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Qui est derrière le renversement du président Evo Morales et pourquoi

Auteur : Observateur Continental | Editeur : Walt | Jeudi, 14 Nov. 2019 - 21h55

Le président de la Bolivie Evo Morales, qui était à la tête de l'Etat depuis presque 14 ans, a donné sa démission et s'est empressé de quitter le pays en craignant pour sa vie. Tel est le résultat de la crise politique qui a éclaté dans le pays après la présidentielle du 20 octobre, dont le président sortant a été proclamé vainqueur.

Les observateurs politiques qui ont suivi attentivement les événements en Bolivie ces dernières semaines n'ont pas le moindre doute que le pays a été victime d'un coup d'Etat minutieusement préparé. Les principaux bénéficiaires du renversement du président légitime de la Bolivie sont les Etats-Unis et l'Occident.

Il est fort à parier que ce sont les Etats-Unis qui ont préparé et perpétré le coup d'Etat. Leur but étant de renverser le dirigeant qui était ami avec la Russie, Cuba et le Venezuela, et s'opposait à la volonté des Etats-Unis, ainsi que d'obtenir un accès aux ressources de la Bolivie, notamment au lithium – une matière stratégique.

En 2006, Evo Morales est devenu le premier président-amérindien dans l'histoire de la Bolivie. Il s'était fixé pour objectif de rendre au peuple bolivien le contrôle de ses ressources minières richissimes, qui étaient exploitées pendant des siècles par des étrangers qui n'en laissaient pas une miette aux Boliviens. Il suffit de rappeler qu'en quelques siècles les Espagnols ont épuisé la plus grande mine d'argent en Amérique latine à Potosi. Une telle pratique se poursuivait dans l'histoire contemporaine.

En 2009, à l'initiative d'Evo Morales a été adoptée la nouvelle Constitution bolivienne proclamant les ressources du pays de patrimoine national. Au final, les corporations étrangères ont été privées d'un accès direct aux ressources minières de la Bolivie, notamment au lithium – une matière importante au vu de la croissance dynamique de l'industrie informatique et de la production de l'électronique. Ce métal léger sert à produire des batteries pour les portables, les ordinateurs et d'autres gadgets électroniques et voitures hybrides. Ce qui signifie que la demande de lithium ne cessera de grandir sur le marché mondial. Selon différentes estimations, la Bolivie abrite entre 50 et 70% de toutes les réserves mondiales de lithium. Autrement dit, la Bolivie est un Klondike de lithium. Les réserves de lithium sont concentrées dans un seul endroit unique – au salar d'Uyuni.

Le coup d'Etat ouvre la voie aux compagnies occidentales pour piller le Klondike de lithium bolivien, comme a été pillée autrefois la mine d'argent de Potosi. Il est fort probable que la présidentielle anticipée prévue pour le 22 janvier sera remportée par le principal rival de Morales dans la course électorale – Carlos Mesa, un politique pro-occidental auquel les Américains ont manifestement imparti le rôle principal dans le renversement du président légitime. Avec son arrivée au pouvoir il faut s'attendre à un changement de la législation bolivienne au profit de certaines compagnies et multinationales étrangères.

Carlos Mesa a mené l'opération pour renverser Evo Morales avec l'Organisation des Etats américains (OEI), qui est entièrement contrôlée par les Etats-Unis et qui est utilisée en tant qu'instrument de pression et d'ingérence dans les affaires des pays latino-américains. Le jour du vote, la mission des observateurs de l'OEI en Bolivie a "douté" que les élections étaient transparentes et honnêtes. En commentant les résultats préliminaires du vote donnant la victoire à Evo Morales dès le premier tous, la mission de l'OEI a déclaré qu'ils ne coïncidaient pas avec les "prévisions statistiques de la mission". De tels jugements publics sont déjà en soi une ingérence dans les affaires d'un pays souverain. Cette déclaration a été un signal pour lancer les émeutes de rue. Le candidat de l'opposition Carlos Mesa a immédiatement annoncé qu'il ne reconnaissait pas les résultats de la présidentielle.

On ignore si Evo Morales reprendra son activité politique afin de regagner sa position et rétablir les positions du mouvement de gauche en Bolivie. Cela sera extrêmement difficile en ce moment. Ce n'est certainement pas pour cela que les Etats-Unis ont minutieusement élaboré et exécuté le plan de son écartement du pouvoir. Et il y a peu de chances qu'il participe à l'élection prévue pour le 22 janvier. Le retour d'Evo Morales en Bolivie est tout simplement dangereux aujourd'hui. Les Américains ne veulent pas de lui en tant que président vivant ou un accusé vivant.

Mais dans un certain temps, Evo Morales pourrait probablement avoir l'opportunité de revenir à la vie politique. Cette dernière est très mouvementée en Amérique latine et réserve souvent des surprises.


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