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Dictature technotronique et l’illusion des crypto-monnaies…

Auteur : Leon de Mattis | Editeur : Walt | Vendredi, 24 Janv. 2020 - 07h24

Crypto ou non, toute monnaie n’est qu’un outil de la mise en esclavage, de la division toujours plus avant entre les « ayant » et les « n’ayant pas ». Le système de crypto-monnaie est non seulement contrôlé par la même clique d’usuriers esclavagistes, mais il représente le symbole moderne du réformisme qui pourrait s’exprimer selon la formule suivante: « changer quelque chose pour qu’en fait rien ne change »… mais tout en ayant donné L’ILLUSION au passage, que quelque chose ait ou puisse changer.

La crypto-monnaie ne représente pas « l’émancipation » car elle est monnaie, elle représente le changement de la merdasse systémique, le passage de la monnaie de singe « papier » numériquement transcrite, à une forme cybernétique de contrôle de la puissance financière. En fait la crypto-monnaie emmène les gogos là où oligarchie veut nous emmener depuis un bail, vers le contrôle total cybernétique dont un des outils sera « la société sans argent liquide, sans monnaie physique ». La seule différence, c’est qu’avec la chimère crypto, l’oligarchie ne forcera pas les gens, ceux-ci y accèderont de leur plein gré. Ils se mettront eux-même les (block) chaînes aux pieds et aux poings sous l’hypnose de l’illusion du changement et de l’émancipation.

Il est essentiel de bien comprendre qu’il n’y a pas de solution a sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir. La crypto-monnaie n’est qu’une accommodation supplémentaire de la division basée sur l’avoir. La seule solution viable est à bas l’argent, à bas la marchandise, à bas le salariat ! En plus d’à bas l’État bien entendu…

La crypto-monnaie est un miroir aux alouettes, une « réforme » de plus pour un système n’en finissant pas de mourir et qui cherche désespérément à se métamorphoser une énième fois pour survivre et faire survivre sa clique de nantis dans l’imposture prolongée de la finitude dictatoriale marchande. Halte au sketch ! Halte à la supercherie spéculative ! Toute monnaie n’est qu’outil spéculatif de notre mise en esclavage perpétuel par le chantage au revenu, le chantage au travail.

La crypto-monnaie est un des outils de la dictature technotronique ! (~ Résistance 71 ~)

L’illusion libertaire de la monnaie cryptée (crypto-monnaie)

Le Bitcoin, c’est ceux qui en vendent qui en parlent le mieux

Une des illusions « libertaires» [1] que la monnaie cryptée partage avec les monnaies dites « alternatives » est que, se figurant qu’elle peut se passer de l’État, elle permettrait à des individus de s’organiser de manière égalitaire et décentralisée.

Voici quelques formules tirées des nombreux sites qui proposent de vendre du Bitcoin.

« Le Bitcoin a été pensé et inventé pour redonner le contrôle à la population sur la monnaie. »[2]

«  De par sa nature libre et décentralisée, Bitcoin est le premier réseau de paiement qui fonctionne uniquement grâce à ses utilisateurs et sans autorité centrale. [… ] Bitcoin permet à chaque personne de stocker et échanger de la valeur de façon sécurisée sur un réseau qui ne peut être saisi, manipulé ou stoppé par aucune organisation ou individu. » [3]

« Le Bitcoin n’est pas basé sur l’or; c’est basé sur les mathématiques [… ] Cette monnaie n’est pas physiquement imprimée dans l’ombre par une banque centrale, ne rendant pas compte à la population, et établissant ses propres règles. Ces banques peuvent simplement produire plus d’argent pour couvrir la dette nationale, dévaluant ainsi leur monnaie. [… ] Le réseau Bitcoin n’est pas contrôlé par une autorité centrale. [… ] Cela signifie qu’en théorie, une autorité centrale ne peut pas modifier la politique monétaire et provoquer un effondrement – ou simplement décider de retirer les Bitcoins des gens, comme la Banque centrale européenne a décidé de le faire à Chypre au début de 2013. »[4]

Résumons. Selon ses partisans, le Bitcoin serait indépendant de toute autorité et de toute banque centrale, autrement dit des États qui peuvent manipuler les monnaies pour couvrir leurs déficits. Cette monnaie serait décentralisée et resterait sous le contrôle d’une communauté égalitaire que tout le monde pourrait rejoindre.

Bitcoin et États

Les crypto-monnaies prétendent échapper à toute autorité parce que chaque échange est codé dans un programme conservé dans des ordinateurs éparpillés tout autour du monde, et qui tous participent à la validation des transactions en vérifiant qu’elles sont conformes à l’historique commun.

Pourtant, le système mondial d’échange d’information qui permet ces validations est tout sauf indépendant des États. Bien au contraire, ceux-ci ont mesuré depuis longtemps l’importance stratégique d’Internet et on sait que les principaux nœuds du réseau, comme les points d’atterrissement des câbles sous-marins, sont surveillés par les services de renseignement. Les différents États ont la possibilité de limiter, suspendre ou couper les communications sur Internet à leur guise.

Il est incontestable que couper le réseau mondial aurait des conséquences phénoménales sur l’économie de ces États et que cette mesure ne saurait être prise à la légère. Mais qui pourrait douter que des pays qui clament qu’ils utiliseraient des armes atomiques si leur existence était menacée n’oseraient pas débrancher Internet ? Les pertes induites par cette mesure seront assumées en regard de l’importance de la menace et de la nécessité de la riposte. Bref, les tenants de la crypto-monnaie veulent construire un système qui prétend s’affranchir de l’emprise de l’État en utilisant une technologie entièrement entre les mains de l’État.

Bitcoin et Capital

L’organisation à la base par le biais des outils numériques présuppose l‘existence des ordinateurs et des connections indispensables à son fonctionnement, et donc du mode de production capable de les fournir. Or, ce mode de production ne produit pas que des ordinateurs : il produit et reproduit aussi les formes sociales qui vont avec.

« Le procès de production capitaliste considéré dans sa continuité, ou comme reproduction, ne produit donc pas seulement des marchandises ni seulement de la plus-value; il produit et éternise le rapport social entre capitaliste et salarié »[5]

Il est vrai que les ultra-libéraux ne seront pas sensibles à ces arguments, puisqu’ils partagent l’illusion que la société capitaliste organise des individus dont les caractéristiques seraient immuables et intemporelles, au lieu de comprendre que la manière dont ces individus se rapportent les uns aux autres est un produit de l’histoire. C’est en réalité le système capitaliste tout entier qui est présupposé par la forme d’auto-organisation décentralisée que veulent promouvoir les tenants de la monnaie cryptée. Les  individus qui s’auto-organisent sont déjà pris dans les rapports sociaux qu’ils sont censés modifier par leur auto-organisation. Un seul phénomène  possède le potentiel de s’évader de cette tautologie : la lutte dans et contre le capital par et pour le communisme.

Chute tendancielle ou tendance à la chute ?

Les crypto-monnaies sont fragiles par nature. Plus le nombre de transactions augmente, plus le nombre d’informations emmagasinées dans l’historique s’accroit. La dépense d’énergie pour faire fonctionner les ordinateurs qui valident les transactions s’incrémente en proportion. On sait que les personnes qui mettent à disposition leurs moyens informatiques sont appelés, par une sorte de métaphore avec le métal précieux, des « mineurs » et qu’elles sont rémunérées en Bictoin pour ce service indispensable au fonctionnement du système. Mais le service coute de plus en plus cher en énergie. L’intérêt qu’il y a à miner dépend donc du cours de la monnaie cryptée[6], et un effondrement de celui-ci mettrait en péril l’existence même de la monnaie : si plus personne ne la mine, l’historique des transactions, qui est sa seule forme d’existence, disparait.

Les cas historiques d’effondrement suite à des spéculations effrénées sur des monnaies ne sont pas nouveaux. Le système de Law aura tenu quatre ans, entre 1716 et 1720. Mais au moins, au cours de l’hiver 1720, les épargnants ruinés pouvaient-ils se chauffer en brûlant le papier des billets dévalorisés. Avec le Bictoin, tout est dématérialisé. L’hiver sera rude.

Notes

[1] « Libéral », « libertaire », « libertarien » : le mot « liberté » se décline sous trop de formes. Quelque soit le sens que l’on donne à ces dérivés, aucun n’est synonyme d’anarchisme.

[2] courscryptomonnaies.com

[3] https://bitcoin.fr/Vices-et-vertus/#vices

[4]  https://bitcoin-house.fr/

[5]  K. Marx, Le Capital, Livre I, dernière phrase du chap. « Reproduction simple », traduction Roy, et p. 648 pour la traduction Lefebvre.

[6] Certains ont soutenu que la monnaie cryptée, n’étant pas dépourvue de valeur par elle-même puisqu’elle possède un coup de production, fonctionne comme une monnaie marchandise : par exemple le magasine Controverses de mai 2018, N°5, p.10 à 15. Cette position, qu’on pourrait qualifier de marxiste orthodoxe, croit en la pérennité de la monnaie marchandise comme en un dogme soviétique et ignore les subtilités de la théorie de Marx sur le sujet (voir les épisodes 9 et 10).


- Source : 19h17

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