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Samedi, 20 Avr. 2024

France – Les dessous de la République

Auteur : Vincent Gouysse | Editeur : Walt | Mardi, 14 Avr. 2020 - 09h08

Les dessous de la Ripouxblique : mass-merdias et poli-racailles…

A n’en pas douter, la « gestion » criminellement laxiste de la crise sanitaire actuelle par l’équipe LaREM est le pendant logique de son profond mépris de classe pour les gens du peuple – travailleurs comme retraités – et notamment de ses représentants les plus conscients, éveillés récemment à la vie politique  ?  les gilets jaunes  ?  , représentants que le Pouvoir n’a eu de cesse de faire brutaliser afin de tenter de briser leur moral et leur résistance. L’ensemble des politiques anti-populaires déployées par le roitelet Micron 1er au cours de ses trois premières années de mandat ont presque réussi a faire oublier les exercices à peine moins calamiteux de ses prédécesseurs les plus proches : Sarkozy et Hollande. Quelle prouesse !… 

L’ensemble des politiques de plus en plus ouvertement anti-populaires mises en place par ces attelages bourgeois successifs ne sont rien de moins que le reflet de l’arrogance, de la cupidité et de l’inintelligence politique infinies de la grande bourgeoisie française qui les ont porté au pouvoir dans un contexte économique de déclassement rapide de l’impérialisme français et de la nécessité d’imposer toujours plus d’austérité et de sacrifices aux larges masses populaires. 

Mais comment le pays dit « des Lumières » et de la « Révolution de 1789 », c’est-à-dire le pays de Voltaire et de Jean-Paul Marat, a-t-il pu en arriver à plonger tout entier dans ces ténèbres ?

Les trahisons qui ont conduit à la situation actuelle – menues accumulations quantitatives –, sont multiples : elles prennent d’abord leur source dans une fierté nationale bi-séculaire mal placée, le sentiment d’appartenir à la « patrie des Droits de l’Homme », chauvinisme naturel auquel vient s’ajouter tout un fatras de préjugés démocratiques petit-bourgeois sur la nature de l’Etat – érigé tel un arbitre au dessus-des classes –, sans oublier évidemment des racines profondes plongeant dans l’indifférence et le mépris – parfois mâtinés de racisme –, à l’égard des peuples des pays coloniaux brutalisés et pillés par l’impérialisme français tout au long du 20ème siècle et encore aujourd’hui, en particulier dans son pré-carré néo-colonial ouest-africain.

Les trahisons du siècle passé sont donc aussi graves que nombreuses. 

Parmi elles, on peut citer : 1° la difficulté pour le mouvement ouvrier français à soutenir inconditionnellement la lutte d’indépendance des peuples des colonies françaises dès les années 1930, 2° les participations aux gouvernements bourgeois à partir de 1945, parallèlement à l’acceptation de la non-épuration des collabos héritiers de Vichy  ?  si nombreux au sein des élites françaises  ? , contre quelques os lancés en pâture (la conquête de quelques « chaînes dorées » destinées à travestir la réalité de l’esclavage salarié)  ?  nous renvoyons ici au remarquable travail de recherche fourni par l’historienne Annie Lacroix-Riz dans son dernier livre intitulé « La Non-épuration en France de 1943 aux années 1950 » paru aux éditions Armand Colin en 2019  ? , 3° la complicité des social-chauvins du Parti « Communiste » Français dans la contre-révolution bourgeoise-révisionniste qui a anéanti le socialisme en URSS il y a près de 70 ans, et enfin 4° la soumission de toute la « social-démocratie » de « droite » comme de « gauche » à l’impérialisme américain et à sa stratégie de délocalisation croissante de pans entier d’industries dans des pays semi-coloniaux à bas coût, quatre décennies durant.

Sans aucun doute, c’est à ce dernier moment de cette longue histoire de trahisons que l’accumulation quantitative a préparé le saut qualitatif actuel : parallèlement à la mutation économique accompagnant les délocalisations économiques qui redessinaient la division internationale du travail en finissant de convertir les larges masses populaires des pays impérialistes dominants en un prolétariat bourgeois ayant intégré les principaux traits idéologiques de la classe bourgeoise au sein de pays rentiers important des biens de consommation bon-marché produits par leurs multinationales à l’autre bout du monde, il fallut mettre en place des mécanismes permettant d’occuper et de pacifier les contingents de chômeurs laissés sur le carreau au sein des friches industrielles qui n’en finissaient de s’étendre, année après année. Les populations d’origine immigrée ainsi que les ouvriers au chômage furent parqués dans des cités-ghettos où se développèrent de plus en plus différents trafics, et en particulier le trafic de drogues, destiné à abrutir une jeunesse de plus en plus communautariste qui se voyait de moins en moins de perspectives d’avenir à mesure que le chômage enflait. 

La France compte aujourd’hui environ 1 500 quartiers qui, de l’aveu même d’un ancien préfet, sont devenues des zones de non-droit où vivent plusieurs millions d’habitants placés sous la menace du communautarisme, vivant quotidiennement dans l’insécurité, au milieu de dealers et de prêcheurs de haine djiadistes, terreau fertile d’une probable future guerre civile inter-communautaire.

Parallèlement à ces processus économiques, on a vu « l’American way of life » submerger l’Occident tout entier, reléguant au second plan les traits spécifiques des cultures nationales des pays placés sous la tutelle américaine, gommés par la culture anglo-saxonne importée et ses avatars. C’est sans aucun doute le dénominateur commun de l’axe géostratégique Chine-Russie-Iran-Syrie que de ne pas s’être laissés placer sous la domination économique des grandes banques d’affaires et d’investissement occidentales, ainsi que d’avoir su résister, sur le plan culturel également, au raz-de-marée de la culture dégénérée importée des USA.

La politique brutale des cow-boys américains a déferlé sur le Monde tout au long du 20ème siècle, et de manière complètement décomplexée après l’effondrement du social-impérialisme soviétique qui l’avait forcé à un minimum de retenue. Mais un grain de sable est venu, à peine une décennie plus tard, contrecarrer la « fin proclamée de l’Histoire » par les faucons américains : la rapide émergence de l’impérialisme chinois, sa fulgurante montée en gamme technologique et l’inexorable extension de sa sphère d’influence économique. Depuis les années 2000, l’OTAN a véritablement pris la mesure du danger que représente ce concurrent qu’elle a vu venir trop tard, et que l’impérialisme américain avait crû pouvoir mettre sous sa tutelle comme il l’avait fait pour le Japon et la Corée du Sud.

La crise économique de 2008 a marqué la prise de conscience publique de l’avènement imminent d’un nouvel ordre Mondial échappant au contrôle des pays impérialistes en déclin. Leurs élites ont rapidement compris qu’à terme, en dépit de leur vaine résistance, c’est-à-dire de la multiplication des agressions militaires destinées à éviter la dislocation de leur sphère d’influence néo-coloniale, il leur faudrait un jour se résigner au déclassement de leurs métropoles hier dominantes. Les élites atlantistes prirent donc acte de cette réalité en mettant en place à grande échelle à partir de 2010 des plans d’austérité visant à la destruction des chaînes dorées de l’esclavage salarié dont avait, plusieurs décennies durant, bénéficié son prolétariat privilégié.

C’est là la source matérielle du durcissement des collisions de classes au sein des pays impérialistes en voie de déclassement. Dans cette guerre d’un nouveau type, le Capital financier des pays impérialistes en déclin part en guerre contre le niveau de vie de son propre peuple, comme moyen ultime et désespéré de tenter de freiner sa relégation au second plan par rapport aux puissances impérialistes montantes concurrentes, synonyme pour lui de descente aux enfers. On conçoit dans ce contexte que les fondements du « pacte social » et de la « démocratie bourgeoise » soient malmenés par les politiques d’austérité imposées aux peuples, qui sentent au plus profond de leur chair, que leurs conditions de vie et celles de leurs enfants sont condamnées à se dégrader. La problématique essentielle pour nos élites consiste donc à faire accepter ce processus de paupérisation absolue.

Dans ce contexte d’urgence, la tentation est grande de vouloir passer outre la volonté populaire, en gouvernant par décrets et par ordonnances, quitte à fouler au pied les illusions séculaires forgées par le parlementarisme bourgeois.

Il nous apparaît d’abord essentiel de remettre les choses à leur place : cette fascisation croissante ne date pas de l’élection de Macron à la présidence : dans la coulisse, les élites françaises ont détruit les derniers véritables espaces des libertés d’expression bourgeoises il y a déjà plusieurs années. Le véritable journalisme d’investigation marche sur des œufs dès qu’il ose cibler les représentants pourris de la caste au pouvoir et frôle aujourd’hui l’extinction alors même que la grande masse des « journalistes » officiant dans les grands médias, qui ne sont plus que des propagandistes aussi zélés qu’incultes, n’ont plus pour seule fonction que de formater et d’abrutir idéologiquement leur public. 

La reprise en main idéologique est ferme depuis plusieurs années : après 25 ans de fortes audiences à une heure de grande écoute (jusqu’à trois millions de personnes), les Guignols de l’info changent brutalement de ligne éditoriale en 2015 sous l’impulsion de Vincent Bolloré. 

Celui-ci est présent dans le top 10 des milliardaires français et est l’actionnaire majoritaire du conglomérat portant son nom. Le groupe Bolloré est présent dans les secteurs du transport, de la logistique pétrolière, du fret maritime (1er opérateur sur le continent africain notamment), des télécommunications, des médias (Direct Matin, Canal +, Havas, Vivendi, institut de sondage CSA), du stockage de l’électricité (batteries lithium) et de l’agriculture (comme des plantations d’huile de palme en Afrique). En 2018, le groupe Bolloré était présent dans 127 pays et employait plus de 80 000 personnes pour un chiffre d’affaires de 23 milliards d’euros.

Or en 2015, Vincent Bolloré n’accepte plus la critique politique et sociale des Guignols de l’info, la jugeant trop acerbe à l’égard des grands personnages publiques – critique dont il a lui-même d’ailleurs été victime dans le clip de reprise parodique « USA for Africa » – « We fuck the World » sponsorisé par… « Vivendi-Universal ». Au début des années 2000, l’émission satirique cible notamment les multiples affaires-casseroles de Jacques Chirac, la politique d’agressions militaires de l’impérialisme américain s’érigeant en gendarme du Monde, la stratégie de la World Compagnie incarnant les multinationales pour asservir les consommateurs et les paysans du Monde, et enfin la fascination de la classe politique et du grand patronat français pour le modèle américain. 

Le couperet est sans appel : pour éviter qu’on ne crie à l’assassinat et à la censure des Guignols, Bolloré vide l’émission satirique de sa substance politique pour la ravaler au rang des commérages de la presse jaune/people dont Canteloup est d’ailleurs aujourd’hui devenu le chantre le plus insipide et affligeant. Les audiences des Guignols s’effondrent, et plus personne ne s’offusque désormais quand ils disparaissent, en 2018 : ils n’étaient alors plus suivis que par 150 000 personnes…

Au même moment, avec ses enquêtes d’investigation osant parfois dépasser les limites fixées par les intérêts atlantistes, Daniel Mermet qui présentait quotidiennement Là-bas si j’y suis sur France Inter depuis 25 ans est brutalement remercié en 2014. Les moindres contradicteurs – leur critique fût-elle petite-bourgeoise –, sont ainsi écartés des médias de masse, car jugés pas (ou plus) assez politiquement corrects selon les nouveaux critères exigeant la soumission totale des représentants de la caste médiatique aux impératifs de soutien des politiques d’austérité et d’ingérences coloniales brutales mises en œuvre par le grand Capital Atlantiste en déclin.

OUI, le peuple français a donc aujourd’hui raison d’être dégoûté par la classe politique massivement corrompue qui s’enorgueillit de le représenter soi-disant « démocratiquement », alors même qu’elle ne cesse de fouler au pieds ses intérêts vitaux, ainsi que d’éborgner et de mutiler ses enfants

OUI, les gilets jaunes ont raison de chercher à s’ériger en contre-pouvoir  ?  à l’instar des soviets au cours de la révolution bourgeoise russe de février 1917  ?  et de se mettre à rêver à une autre espèce de démocratie, une démocratie où le peuple aurait les moyens de contrôler ses élus en cours de mandat, de les révoquer si besoin et de proposer ou de s’opposer à des lois via des référendums. Mais à l’évidence, ces rêves ne sont pas ceux qui ont cours dans les cercles représentant le Pouvoir des élites bourgeoises dont Macron est aujourd’hui le mercenaire…

Alors qu’il officie au sein de la banque d’affaires Rothschild où il est connu pour ses « connaissances techniques perfectibles en matière de haute finance », le jeune Macron trentenaire n’en « excelle » pas moins déjà « dans un domaine essentiel de la Banque d’affaires : la séduction des clients ». « En quoi son métier de banquier d’affaires peut aider Macron à être efficace en politique ? », demande le journaliste à François Henrot, mentor du jeune Macron et Directeur à la Banque de Rothschild :

« On y apprend l’art de la négociation. On est aussi amené beaucoup – et ça c’est heureusement ou malheureusement utile en politique –, à… communiquer, c’est-à-dire à raconter des… une histoire. (….) Donc on y apprend d’une certaine façon aussi, des techniques de…. comment… j’allais… pas de manipulation de l’opinion, mais de… un petit peu… »

Voici donc quelle est la « qualité » essentielle du véritable Macron, si utile dans la sphère politico-médiatique : celle d’être un bonimenteur Docteur ès manipulations !

« Nos » élites politiques et médiatiques sont aujourd’hui non seulement complètement coupées du peuple, mais lui sont également et surtout foncièrement hostiles. Pour combler cet abîme, la panacée semble donc être la cocaïne, qui dédouble la personnalité de son usager et en fait un schizophrène en puissance… La recette n’est pas nouvelle et circule jusque dans les plus hautes sphères de l’Etat depuis maintenant une quarantaine d’années.

[...]

Voilà la réalité des agissements de la racaille politico-médiatique ? directement liée au banditisme  ? , qui gouverne depuis quarante ans le pays dit des « Lumières »… Qu’on replace l’affaire Macron-Benalla dans ce contexte, et on comprendra pourquoi certains barbouzes demeurent intouchables dans notre Ripouxblique…

Il faut donc aujourd’hui abrutir le peuple par tous les moyens possibles : mass-merdias propagandistes, « désinstruction nationale », boulimie d’écrans remplaçant la lecture, drogues low-cost, etc. Le peuple doit surtout bien comprendre que tous ces processus mis en œuvre par la bourgeoisie des pays impérialistes en déclin ne sont ni des erreurs, ni des accidents, mais sont le fruit d’une volonté politique délibérée d’abrutir les masses populaires afin de mieux les soumettre à l’idéologie dominante. En 1996, dans un de leurs rapports destiné aux managers politiques, les sbires de l’OCDE écrivaient ainsi déjà noir sur blanc en quoi consistait la stratégie bourgeoise socialement « peu dangereuse » de baisse de la dépense sociale dans l’enseignement :

« Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles, ou supprimer telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population ». (Cahier de politique économique n° 13 de l’OCDE, Faisabilité de la politique d’ajustement, p. 30)

Voilà quelle est la réalité des coulisses de la démocratie bourgeoise… Et cette réalité vaut pour toutes les « réformes » régressives imposées par les Chirac, Sarkozy, Hollande, Macron, etc. En dépit de leur forte exposition médiatique, ces derniers n’en restent pas moins que du menu fretin politique, des marionnettes politiques passées maîtres dans l’art de la manipulation et du mensonge, afin de mettre en œuvre les programmes élaborés par les gros syndics de la classe dominante…

Ce lavage de cerveaux multiformes à l’œuvre depuis plusieurs décennies, qui se traduit aujourd’hui notamment par une « chute catastrophique du niveau scolaire en France », n’a qu’un seul but : préparer les masses populaires des pays impérialistes en déclin à accepter tout en résignation leur futur et complet déclassement, c’est-à-dire leur plongée dans un nouveau tiers-monde, resté si longtemps la « panacée » des peuples des pays coloniaux. 

Car les temps changent, et les rapports de force inter-impérialistes évoluent :  après la première secousse économique majeure qui l’a frappé il y a un peu plus d’une décennie, l’Occident en déclin se trouve aujourd’hui à la veille d’un déclassement au moins aussi brutal que celui que connût le social-impérialisme soviétique en 1989-1991, après quinze années de stagnation économique et de décomposition sociale et politique.

[...]

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- Source : Marxisme

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