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William Goad, le pédocriminel aux 3.500 victimes, membre d'un réseau: jamais inquiété

Auteur : Donde vamos | Editeur : Stanislas | Vendredi, 20 Sept. 2013 - 16h58

On pouvait penser que Jimmy Savile, avec ses 650 victimes (estimées) avait le record national du pire pédophile, mais non : un dénommé William Goad aurait quant à lui fait … 3.500 victimes en 35 ans de carrière. Il est mort, mais pas le réseau pédophile duquel il faisait partie, et qui n’a jamais été inquiété.

En 2004, les médias britanniques évoquaient la condamnation de William Goad, ce « multimillionnaire » aux 3.500 victimes, tous des garçons, dont certains n’avaient que 8 ans. Goad était à la tête d’une chaîne de magasins qui lui a rapporté 25 millions de livres.

Deux de ses victimes (au moins) se sont suicidées. Il traitait ses victimes de « petits junkies », mais il faut dire que cette technique a marché durant des dizaines d’années, l’homme étant, bien sûr, « au-dessus de tout soupçon ».  Ca a marché, parce que bien qu’il se soit retrouvé trois fois devant le tribunal dans les années 70-80[1] pour avoir agressé des mineurs, il a même été condamné mais cela n’a pas perturbé ce pervers.

Finalement, c’est grâce à Goad que les peines pour les crimes contre les mineurs ne sont plus prescrites : parce que le public a été écœuré de constater que les victimes de Goad n’avaient que 6 ans après leur majorité, jusqu’à leurs 24 ans, pour porter plainte. Toutes les autres ne pouvaient même pas espérer avoir justice. Et c’est le gouvernement qui les a indemnisées, c’est-à-dire le contribuable.

Goad, un pédophile prédateur et réputé violent, a quand-même pris une condamnation à vie, à l’âge de 60 ans, mais avec possibilité de libération au bout de … 6 ans ! Il vient de mourir en taule, et on veut seulement maintenant enquêter sur ses copains du réseau. Il  est aberrant d’avoir attendu sa mort pour se poser des questions sur ce réseau.

Pourtant, lors du procès déjà, les victimes avaient cité d’autres pervers liés à Goad. Mais bizarrement, à l’époque, les enquêteurs ont estimé qu’il n’y avait pas assez d’éléments pour creuser davantage[2]. Si bien qu’un groupe des survivants de ce pervers, appelé Phoenix Survivors, a réclamé qu’on enquête sur ces accusations. 

De son côté, le juge a félicité les flics pour leur travail. Cherchez l’erreur.

Goad a déclaré que rien qu’en 1965, l’année où il aurait démarré ses activités pédocriminelles, il a violé pas moins de 142 garçons.

La représentante de Phoenix Survivors, Shy Keenan, a déclaré : « je n’accepte pas que les informations sur les complices soient si vagues, et je voudrais dire de manière catégorique que les noms des autres hommes impliqués ont été donnés. Je ne pense pas que les polices du Devon et de Cornouailles ont fait tout ce qu’elles pouvaient dans ce cas particulier. Ils auraient pu faire beaucoup plus ».

Sans blague ? Les flics auraient-ils cherché à étouffer l’affaire ?

Depuis l’arrestation de Goad en 2004, certaines de ses victimes demandent la réouverture de l’affaire, en vain.

Les survivants auraient aimé savoir, par exemple, ce qu’il était advenu des 25 millions de Goad, qui avait développé ses activités en Amérique et en Thailande…

L’une des victimes de Goad a déclaré avoir été forcée par Goad d’enlever un garçon de 9 ou 10 ans quand il était adolescent. Une fois dans le van, Goad est arrivé pour le violer. Quand il a refusé d’enlever un deuxième garçon, Goad l’a violemment battu. D’autres garçons venaient avec lui dans es voyages à travers l’Angleterre, et devaient ramener à Goad des gamins trouvés dans les rues.

Pourtant, avec tout son fric, il en imposait. « Je l’idolatrais », a dit une de ses victimes, « comme tout le monde le faisait. Il avait l‘habitude de nous emmener dans de grands restaurants, il nous achetait à manger et des vêtements. Si on voulait quelque chose d’autre, il n’y avait qu’à lui demander et on l’avait ». Chez Goad, il avait des consoles de jeux, de l’argent, un billard, et la maison était près d’une école. Mais, les gamins étaient violés un peu partout, y compris dans des hôtels. Goad les menaçait histoire qu’ils se taisent, et refilait ses victimes à ses copains pédophiles. Ou il leur disait que tout le monde les traiterait de tapettes s’ils parlaient.

Ses victimes venaient de milieux défavorisés, voir étaient carrément placés dans des foyers où personne n’a rien vu, rien entendu.

Dès les années 80, des plaintes contre Goad ont commencé à arriver chez les flics, d’où les premières condamnations de Goad. Un autre a porté plainte en 1997, mais là les flics n’ont pas bougé : « Après avoir témoigné pendant trois jours et fait une déposition de 13 ou 14 pages, ils m’ont laissé comme ça, rien de plus ». En 1998, une autre de ses victimes fait une overdose, quelques semaines après avoir témoigné chez les flics.

Au total, seulement 17 de ses victimes ont témoigné lors du procès. Ca donne une idée de l’ampleur des poursuites contre les pédophiles : on n’arrive même pas à 0,5% des victimes de Goad à peine, et on peut soupçonner que cette proportion est la même pour tous les pédophiles.

Et combien ont reproduit les mêmes actes ? Pour un pédophile comme Goad, combien de victimes en l’espace de deux générations ? Et de trois ? Et combien sont tombés dans la délinquance ? Quel est le coût pour la société d’un pourri comme Goad ? Et d’un réseau ?

Goad avait développé ses activités pour se rapprocher des garçons. Par exemple, il avait créé le Mount Gould Camping Club, où il amenait des gamins. Il possédait aussi le Cornish Market World, qui était un des plus grands parcs de jeux en intérieur de Cornouailles.

Le réseau

En 2006, un dénommé Peter Norsworthy, de Plymouth comme Goad, a pris 15 ans fermes pour avoir violé des garçons de moins de 16 ans entre 1992 et 2001.  Il a aussi été condamné pour avoir tenté d’intimider une de ses victimes.  Il s’est avéré que Norsworthy était un membre du réseau pédophile de Goad. Mais lui aussi a été jugé tout seul. Cela s’appelle « saucissonner les dossiers », et c’est une technique détouffement classique, vue à Outreau, dans l’affaire Dutroux et ailleurs.

Ledit pédophile visait lui aussi des garçons vulnérables qu’il attirait chez lui avec de la drogue ou un peu d’argent avant de les violer et de les partager avec Goad. Beaucoup de leurs victimes sont devenues alcooliques, droguées, suicidaires.

Lors du procès, des victimes ont identifié plusieurs complices. Ainsi un certain Ray, une des victimes qui a témoigné contre Goad, a expliqué : « j’ai parlé à la police de Bob et j’ai donné des indications sur où il vit, où il travaille, quelle voiture il utilisait… ». mais Bob n’a jamais été coincé. Les flics ont dit à Ray qu’ils n’avaient pas les moyens de le coincer. Une fois, ray a été forcé à boire et violé par cinq types.

Parmi les complices de Goad, au moins un a bougé en France mais on n’a pas cherché à le retrouver. A l’époque, il tenait un bar en Bretagne et la licence était à son nom. Et il revenait plusieurs fois par an en Angleterre, sans jamais se faire attraper. Il se serait suicidé en France, à Loudéac, en 2005, en laissant un mot : « Ha Ha ».

Ken Gorvin, l’associé de Goad pendant 30 ans, lui a permis de voyager en Espagne en 1999, et c’est là que Goad lui a transféré ses parts de leur business. Parce qu’il savait qu’il allait se faire coincer. L’année précédente, Goad s’est fait faire un faux passeport avec lequel il a voyagé en Thaïlande. C’est seulement à son retour en Angleterre en juin 2003 qu’il a été arrêté dans un hôtel où il résidait sous le nom de Ken Gorvin. En fait, dès que l’enquête a vraiment démarré vers 1998, Goad a pris ses précautions et a utilisé un faux nom, David Scott, et a déménagé dans le Devon, puis à Pattaya en Thaïlande (le paradis des pédos) en 1999, grâce à son faux passeport. Bizarrement, on  aussi oublié d’enquêter sur les activités de ce pervers en Thaïlande.

D’après les victimes, certains des pédophiles du réseau étaient bien plus vieux que Goad. Déjà dans les années 50 et 60, des gamins montaient dans les voitures de vieux pervers.

Aujourd’hui, après la mort de Goad, les flics ont admis que depuis son emprisonnement, des centaines de victimes les ont contactés, et qu’ils n’ont jamais pensé à les entendre sérieusement et encore moins à enquêter.

Et là, on apprend que dès 1996, des accusations selon lesquelles Goad était membre d’un réseau pédophile impliquant des « hommes puissants dans la société » ont été faites.

Une enquetrice qui a travaillé sur l’affaire[3], Shirley Thompson, avait tenté d’alerter ses supérieurs quant à l’impunité des complices de Goad, mais rien à faire. L’une des victimes, un certain Paul Wyatt, a cité lors d’une audition filmée en 2005 cinq complices de Goad, mais on n'a enquêté que sur Eddie Pratt, mort opportunément avant d’avoir répondu aux flics.

En 2006, deux femmes ont dit avoir été victimes d’un réseau pédophile quand elles étaient enfant. Elles ont cité Austin Griffiths, qui a pris 11 ans à Plymouth pour des faits de pédophilie, en décembre 2004. Les deux femmes ont déclaré que Griffith, qui a été chauffeur routier tout en travaillant pour Goad, faisait partie d’un réseau pédophile  dont étaient également membres le pervers Arthur Birch, un « travailleur social » de 82 ans[4], mais aussi William Goad.

Et devinez quoi ? « Malgré le fait qu’elles aient contacté les polices du Devon et de Cornouailles au sujet du réseau pédophile, ces femmes expliquent que les enquêteurs ont ignoré leurs dires », écrit un journal de l’époque. Comme c’est étrange.

Car, Griffiths et Goat faisaient du business ensemble. Griffiths et Birch prenaient souvent un verre ensemble… Griffiths s’est aussi associé avec Eddie Pratt, lui-même lié à Goad. Mais pour les flics, rien de concret là-dedans…

Et cela, selon les deux femmes, ce n’est qu’une petite partie de la clique.

« Aucune de nous deux ne peut se remémorer des choses précises de son enfance et nous pensons que nous avons pu être droguées », disaient-elles. Et cela, c’est typique des réseaux.

Shirley Thompson, elle, pointe du doigt tous ces éléments qui n’ont jamais été investigués, comme ces allégations selon lesquelles Goad emmenait des jeunes dans des virées aux Etats-Unis. Il y a aussi cette école spécialisée, Forde Park, dans laquelle Goad aurait lui-même été violé enfant. Pourtant, quatre anciens membres du personnel de cette école ont été condamnés pour des actes pédophiles. Et quid de ces week-end dans diverses villes, passés par Goad et ses copains avec des mineurs ?

Paul Wyatt, qui est à la base de cette enquête, explique qu’il craint pour sa vie : de fait, il dit voir déjà échappé à quatre tentatives de meurtre depuis qu’il a déposé plainte contre Goad pour la première fois en 1987. Là, il a appris que Goad avait envoyé des garçons qui travaillaient pour lui afin de lui régler son compte au couteau : « ces garçons étaient d’autres victimes de Goad, mais ils étaient si effrayés par lui, qu’ils faisaient ce qu’il leur demandait », dit-il.

Ironie totale : le juge qui a refusé d’investiguer sur les collègues pédos de Goat affirme aujourd’hui qu’il « craint » que Goat « n’ait pas agi seul ».

On notera aussi que Goad est mort en taule pile au moment où le scandale Savile a explosé. Mais, ce n’est certainement qu’un hasard.

En juin 1996, un travailleur social qui est mort en 2009 dans un accident d‘avion, était présent à une réunion sur Goad dont le compte rendu était « strictement confidentiel et devait être enfermé dans un endroit sûr loin des gens ». Pourquoi autant de précautions ?

Dans ce compte rendu, on peut lire que « Les week-ends se passaient ailleurs dans de grandes villes comme Londres ou Manchester où les enfants étaient partagés avec d’autres hommes. Les garçons étaient menacés afin qu’ils restent calmes, et ils étaient payés. Il apparaît que des hommes importants dans la société ont ou ont eu des relations avec ce réseau », et le rapport conclut que « Compte tenu de la nature de ce réseau et de l’importance de certains de ses membres, la confidentialité est vitale ». Pour qui ? Certainement pas pour les victimes, ni pour les citoyens. Qui devait encore être protégé ?



[1] En 1972, 1980 et 1987, et à chaque fois il a bénéficié de la suspension du prononcé : s’il ne recommence pas, la condamnation saute.  En 1995 il a été de nouveau arrêté mais on a considéré que lui rajouter des charges serait un « abus de procédure » et l’affaire a été classée.

[2] Et la  « justice » ne voulait pas décaler le procès de Goat le temps de chercher ses complices. Pourquoi ? Avait-on peur que certains noms ne ressortent de ces investigations.

[3] On a appelé cette enquête « Operation Emotion »

[4] Il a écopé 8 ans de prison en 2001 pour avoir agressé des adolescents de 12 à 15 ans à l’orphelinat Tenna Assessment Centre d’Harbone à la fin des années 70, début 80. Cinq autres pédophiles qui travaillaient dans ce centre ont également été condamnés. Birch est mort en prison en avril  2002.


- Source : Donde vamos

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