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Le complexe industriel militaro-humanitaire se drape de vertu pour étendre l’hégémonie occidentale

Auteur : Tomasz Pierscionek | Editeur : Walt | Samedi, 06 Oct. 2018 - 17h46

Shakespeare a écrit un jour que le diable est capable de citer les Écritures quand il y va de son intérêt. Aujourd’hui, ce sont les termes « humanitaire » et « démocratie » qui servent à couvrir les morts et les destructions.

Des mots respectables comme « humanitaire » et « démocratie » ont fini par prendre un sens funeste et cynique du fait de leur détournement pour justifier l’invasion de nations souveraines, et promouvoir l’expansion de la domination militaire et culturelle occidentale à travers le monde. Les médias grand public ainsi que des militants des droits de l’homme y participent en diffusant des contre-vérités et en jouant sur les sentiments de peur, de colère et de répulsion du public pour l’influencer et faire passer pour juste une agression contre un État souverain.

Parallèlement aux mensonges des politiciens selon lesquels Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive qui pouvaient être déployées en 45 minutes, une stratégie a été mise en œuvre pour choquer et impressionner le public et l’amener à accepter l’invasion. Il y a eu notamment une avalanche de gros titres destinés à horrifier les lecteurs, à coup de soi-disant « preuves » des massacres de Saddam Hussein, et à susciter de fortes réactions émotionnelles pour les empêcher de penser. L’un de ces articles, écrit par la députée travailliste Ann Clwyd et publiée dans le Times deux jours seulement avant que la Coalition dirigée par les États-Unis, ne commence à détruire l’Irak, affirmait que Saddam Hussein possédait une « machine à déchiqueter les humains » dans laquelle on introduisait les adversaires par les pieds, pour les transformer en nourriture pour poissons. L’article intitulé « Regardez ces hommes se faire hacher menu et osez dire que vous ne soutenez pas la guerre » a eu pour double effet de susciter l’horreur du lecteur et de donner l’impression que les opposants à la guerre étaient insensibles et indifférents au sort du peuple irakien. L’existence d’une déchiqueteuse humaine a été contestée par la suite, et on n’en a jamais retrouvé la trace.

Les véritables crimes de Saddam Hussein étaient connus des services de renseignementsaméricains qui lui ont donné les positions des troupes iraniennes pendant la guerre Iran-Irak dans les années 1980, sachant qu’il allait utiliser du gaz moutarde et du sarin contre elles. Les États-Unis ont également fourni à Saddam des bombes à fragmentation et l’ont aidé à acquérir des précurseurs d’agents chimiques. Selon Human Rights Watch, basé aux États-Unis, Saddam Hussein avait tué au moins 290 000 personnes pendant qu’il était au pouvoir. Toutefois, ce chiffre est éclipsé par le nombre d’Irakiens morts à la suite de l’invasion de 2003, victimes des forces d’occupation, de la violence confessionnelle ou de l’EI – selon les estimations, il y en aurait eu plusieurs centaines de milliers, et peut-être même plus d’un million.

La stratégie du « shock-and-awe »* a de nouveau été utilisée avant le bombardement de la Libye par l’OTAN, quand les relations de Kadhafi avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni se sont dégradées suite à sa décision de vendre son pétrole en dinars (une nouvelle monnaie panafricaine soutenue par l’or) au lieu du dollar américain ou de l’euro, et d’encourager ses voisins africains à suivre son exemple. La publication des courriels d’Hillary Clinton à la fin de 2015 a révélé qu’une pareille mesure aurait renforcé les économies africaines et entraîné une concurrence entre le dinar et le dollar ou l’euro.

Cette fois, on nous a raconté qu’il fallait bombarder la Libye et soutenir les rebelles anti-Kadhafi, y compris les éléments affiliés à Al-Qaïda, parce que Kadhafi était sur le point de commettre un massacre contre la population de la ville de Benghazi, sous contrôle rebelle. Pour émouvoir le public et lui faire accepter la guerre, on a aussi raconté que Kadhafi distribuait du Viagra à ses soldats pour qu’ils violent le plus possible de femmes. Amnesty International a enquêté et n’en a trouvé aucune preuve, par contre l’ONG a révélé qu’à plusieurs reprises, les forces anti-Kadhafi de Benghazi avaient raconté des mensonges ou fabriqué des fausses preuves de violations des droits humains.

Kadhafi a été renversé et l’un des pays les plus riches et les plus stables d’Afrique est aujourd’hui un État failli et anarchique contrôlé par un micmac de groupes rebelles, dont certains sont des affiliés ou des sympathisants d’Al-Qaida. Ces groupes se sont mis à persécuter, emprisonner et assassiner les Africains subsahariens qui étaient venus en Libye comme migrants économiques, en les accusant de fidélité à Kadhafi. En outre, la destruction de la Libye a déclenché une guerre au Mali voisin et a contribué à renforcer Al-Qaida et l’EI en Afrique du Nord. Une partie des rebelles anti-Kadhafi se retrouvera plus tard en Syrie.

Le même scénario a été utilisé à l’égard de la Syrie. Les politiciens occidentaux, avec leurs médias et leurs alliés activistes, se sont donné du mal pour obtenir le soutien du public à la destitution du président du pays. En 2013, on a joué sur les émotions du public occidental en prétendant qu’Assad avait utilisé du gaz sarin contre des civils, raison pour laquelle il fallait le renverser de toute urgence. Ces allégations n’ont jamais été prouvées et une enquête menée par l’ONU a indiqué par la suite que les rebelles anti-gouvernementaux auraient pu être responsables de l’attaque.  Les allégations selon lesquelles Assad aurait utilisé des armes chimiques contre son propre peuple semblent refaire surface chaque fois que le gouvernement syrien reprend un grand pan de son territoire aux forces rebelles ou djihadistes.

Le président Assad a été accusé d’avoir causé des centaines de milliers de morts dans un conflit imposé à la Syrie, dans lequel l’Arabie saoudite et le Qatar (entre autres États) ont financé et armédes rebelles que les services de renseignement occidentaux qualifient de « modérés ». WikiLeaks a publié des dépêches diplomatiques dans lesquels des politiciens américains s’inquiétaient de l’envoi, par des donateurs saoudiens, de fonds et d’armes à des groupes comme Al-Nusra Front (également connu sous le nom de branche syrienne d’Al-Qaida) et l’EI. L’opposition syrienne affirme qu’en septembre 2018, entre 164 336 et 522 000 personnes (selon le groupe anti-Assad à qui vous posez la question) ont été tuées depuis le début du conflit en 2011. Bien que l’opposition syrienne et ses partisans en Occident et dans le Golfe n’hésitent pas à blâmer le président Assad pour ces morts, parmi les personnes tuées figurent des soldats syriens et des milices pro-gouvernementales qui ont défendu leur pays contre les rebelles « modérés » (et moins modérés) soutenus par les ennemis de la Syrie, ainsi que des civils tués par ces groupes rebelles.

Lorsque la Russie est venue à l’aide de la Syrie en septembre 2015, à la demande du gouvernement du pays, pour lutter contre l’EI, Al-Nusra et d’autres groupes rebelles, elle a essuyé les critiques des médias occidentaux et des groupes d’opposition syriens qui l’ont accusée de soutenir un dictateur – et le Royaume-Uni et les États-Unis savent de quoi ils parlent, ce sont des spécialistes dans ce domaine. Le renversement d’Assad justifiait sûrement que les Etats-Unis et leurs alliés laissent l’EI semer la terreur et la destruction à travers toute la Syrie jusqu’à ce que son drapeau flotte sur Damas. Les attaques contre la Russie se sont intensifiées en 2016 lorsqu’elle a fourni aux troupes syriennes un appui aérien dans la campagne pour reprendre Alep, qui était avant la guerre la plus grande ville du pays et son centre financier et industriel, à une coalition de groupes rebelles dont le Front Al-Nusra et des combattants djihadistes non syriens. Les journaux de toutes tendances politiques ont versé des larmes de crocodile sur les civils et les bébés tués dans les bombardements russes, eux qui ne versent jamais une larme sur les enfants de Gaza et du Yémen qui meurent pourtant aussi sous des bombardements aériens.

Les médias occidentaux décident de ce qui doit émouvoir leur public. L’organisation controverséeconnue sous le nom de Casques blancs, financée par les États-Unis et plusieurs gouvernements européens, a injecté une dose supplémentaire de pathos, en montrant des photos et des vidéos de ses membres tirant soi-disant des enfants et des civils des décombres à Alep. Les questions que soulève ce groupe ont été parfaitement documentées.

Puis nous avons eu droit à des tweets d’une fillette syrienne de sept ans, Bana al-Abed, elle aussi chouchou des médias, pour demander une intervention occidentale, dans le style « Cher monde, il vaut mieux commencer une 3ième guerre mondiale que de laisser la Russie et Assad commettre #HolocaustAleppo« . On peut vraiment se demander si elle a écrit ces messages sans l’aide d’un adulte.

L’organisation américaine Human Rights Watch, qui a reçu des millions de dollars du milliardaire George Soros, a fait état du rapport d’un groupe d’opposition syrien selon lequel 446 civils auraient été tués par des avions russes et syriens pendant la bataille d’Alep entre septembre et octobre 2016. Ailleurs, Human Rights Watch cite l’Observatoire syrien des droits de l’homme, un organisme pro-opposition basé au Royaume-Uni, qui affirme que les frappes aériennes de la coalition dirigée par les États-Unis ont tué 1 064 civils, dont 248 enfants, pendant la bataille de Raqqa entre début juin et 20 septembre 2017. Bien qu’il soit difficile d’estimer avec précision les populations d’Alep et de Raqqa en 2016 et 2017 respectivement, à partir de 2018, Alep compte 1,6 million d’habitants, contre 61 000 à Raqqa.

Chaque mort civile est une tragédie en soi, qu’elle soit causée par un avion américain, russe, syrien ou autre. Toutefois, il faut reconnaître qu’il n’y a que la Russie et l’Iran qui soient intervenus dans le conflit syrien à la demande du gouvernement légitime de la nation. Toutes les autres nations impliquées dans le conflit syrien violent le droit international et leur expulsion du territoire syrien serait légitime.

Grâce à l’intervention de la Russie, la Syrie ne prendra pas le chemin de l’Irak ou de la Libye et est en passe de redevenir une nation unie et stable avec une identité séculaire et diversifiée. L’intervention de la Russie a empêché la destruction d’une nation et permis à des millions de personnes d’échapper au cauchemar épouvantable de vivre dans un pays dominé par l’EI ou des groupes similaires. L’Occident a adopté une approche diamétralement opposée, il  plonge une nation unie dans l’anarchie, et les terroristes ne font leur apparition qu’après l’intervention « humanitaire ».

Note : * choc psychologique, stupeur, intimidation

Traduction : Dominique Muselet


- Source : RT (Russie)

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