernement sur la gestion de la crise liée à l’épidémie covid-19 ? Quelles sont les raisons qui vous ont poussé initialement à vous mettre en retrait du comité ? (p.3)

Pr. Raoult: « Je ne suis pas en accord avec le fonctionnement du conseil scientifique car je pense que les décisions n’étaient pas prises sur des données objectives,[…] ». (p.3)

Les membres du conseil scientifique en charge de conseiller le gouvernement sur le covid 19 ne représentent pas réellement les experts les plus performants dans le domaine des maladies transmissibles, explique le Pr Raoult. (p.4)

Il ajoute que ces membres évoluent dans « un écosystème commun avec les directions locales de l’industrie pharmaceutique ». (p.6) Il y a, donc, un conflit d’intérêt entre leur profession de conseillers du gouvernement et leur profession liée à l’industrie pharmaceutique.

Finalement, le Pr. Raoult va jusqu’à remettre gravement en cause ce conseil en disant:

« En pratique, [ce conseil scientifique] a donné des conseils virtuels mais pas mis en œuvre de stratégie scientifique, technique, pragmatique ou épidémiologique, sur le diagnostic, le traitement, le pronostic ou le suivi ». (p.7)

– D’une manière générale, estimez-vous que les recommandations adressées par les autorités sanitaires aux professionnels de santé pour la gestion de la crise ont été suffisamment claires, pertinentes et cohérentes ? (p.7)

Pr. Raoult: « Dans une situation épidémique qui débute, il faut tester tout de suite le maximum de personnes. Ceci n’a pas été réalisé, en particulier parce que pendant un certain temps, les Centres Nationaux de Référence (tous les 2 présents au Conseil Scientifique) considéraient que les tests diagnostiques étaient une difficulté particulière, (ce qui ne correspond pas à la réalité), et qu’eux seuls pouvaient les faire. Ce sont des techniques banales et qui sont adaptables dans tous les cas ». (p.8)

« Enfin les recommandations ont été terriblement dangereuses dans le sens où elles s’appuyaient sur des hypothèses basées sur des infections respiratoires déjà connues, et non pas sur des constatations réalisées au fur et à mesure de l’observation des humains ». (p.8)

« Cette décision de laisser les gens, jusqu’à ce qu’ils perçoivent une difficulté respiratoire, a probablement été liée à un retard de prise en charge considérable de la maladie ». (p.9)

« Quant aux recommandations, il paraît difficile, de mon point de vue, de dire aux gens qui sont malades de ne pas venir se faire tester, ni soigner, et de dire aux patients que la seule thérapeutique acceptable est le doliprane jusqu’au moment où ils présenteront une insuffisance respiratoire ». (p.9)

« La plupart des éléments que nous connaissons maintenant de la maladie étaient non connus et non prévisibles il y a deux mois et demi ». (p.11)

« L’atteinte respiratoire est atypique et unique, les risques de séquelles sont absolument considérables, peut-être que 25% des gens qui ont une pneumopathie auront des séquelles à type de fibrose, certaines seront intraitables ». (p.12)

– Quels sont, selon vous et compte tenu des données cliniques disponibles, les traitements expérimentaux les plus prometteurs à ce jour dans la prise en charge des patients atteints du covid-19 ?

Pr. Raoult: « Mon point de vue est biaisé, puisque nous avons mis en place un traitement hydroxychloroquine plus azythromycine ». (p.12)

« L’hydroxychloroquine et la chloroquine sont efficaces à la fois sur la charge virale (qui n’a jamais été testée dans le cadre du remdesivir) et sur l’évolution clinique même que sur la mortalité ». (p.26)

« Notre premier travail a montré une amélioration rapide du niveau de la charge virale chez les patients recevant cette association ». (p.12)

« Pour tous les autres traitements, il n’y a pas d’évidence malgré les effets d’annonce d’une efficacité quelconque ».

« Le Remdesivir est aussi un médicament très toxique, qui entraîne des insuffisances rénales, qui est particulièrement difficile à utiliser ». (p.38)

« Il est à noter, qu’à cette occasion, j’ai pu observer un délire, qui est le plus stupéfiant sur le plan médicamenteux, de toute ma carrière, pourtant longue, sur le danger extrême de l’utilisation de l’hydroxychloroquine et de la chloroquine. Ces médicaments sont prescrits depuis 80 ans, il est probable qu’au moins 1/3 de la population a eu l’occasion d’en manger. En France, la CNAM rapporte que 36 millions de comprimés de Plaquenil 200 mg ont été distribués en 2019 ». (p.15)

Ensuite, le Pr. Raoult donne des exemples de publications scientifiques ayant fait l’objet de « manipulations » dans le but de dévaloriser la chloroquine et l’hydroxychloroquine et de valoriser le remdesivir de Gilead. Remdesivir qui n’a pourtant sauvé aucune vie. Même l’équipe conseillère du Conseil Scientifique rapporte ce type de graves erreurs, selon le Pr. Raoult. (p.20, 21, 23, 29)

A ce sujet, le Pr. Raoult dit: « il existe un problème très fondamental de conflits d’intérêt concernant la médecine dans ce pays ». (p.29)

Il remarque notamment que des collègues scientifiques avaient une position « parallèle à leur lien d’intérêt avec Gilead ». (p.29)

Il reproche à ses collègues français de publier sans « notifier leur conflit d’intérêt ». (p.29)

Ce conflit va jusqu’à s’exprimer à travers le cours de la bourse. Ainsi, explique le Pr. Raoult: « On peut voir que dans une période où la bourse était en mauvaise posture, Gilead a eu une augmentation considérable de son capital et que les fluctuations du cours de la bourse étaient dépendantes d’annonces que je faisais sur l’hydroxychloroquine et qui ont été relayées dans le monde entier, et d’annonces qui étaient pro remdesivir qui ont pu être faites par l’OMS, par le Docteur Fauci ». (p.30)

Ce conflit hydroxychloroquine/remdesivir est si profond et violent que le Pr. Raoult a « reçu des menaces et des harcèlements ». Il dit: « J’ai reçu des menaces téléphoniques, dont on a fini par identifier la source, qui est justement celui de nos collègues qui reçoivent le plus gros financement de Gilead depuis 6 ans, et qui en même temps participe à l’essai Discovery ». (p.32)

Le Pr. souligne une énorme « anomalie »:

« Concernant l’efficacité médicale, j’ai eu l’occasion, par plusieurs voies d’observer que plus de la moitié du monde considérait que l’hydroxychloroquine et l’Azythromycine étaient le meilleur traitement ». (p.34)

Paradoxalement, la position du ministère a consisté à « interdire la prescription d’hydroxychloroquine aux médecins généralistes, alors que ce médicament est le plus prescrit dans le monde dans le COVID ».

De ce constat le Pr. Raoult tire une conclusion alarmante: il y a une volonté d’« empêcher l’usage du médicament le plus utilisé au monde pour traiter le COVID ». Cette situation a été aidée par l’Ordre des Médecins. « Ceci décrédibilise durablement les décisions de l’Etat dans une situation de crise ». Ceci car les médecins étaient massivement en désaccord avec les autorités de l’Etat et car ce choix représente un danger pour l’avenir. (p.35, 36)

Le Pr. Raoult décrit les différentes étapes de la maladie du covid 19: « Il apparaît, maintenant, que la maladie se déroule en plusieurs étapes, une étape pré-symptomatique où le virus se multiplie, une étape symptomatique, cliniquement ou radiologiquement, où le virus commence à créer des lésions avec peu de signes médicaux, et une dernière étape (dans certains cas mais pas dans tous) où la maladie s’aggrave avec une insuffisance respiratoire brutale. Au départ, seuls les médicaments à activité antivirale n’ayant pas de toxicité propre importante, peuvent être efficaces. Ils peuvent permettre d’arrêter l’évolution vers des formes plus graves ».

– Etes-vous confiant sur la mise au point d’un vaccin dans un délai de 18 mois (alors qu’aucun vaccin n’a encore été commercialisé jusqu’ici sur un coronavirus humain) ? (p.48)

« Je ne suis pas sûr qu’un vaccin, pour une maladie dont on ne sait pas si elle existera l’année suivante, soit réellement autre chose qu’un pari ». « Les exigences de sécurité, pour un vaccin de cette nature, prennent plusieurs années, en général ». (p.48)

– En cas de mise au point d’un vaccin efficace contre le SARS-CoV-2, quelles devraient être, selon vous, le sens des recommandations en matière de couverture vaccinale de la population ? (p.49)

« Il n’y a aucune homogénéité sur les recommandations vaccinales en Europe, où il existe 23 programmes de vaccination différents, aucun rapport entre nos recommandations vaccinales et celles des Etats-Unis ». (p.49)

– Quelle évaluation faites-vous des recommandations des autorités sanitaires en matière de dépistage ? (p.50)

« Concernant le dépistage, personnellement, je reste convaincu que, pour les maladies infectieuses, il faut les diagnostiquer, les isoler quand elles sont contagieuses, et les traiter ».

– Dispose-t-on aujourd’hui de données sur la durée d’immunisation dont bénéficie une personne guérie du covid19 ?

« Nous ne savons pas combien de temps les personnes sont immunisées. La population ne semble pas très immunisée ».

« L’idée, encore une fois, que cette maladie aiguë ne soit pas immunisante parait un paradoxe. C’est une maladie, qui, au contraire, est trop immunisante dans les formes graves ». (p.55)

– Dans le cadre du déconfinement, quelles seraient vos recommandations en matière de port de masques de protection, notamment en population générale ? (p.56)

« Sur le plan virologique, le port d’un masque dans la rue n’a probablement pas d’effet protecteur. Il a des effets protecteurs à moins de 30 ou 40 centimètres d’une personne infectée, et qui tousse. Sur le plan des sciences sociales, les choses sont plus complexes […] ce rappel du risque épidémique sera peut-être suffisant pour empêcher de reprendre des rapports sociaux trop proximaux ».

« Les pays les plus riches ont eu la mortalité la plus forte car ils sont restés désarmés devant cette épidémie. La multiplication des tests est arrivée très tardivement.[…] Les isolements ont été faits sur un mode de quarantaine et non pas sur un mode de Lazaret, […] (on isole les malades) ». « La quarantaine (on confine tout le monde) ne fonctionne pas (elle consiste à enfermer des gens contagieux avec des non contagieux) ». (p.57)

« Le bilan de cette maladie qui pourtant n’est pas extrêmement contagieuse comme ceci a été dit (peut être 3 à 4% de la population a été touchée, ici comme dans toutes les zones dans lesquelles cela a sévi), la mortalité est, ou devrait être relativement faible quand il y a une prise en charge raisonnable. Elle est aux alentours de 1-2% dans la plupart des pays qui ont accepté de prendre des mesures efficaces contre les maladies infectieuses ». (p.57)

Notes:

(1) http://expertscape.com/ex/communicable+diseases

(2) Mail service presse du Sénat 11 mai 2020 et 12 mai 2020 

L'auteur, Candice Vacle, est une journaliste des Pays Bas


- Source : RI

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