Le préfet de police de Paris n'est «pas dans le même camp» que les Gilets jaunes
Le préfet de police est normalement tenu à un devoir de réserve fixé dans le code de déontologie.
La scène tourne en boucle sur les réseaux sociaux, particulièrement sur les pages de gilets jaunes. Ce dimanche 17 novembre, BFMTV a diffusé la sortie du préfet de police de Paris, Didier Lallement, venu constater place d’Italie les dégâts commis la veille par des casseurs, à l’occasion du rassemblement pour le premier anniversaire du mouvement.
Alors que sa gestion de cette manifestation est contestée par plusieurs responsables politiques, le préfet de Paris a été interpellé sur place par une riveraine, qui lui explique être “gilet jaune”. Réponse de Didier Lallement: “eh bien, nous ne sommes pas dans le même camp, madame”.
Les déambulations du préfet Lallement.
— Alexis Poulin (@Poulin2012) 17 novembre 2019
Ce fonctionnaire, répondant à une citoyenne, lui répond « nous ne sommes pas dans le même camp, madame. »
Voilà qui illustre la dérive autoritaire: un préfet n’a pas de « camp » dans l’exercice de sa fonction.
pic.twitter.com/cDkOLpUvRe
Isolé par les internautes, ce passage devenu viral a suscité de nombreux commentaires dans la classe politique, France insoumise en tête. “Les propos du préfet Lallement sont intolérables mais révélateurs. Il n’est pas un préfet au service de l’intérêt général, mais un militant pour qui cette citoyenne n’est pas dans le ‘même camp’ que lui. Si l’on ajoute son incompétence hier [samedi, NDLR], il est clair qu’il doit être remplacé”, a tonné dans un tweet le député de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière dans la soirée de dimanche.
Même son de cloche ce lundi 18 novembre pour l’élu insoumis Eric Coquerel. Sur franceinfo, le député LFI a appelé à la démission du haut fonctionnaire.
Le préfet Lallement doit-il démissionner ? "Après ce weekend, oui", répond le député LFI Eric Coquerel pic.twitter.com/lk1NfEPHxu
— franceinfo (@franceinfo) 18 novembre 2019
“Monsieur Lallement ne se considère donc pas comme préfet de la République mais comme préfet d’un ‘camp’? Pas acceptable”, a renchéri le président des Patriotes, Florian Philippot.
Toujours sur Twitter, plusieurs observateurs ont estimé que le préfet de police venait par ses propos de transgresser le code de déontologie de la police nationale et de la gendarmerie nationale. En cause, l’article R. 434-29 relatif au “devoir de réserve” des fonctionnaires de police.
“Le policier est tenu à l’obligation de neutralité. Il s’abstient, dans l’exercice de ses fonctions, de toute expression ou manifestation de ses convictions religieuses, politiques ou philosophiques”, indique le code. Même chose concernant les professionnels de la fonction publique, le préfet de police étant un haut fonctionnaire. Or, Didier Lallement était bien en service -et en uniforme- au moment où il a fait savoir à une gilet jaune qu’il n’était “pas dans le même camp” qu’elle.
- Source : Le HuffPost