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L’imam Chalghoumi se prend une claque en Tunisie

Auteur : Boulevard Voltaire | Editeur : Stanislas | Mardi, 03 Sept. 2013 - 18h34

Le problème des médias dominants réside souvent dans le renouvellement des castings. L’économie ? C’est Élie Cohen. Les enfants ? C’est Marcel Rufo. La géopolitique ? C’est Bernard Guetta. La météo ? C’est Louis Bodin.

Pour l’islam de plateau télévisé, il y avait naguère deux options : Malek Chebel pour son « Coran des Lumières », Coran souvent des plus alternatifs ; et Hassen Chalghoumi, imam de Drancy, pour faire rire les petits et les grands, dans son grand numéro de trapéziste, un pied au Likoud et l’autre chez les traditionalistes musulmans.

Ce dernier, lors d’un voyage à Tunis, sa patrie d’origine, aurait été pris à partie en « raison de sa proximité avec la communauté juive », à en croire Le Parisien du 2 septembre dernier. Et l’imam « républicain » d’assurer à propos de son agresseur : « Il m’a insulté, m’a traité de sioniste, de collaborateur. Il m’a donné un coup de poing dans le cœur… » Voilà qui doit faire mal, surtout pour cet homme de cœur qui prétend, dans la foulée, que l’agresseur – une sorte d’armée à lui tout seul – s’en serait aussi pris à sa femme et ses enfants.

Heureusement que, le soir même, Manuel Valls lui téléphonait sur son lit de mort afin de demander de ses nouvelles. Ouf ! La République était sauve. Et l’homme de bien en pleine forme, bilan de santé et cachet de la poste faisant foi.

Certes, les médias aiment les martyrs : jeune fille mythomane du RER D, aux cheveux tondus par des Beurs et le ventre orné d’une croix gammée tatouée au rasoir par de présumés islamistes (10 juillet 2004). Fillette juive agressée à coups de marrons par un antisémite – en fait un de ses camarades juifs du parc des Buttes-Chaumont (6 septembre 2008). Autre mythomane ayant connu l’honneur des gazettes parce qu’arabo-musulman revendiqué, il aurait été viré du cabinet d’un ophtalmologue donné pour raciste (7 octobre 2010).

Au fait, qui est véritablement Hassen Chalghoumi ? Le site filsdefrance.fr donne cet éclairage des plus intéressants : Pascal Boniface, directeur de l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques) rappelle ces quelques réalités : « L’imam Chalghoumi est largement ignoré, voire violemment rejeté par ses coreligionnaires. Début décembre 2012, j’avais pointé du doigt l’écart entre son exposition médiatique forte et son enracinement pathétique sur les réseaux sociaux (à l’époque 37 followers pour Twitter et 105 mentions “like” sur Facebook). Pas vraiment un leader populaire. »

Et le même Pascal Boniface d’affirmer, sur le même site : « Si Chalghoumi est rejeté, ce n’est pas parce qu’il est modéré, comme certains veulent le faire croire, mais parce qu’il est illégitime. Il est désigné représentant d’une communauté par ceux qui ne lui appartiennent pas. Chalghoumi est ce que la sociologie américaine appelle un “native informant”, ces figures qui occupent la parole d’une communauté dont ils n’ont pas le soutien, mais qui tirent leur légitimité des médias et des milieux politiques dominants. Il dit ce que la majorité a envie d’entendre de la part d’une minorité, mais pas ce qu’elle pense réellement. […] On parle également de “rented negroes” [ Noirs à louer, NDLR], ces Noirs américains qui monopolisent le paysage médiatique pour donner “un visage” de Noir pour une opinion de Blanc… »

Nous sommes effectivement loin du martyr que certains voudraient nous vendre, surtout en ces moments de tensions islamo-chrétiennes, arabo-occidentales. Pascal Boniface, toujours : « Développer le dialogue judéo-musulman est une bonne chose. Le faire comme Chalghoumi ne crée pas un pont, mais creuse le fossé. Cela accrédite l’idée que le conflit du Proche-Orient est d’essence religieuse. Le problème de ce conflit n’est pas l’islam. C’est l’occupation israélienne des Territoires palestiniens. Chalghoumi renforce l’idée que si les musulmans étaient plus modérés, le conflit pourrait être résolu et la France préservée de son importation. »

Et comme le sens des nuances est l’une des choses les moins bien partagées au monde, c’est ainsi qu’on se prend des claques dans la face. Surtout quand on s’appelle Chalghoumi. Et surtout quand on va faire le mariole en Tunisie.

Nous, on ne prend pas parti ; on ne fait que constater.


- Source : Boulevard Voltaire

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