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Vendredi, 19 Avr. 2024

L’impérialisme occidental prisonnier de sa créature

Auteur : Mohamed El Bachir | Editeur : Walt | Samedi, 22 Juin 2019 - 17h39

« Un monde qui s’achète et se vend, grimpe ou chute au grès des taux du dollar

   Et de l’once d’or qui grimpent ou chutent au grès de la variation du prix du sang oriental.

   Non…Beyrouth est la boussole du combattant ». (1)

 ———————————–

Des accords de Camp David au « Deal » du siècle en passant par Oslo

Les objectifs stratégiques au Moyen-Orient de l’impérialisme israélo-occidental ont été définis de manière limpide en 1982 par l’Organisation Sioniste mondiale sous la plume d’un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères israélien. En voici un bref résumé :« la décomposition du Liban en cinq provinces préfigure le sort qui attend le monde arabe tout entier, y compris l’Egypte, la Syrie, l’Irak et toute la péninsule arabe ; au Liban, c’est déjà un fait accompli. La désintégration de la Syrie et de l’Irak en provinces ethniquement ou religieusement homogènes, comme au Liban, est l’objectif prioritaire d’Israël, à long terme, sur son front est ; à court terme, l’objectif est la dissolution militaire de ces Etats. La Syrie va se diviser en plusieurs Etats suivant les communautés ethniques…»(2)

Cette œuvre de décomposition a commencé dès la première guerre du Golfe, en 1991. Deux accords politiques présentés à l’époque comme étant le début d’une ère de paix régionale avec comme point culminant un Etat souverain palestinien en Cisjordanie et à Gaza avec Jérusalem-Est pour capitale amorcèrent la politique de normalisation des relations entre l’Etat d’Israël et certains états arabes. Les monarchies du Golfe peuvent, enfin, agir à visage découvert. Il s’agit évidemment des Accords de Camp David (1978) entre les Etats israélien et égyptien et celui d’Oslo (1993) entre l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et l’Etat d’Israël. A cette époque le terme  »complotiste » ne servait pas comme argument pour discréditer toute position politique dénonçant ces deux accords. Non pas que les opposants étaient contre la paix mais tout simplement ils voyaient se profiler à l’horizon une grande tempête dans laquelle l’existence du peuple palestinien risquaient d’être une simple monnaie d’échange.

L’occupation israélienne du Liban 1982-2000  fut une première tentative dans la réalisation de cette stratégie de morcellement. Une tentative avortée par la résistance libanaise qui donna naissance au Hezbollah libanais. L’agression dévastatrice de L’Irak en 2003 conçue sous la présidence Clinton et mise en œuvre sous de G.W Bush s’intègre dans cette stratégie de morcellement, connue sous le nom de Nouvel  grand Moyen-Orient. Parallèlement à l’intervention anglo-américaine en Irak, avec l’aide des Monarchies du Golfe, financières et idéologues des organisations terroristes telles El Quaïda et l’Organistation de l’Etat Islamique (OIE-Daech), l’Etat d’Israël lance une opération militaire de grande envergure au Liban en 2006. Grâce à la résistance du Hezbollah, l’Etat d’Israël subit sa première défaite militaire. Une défaite suivie du retrait tactique américain en 2009 de l’Irak non sans avoir enraciné et en Irak et en Syrie les organisations terroristes. Enfin, le tour de la Syrie est arrivé avec le » printemps arabe » en 2011 avec comme nouveau défenseur de la démocratie au côté de l’impérialisme américain et des monarchies wahhabites, l’Etat français…Après avoir, au nom des Droits de l’Homme et de la responsabilité de protéger détruit l’Etat libyen pour en faire, entre autres, un Etat sans droit et un marché d’esclaves…Quant au Yémen…

Un premier bilan s’impose en 2019 : grâce au soutien de la Russie, de l’Iran, de la résistance libanaise à l’Etat syrien et à son armée, le plan de morcellement du Moyen-Orient n’a pas vu le jour. Un échec cuisant pour l’impérialisme israélo-occidental et les monarchies du Golfe.

Mais qui dit échec, ne dit pas abandon de la partie et ouverture de négociations politiques.

Loin s’en faut, l’impérialisme américain avec ses vassaux du Golfe changèrent de stratégie:

  1. Isoler la question palestinienne de son environnement géopolitique.
  2. Etrangler économiquement l’Iran
  3. Soumettre les alliés occidentaux récalcitrants

C’est le  »job » du président américain!

Les problèmes économiques régleront cette affaire

En visite en France en juin 2018, un mois après le retrait américain de l’accord nucléaire, le premier ministre israélien affirma sans détour que « je n’ai pas demandé au président Macron de quitter l’accord. Je pense que les réalités économiques régleront cette affaire.» (3)

Propos qui, aujourd’hui, donne un relief particulier aux propos du premier ministre israélien puisque le 6 juin 2019, en présence du président américain, le président français assure son homologue en précisant que « nous voulons être sûrs qu’ils n’obtiennent pas l’arme nucléaire. »  Et de préciser qu’ «il faut ouvrir de nouvelles négociations sur ces sujets en intégrant le programme balistique.» (4)

Une position politique que le président du Parlement iranien, Ali Larijani a dénoncé en des termes sans ambiguïté: « les propos de Macron ne correspondaient pas à ce qu’il a dit à notre président .» (5)

…Double discours du président français!

A cette guerre économique sans merci menée contre l’Iran s’ajoute les provocations militaires comme l’attaque des deux pétroliers dans le Golfe d’Oman. Evidemment, la République islamique d’Iran est toute désignée pour jouer le rôle du coupable. Nul besoin de preuve puisqu’un mensonge à force d’être répété et venant d’un Etat démocratique est synonyme de vérité. Et en inscrivant les Gardiens de la révolution iranienne (Pasdaran) et  la résistance irakienne, Hachd  Al-Chaab comme l’était déjà la résistance libanaise, le Hezbollah, sur la liste des organisations terroristes, les Etats-Unis dévoilent leur objectif: créer des prétextes militaires en Irak, en Syrie ou ailleurs pour fabriquer un casus belli… En revendiquant la destruction du drone militaire américain dans l’espace aérien iranien, la République islamique iranienne envoie un double message :

  • Rappeler la ligne rouge à ne pas franchir.
  • Refuser de répondre aux provocations au delà de ses frontières.

Et c’est dans un tel contexte géopolitique où le Moyen-Orient est au seuil d’une guerre régionale d’une grande ampleur que le peuple palestinien est invité à un nouveau marché de dupes dans la capitale du Bahreïn…

Le refus des responsables palestiniens, toutes obédiences confondues, d’y participer est un pas important vers l’unité du mouvement de libération nationale pour organiser une résistance globale populaire et militaire pour un Etat palestinien sur l’ensemble de la Palestine, patrie des trois monothéismes.

Notes:

(1)Mahmud Darwich :poème : la quassida de Beyrouth. p. 178-197

 La terre nous est étroite. Traduit de l’arabe par Elias Senbar. Poésie Gallimard (1966-1999

(2)https://www.renenaba.com/revue-detude-palestiniennes-n-14-fevrier-1982/

(3)https://www.lemonde.fr/international/article/2018/06/05/benyamin-netanyahou-poursuit-son-offensive-contre-l-iran-a-paris_5309634_3210.html

(4)http://www.lefigaro.fr/flash-actu/l-iran-rejette-l-idee-de-nouvelles-negociations-nucleaires-evoquee-par-paris-20190607

(5)https://www.france24.com/fr/20190607-iran-rejet-proposition-macron-discussions-programme-nucleaire-sanctions


- Source : RI

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