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Emmanuel Macron : la confiance perdue

Auteur : Jean Goychman | Editeur : Walt | Mardi, 07 Janv. 2020 - 16h49

Le peuple ne fait plus confiance à Emmanuel Macron. Cela n’est pas venu brutalement mais le doute s’est instillé, petite phrase après petite phrase, jour après jour, photo après photo.

Au début de son mandat, il intriguait les gens, y compris nombre de ceux qui avaient voté pour lui.

À vrai dire, peu le connaissaient vraiment. Les communicants avaient réussi à lui fabriquer une image qui faisait de lui une sorte de « gendre idéal ».

Le dégagisme imposé comme solution aux problèmes…

Cela aurait pu commencer comme la chanson de Edith Piaf : « Il était jeune, il était beau, il sentait bon le sable chaud.. » Reproduite à l’envi durant des mois en page de couverture de nombreux magazines, sa tête nous était devenue familière. N’ayant pas de passé, du moins en politique, il ne pouvait qu’être promis à un brillant avenir.

Jusqu’alors, la présidentielle était plutôt une affaire de vétérans blanchis sous le harnais d’un parcours souvent commencé très tôt. Il fallait faire, depuis près de 40 ans, plusieurs « tours de chauffe » avant de pouvoir espérer être élu. Mitterrand en était au troisième, Chirac également, au moment de leur élection respective. Les élections primaires, qui redonnent le pouvoir aux partis – de Gaulle n’aurait pas apprécié- permettent de concentrer les suffrages pour le second tour mais dénaturent l’élection. Ne pas en être issu a pu donner un avantage à Emmanuel Macron car il apparaissait libre et indépendant.

On sentait qu’il soufflait dans le pays comme un vent de « dégagisme » et, même si la perspective de l’élection de ce dernier ne semblait guère enthousiasmer les foules, une acceptation raisonnée était de mise. Après tout, après le désastre de François Hollande, ce ne pouvait qu’être mieux.

Fillon ayant été rapidement mis hors course et Marine Le Pen, bien qu’ayant fait une campagne tout à fait honorable, avait contre elle l’ensemble de  la classe financiaro-politico-médiatique. Le chemin, parfaitement balisé, ne pouvait que conduire à la victoire.

Une première année en demi-teinte

La seconde moitié de 2017 et le premier semestre 2018 se déroulèrent dans un calme relatif. D’aucuns y voyaient déjà le calme précédant la tempête, tempête qu’il disait lui-même préférer au calme des années Hollande.

Ce souhait allait être exhaussé début de l’été 2018, avec ce qu’il est convenu d’appeler « l’affaire Benalla » Les gens découvrirent alors ce qui aurait dû rester caché sous les lambris et le point d’orgue fut le tonitruant « qu’ils viennent me chercher ! », sur un ton de matamore qui raidit quelque peu une opinion publique déjà dubitative. Phrase imprudente s’il en fût, qui donna peut-être à certains quelques idées un peu plus tard.

A peine terminé l’été 2018, la grogne commença à monter. Ce n’est cependant qu’en novembre que les choses commencèrent vraiment, avec le mouvement spontané des « Gilets Jaunes » qui pris l’exécutif de court.

Hésitations dans la tempête..

Contrairement à ses propos, notre capitaine de gros temps marqua des hésitations qui ne furent pas de bon augure. Après avoir préféré ignorer le phénomène, il se trouva confronté à la réalité lorsque les manifestants vinrent à portée de voix de l’?lysée. Afin d’assurer sa sécurité, un hélicoptère était sur place, prêt à l’exfiltrer.

Peu après, afin de calmer le jeu, le discours change complètement et on comprend que les Gilets Jaunes ont été entendus. Plus de taxe écolo sur le carburant, augmentation du pouvoir d’achat,  bref, Noël avant l’heure.

Mais les choses ne se calmèrent pas pour autant. Alors on inventa une arme pacificatrice, le grand débat. Intéressés au départ par cette idée qui aurait pu passer pour une réelle ouverture de dialogue, les gens se rendirent vite compte que le capitaine les menait « en bateau » On avait le sentiment que l’important, c’était un peu comme au rodéo, il fallait gagner du temps et rester en selle. On passa ensuite les élections européennes, mais le petit canard des Gilets Jaunes était toujours vivant. Les mouvements de protestation se raréfiaient, mais ne cessaient pas.

La réforme des retraites à rallumé le feu

Dès la rentrée 2019, pensant avoir gagné sur les syndicats de la SNCF une sorte de victoire en rase-campagne avec la disparition programmée du statut des cheminots, le gouvernement s’attaqua à la réforme de la retraite. Ce qui devait être une promenade de santé au départ fut conduit d’une façon telle qu’on déboucha sur une sorte d’usine à gaz dont le fonctionnement était totalement incompréhensible par l’immense majorité des concitoyens. Vous me direz, c’est le cas de beaucoup de réformes.

C’est vrai, mais c’est là qu’intervient le problème de la confiance. Je pense que la plupart des gens n’avaient pas lu la constitution de la Vème république. Elle a pourtant été adoptée par référendum avec une large majorité. Pourquoi ? Parce que c’était de Gaulle. Et les gens avaient confiance en de Gaulle et qu’il avait fait ce qu’il fallait pour ça.

Alors on a essayé de nous faire croire qu’en élisant Emmanuel Macron, le peuple avait de facto approuvé cette réforme, puisqu’elle avait été mentionnée dans les discours de campagne. C’est le pire des arguments qui puisse être utilisé dans ce genre de circonstances. Et personne n’est dupe. C’est le genre de truc qui vous fédéralise un peuple entier, même les plus indifférents. C’est admettre que la souveraineté populaire ne doit pas s’exercer hors de l’élection. On rejoint là les dénis de démocratie qui, hélas, deviennent monnaie courante.

On sait que nos élites (souvent autoproclamées à défaut d’être reconnues comme telles), n’aiment pas le peuple depuis des décennies et, pire, elles se méfient de lui. Pas question de référendum, le peuple ne comprend rien à la question posée. Et  quand, malgré tout, il n’est pas possible de l’éviter, on se débrouille pour en contourner le résultat. Que l’on ne s’étonne pas de voir le peuple se méfier à son tour de ceux qui prétendent le diriger mais qui n’ont pas le courage de s’adresser à lui.  La durée d’un mandat n’est limitée que dans son maximum, mais il n’y a pas de temps minimum. Élu au suffrage universel, seul le peuple peut y mettre un terme anticipé, même si la révocation n’existe pas dans notre constitution.

Emmanuel Macron est avant tout euro-mondialiste

Et c’est là le principal problème. Les nations sont pour lui (et tous ceux qui pensent comme lui) des entités révolues appartenant au passé. Les souverainetés nationales doivent être combattues et il s’est employé à le faire, chaque fois qu’il l’a pu, en inventant la souveraineté européenne. Or, la principale composante de la nation est le peuple. Si on accepte d’être élu par lui, il est difficile de s’attaquer au concept même de la nation. C’est pourtant ce qu’il fait en essayant d’aller sans cesse vers plus d’intégration entre les États européens et en développant le concept de « globalisation » qui n’est qu’un synonyme de la mondialisation.

Loin de rassembler tous les Français, Emmanuel Macron agrandit chaque jour ce fossé qui sépare le peuple de l’élite dirigeante. Ce phénomène, conséquence typique de cette mondialisation que l’on veut imposer aux peuples « à marche forcée », est en train de se généraliser en occident et même dans certaines parties du monde. De plus en plus, les peuples y sont réticents. Le récent succès électoral de Boris Johnson s’inscrit dans ce contexte.

Un « deep state » à la française ?

Comment peut-on caractériser l’Etat profond lorsqu’il se substitue à l’État officiel ?

Il possède l’apparence d’un pouvoir démocratique, mis en place conformément à la Constitution. Mais son fonctionnement est plus subtil.

Il s’agit de faire élire des personnes qui sont prédésignées par une  oligarchie qui tient à rester la plus secrète possible. Ce groupe dominant met au service du candidat ou des candidats futurs ainsi désignés les moyens nécessaires à leur élection. Ces moyens sont essentiellement financiers et médiatiques. Dans une campagne électorale « normale », chaque candidat dispose, en principe, des mêmes moyens. Par contre, rien n’interdit de commencer à faire la promotion de telle ou telle personne plusieurs mois, voire plusieurs années à l’avance. Cette personnalité choisie deviendra, en quelque sorte, le ou la candidate naturelle, le moment venu. C’est une opération de « marketting » dont le succès est directement lié à l’importance des moyens mis en œuvre. Évidemment, ces opérations de communication requiérent une certaine « complicité » ou, pour le moins, une certaine coopération avec ceux qui devront les réaliser.

Dans son livre « Crépuscule », Juan Branco écrit :

« Tous les faits, pourtant, ont été enquêtés et vérifiés au détail près. Ils exposent un scandale démocratique majeur : la captation du pouvoir par une petite minorité, qui s’est ensuite assurée d’en redistribuer l’usufruit auprès des siens, en un détournement qui explique l’explosion de violence à laquelle nous avons assisté.

Qui l’explique car le scandale dont il est sujet n’a pas été dit ni révélé, nourrissant à force de compromissions successives une violence qui ne pouvait qu’éclater. En un pays où 90% de la presse est entre les mains de quelques milliardaires, l’exposition de la vérité est affaire complexe, et la capacité à dire et se saisir du réel ne cesse, pour les dirigeants et les « élites » tout autant que pour le « peuple », de se dégrader ».


- Source : Minurne Résistance

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