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Les banques françaises parmi les moins sûres en Europe selon une étude suisse : faut-il céder à la panique ?

Auteur : Atlantico | Editeur : Stanislas | Mercredi, 04 Sept. 2013 - 15h54

Atlantico : Les banques et assureurs européens auraient besoin de plus de 1 000 milliards d'euros de financement selon une étude de l’université de Lausanne, en Suisse. Sur les 20 banques qui coûteraient le plus cher en cas de sauvetage, six sont françaises, Crédit Agricole S.A. arrivant même en tête. Quel est l'état de la sécurité/sûreté des banques françaises ?

Jean-Marc Daniel : Il ne s’agit pas de financement à proprement parler mais de consolidation de fonds propres. La particularité de l’activité bancaire est qu’elle est en quelque sorte en miroir de l’activité des autres agents économiques : les actifs des banques sont les dettes des autres agents économiques, les dettes des banques sont les actifs des autres agents économiques et plus particulièrement les comptes courants. Cela a comme conséquence qu’en cas de faillite d’une banque, les créanciers sont les déposants qui ne se vivent pourtant que très rarement comme des créanciers. D’où la volonté des pouvoirs politiques de ne pas laisser les banques connaître des procédures banalisées de faillite.

Ils interviennent de trois façons, soit en se substituant aux banques incapables de faire face à leurs engagements, soit en essayant de limiter les pertes subies par les banques, soit en essayant de limiter les conséquences de ces pertes. C'est-à-dire concrètement soit, dans le deuxième cas, en essayant de limiter le plus possible les risques pris par les banques avec comme résultat négatif que celles-ci ne prennent plus aucun risque et deviennent non plus un lieu de financement de l’économie mais un pur gestionnaire de comptes courants, une sorte de coffre fort sophistiqué mais stérile ; soit dans le troisième cas en leur demandant de renforcer leurs fonds propres, c'est-à-dire en pratique leur capacité de digérer leurs pertes.

Le besoin en fonds propres est donc dépendant des risques pris par les banques. Or, en fait, normalement, ils sont faibles. En effet, par nature une banque ne prête qu’aux riches - c’est bien connu, les subprimes américains ayant été un contre exemple typique particulièrement dramatique. Surtout une banque quand elle prête prend des garanties, accumulent les hypothèques. Son problème n’est pas tant le fait de rentrer dans ses fonds que le temps nécessaire pour y parvenir. Or, souvent dans leurs appréciations, les analystes confondent l’insolvabilité bancaire, c'est-à-dire l’impossibilité de se faire rembourser et l’illiquidité, c'est-à-dire la nécessité de disposer de davantage de temps pour y parvenir. Si bien que les chiffres avancés sont souvent fantaisistes. Les autorités de tutelle multiplient les « stress test » pour y voir plus clair et leurs résultats permettent une gamme d’appréciation très étendue. Dire que les banques françaises sont particulièrement menacées est donc probablement faux, ce qui ne veut pas dire pour autant qu’elles ne doivent pas se rendre plus profitables et consacrer leurs profits futurs à accroître leurs fonds propres.

Les banques françaises sont-elles plus risquées parce qu'elles sont plus grosses ou par la nature de leurs activités - notamment d'investissement ?

Le tissu bancaire français est très divers. Ce qui est marquant c’est l’existence d’un grand nombre d’établissements à statut particulier – statut mutualiste, sans compter cet être étrange qu’est la Caisse des dépôts. Les banques françaises manquent de fonds propres parce que leur croissance a été très rapide.

Quant à leur poids par rapport au PIB de la France, qui est considérable, il tient à la dynamique de concentration qui a présidé à la vie de ce secteur depuis 20 ans. On peut se demander si le problème que pose la taille de nos banques n’est pas plus un problème de concurrence qu’un problème de solvabilité.

Faut-il prendre du recul par rapport à cette étude ?

Oui, clairement. Il faut toutefois se mettre dans l’idée que si on veut protéger les dépôts en considérant que l’usager des banques n’a pas pleinement conscience de la nature du lien qui l’unit à sa banque il faut demander aux banques de renforcer leurs fonds propres. Le problème en France, c’est que contrairement à ce que croient la population et les autorités, nous manquons d’épargne, manque que mesure notre déficit extérieur.

Les banques comme beaucoup d’entreprises ont du mal à consolider leurs fonds propres parce que l’épargne française est mal orientée et absorbée par un déficit budgétaire qui est le véritable handicap dont souffre notre économie. Il faudrait, pour augmenter le taux d’épargne et la diriger vers les entreprises et les banques, créer des fonds de pension mais nos dirigeants ont décidé que les fonds de pension étaient politiquement incorrects…

Comment se portent les banques françaises par rapport à leurs homologues européennes ?

Je dirais plutôt bien. Les banques espagnoles et irlandaises se remettent difficilement de leurs errements, le secteur bancaire italien est contrasté et en Allemagne, les banques ont également été fortement secouées par la crise.

En France, le Crédit agricole qui a connu bien des déconvenues est en train de faire le nécessaire pour redresser sa situation ; le drame en cours est le cas de Dexia, qui ne concerne par directement le public mais qui, compte tenu de ses actifs sous forme de prêts aux collectivités locales, a un contenu fortement politique.


- Source : Atlantico

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