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L’OTAN doit changer son modèle d’entreprise

Auteur : Karl Müller | Editeur : Walt | Samedi, 19 Mai 2018 - 20h13

Sur Wikipédia on lit:

«L’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) est une organisation intergouvernementale régionale asiatique regroupant la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan, l’Inde et le Pakistan. Les Etats observateurs sont l’Afghanistan, l’Iran, la Mongolie et la Biélorussie. Elle a été créée à Shanghai les 14 et 15 juin 2001 par les présidents de ces six pays. Succédant au ‹groupe de Shanghai› réunissant les chefs d’Etat d’Asie centrale à partir de 1996, l’OCS vise d’abord à répondre aux bouleversements géopolitiques consécutifs à l’effondrement de l’URSS en Asie centrale et à l’instabilité engendrée dans la région. Stabilisant les frontières des nouveaux Etats créés, le groupe puis l’organisation formalise peu à peu une coopération économique puis sécuritaire et militaire visant à assurer la sécurité collective des adhérents. […] La population des huit pays membres et des quatre Etats observateurs s’élève à 3201 millions d’habitants (42,4% de la population mondiale)».

Des représentants gouvernementaux des Etats membres, des pays observateurs et d’autres Etats et fédérations d’Etats intéressés se réunissent régulièrement et prennent, lors de leurs réunions, des décisions importantes. Cela se déroula également le 24 avril 2018, lors de la rencontre des ministres des Affaires étrangères des pays de l’OCS (cf. texte ci-dessus). Il est regrettable que cette réunion de la «plus grande organisation intergouvernementale régionale au monde» et les décisions prises par ces Etats dont la population représente plus de «40% de la population mondiale» ne soient pas relatées dans nos médias. Quand on tape les mots clé «OCS» et «ministres des Affaires étrangères» sur «news.google.fr», on ne trouve que peu de résultats dans les médias francophones.

Dommage que nos médias ne remplissent pas leur devoir d’information.

Pourtant, il y aurait encore bien des choses à dire: cette «organisation régionale» s’engage pour un monde multipolaire, condamne toute action destructive et unilatérale – faisant notamment référence aux sanctions –, exige des approches multilatérales pour résoudre les problèmes du monde, attache une grande importance à la Charte des Nations Unies, au Droit international et au rôle du Conseil de sécurité des Nations Unies pour la paix, la stabilité et la sécurité.

L’OCS s’efforce de trouver des solutions aux sérieux problèmes en Afghanistan.

Elle exige que seul le peuple syrien puisse décider de l’avenir de la Syrie, qu’on garantisse au pays sa souveraineté, son indépendance et son intégrité territoriale. Elle soutient également tous les sérieux efforts pacifiques pour le pays, qu’ils viennent de la part de ONU ou de la Russie, de l’Iran et de la Turquie. L’attaque illégale des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France contre la Syrie à la mi-avril est un grave sujet de préoccupation.

Elle soutient l’accord nucléaire conclu avec l’Iran et appelle tous les Etats signataires à entièrement respecter les accords contractuels.

En outre, elle exige une solution politique au conflit en Ukraine dont la base est l’application intégrale des Accords de Minsk II du 12 février 2015.

Le silence des médias sur tous ces points a ses raisons. Probablement, les responsables savent très bien qu’on pourrait trouver des solutions à de nombreux problèmes mondiaux, si les pays occidentaux – notamment les Etats membres de l’OTAN – pouvaient se décider à se joindre aux résolutions prônées par les ministres des Affaires étrangères de l’OCS. Mais ceci ne correspond actuellement pas au modèle d’affaires des Etats membres de l’OTAN. Leurs projets se basent sur le concept du conflit et de la confrontation. Ceux qui en profitent sont très peu nombreux.

Les conséquences terribles d’une telle politique ne sont guère prises en compte. On ne tient pas compte du fait que les Etats membre de l’OTAN s’isolent de plus en plus dans le monde. Ce que les ministres des Affaires étrangères de l’OCS ont décidé correspond très probablement à ce que la plupart des ministres des Affaires étrangères dans le monde décideraient. Les Etats de l’OTAN, qui aiment s’appeler «communauté internationale», se trouvent plutôt seuls dans le monde. Le fait que d’autres les suivent encore, n’a que peu à voir avec des idéaux ou des convictions. C’est un grave aveu d’impuissance pour un monde ayant formulé auparavant la Charte des Nations Unies et les droits humains universels sur le fondement du droit naturel.

Le 1er mai 2018, le conseiller politique russe Sergueï Karaganov, a accordé une interview au site rt allemand. Son opinion, traduite en allemand, mérite être considérée. Nous publions ci-dessous des extraits. (https://www.youtube.com/watch?v=JUzoJr8xwdo&feature=share) M. Karaganov dit:

«Ce que nous voyons actuellement, c’est la réaction désespérée du monde occidental perdant ses positions historiques. […] Il faut savoir que le navire [les Etats-Unis, ndt.]) ne coulera évidemment pas. Cependant la coque du bateau est percée à plusieurs endroits et un changement de cap brusque s’impose. Cela est un fait. En outre, nous voyons entre-temps encore davantage de navires [les pays non-alignés, ndt.] tout autour, et ces derniers ne vont plus naviguer dans le sillage de l’immense navire».

Et interrogé sur le rôle de son pays, membre de l’OCS, il déclare:

«Nous comptons sur la souveraineté nationale, sur des élections libres et souveraines de chaque pays et de chaque peuple afin qu’il puisse suivre, sa propre voie. C’est ce que nous allons défendre. Nous avons cessé d’exporter la démocratie qui, dans la plupart des cas, a entraîné des tragédies. Regardez la situation du Proche-Orient, regardez l’Ukraine devenue le plus pauvre pays de l’Europe et elle ne se ressaisira pas de si tôt. On peut y ajouter beaucoup d’autres exemples. Nous nous engageons pour le respect du droit international, bien qu’il y ait eu des cas, où nous l’avons violé un peu, mais nous le reconnaissons. […] En outre, nous misons sur les valeurs humaines générales, notamment sur la famille et la confiance en Dieu sur le fait qu’on a une vie remplie si l’on sert la famille, la société, l’Etat et Dieu. Ce sont les valeurs que 90% de la population mondiale partagent. Dans ce contexte, le déni de tous ce que je viens de vous dire s’affaiblit de plus en plus. C’est la raison pour laquelle l’Occident perd […], et il perd sur toute la ligne […]».

Ce sont les paroles d’un Russe. Mais, ne serait-ce pas quand-même judicieux d’y réfléchir sérieusement?
Il me semble raisonnable de faire un appel aux gouvernements des membres de l’OTAN: il est grand temps de modifier le modèle d’affaires actuel! La majorité des pays du monde ne se soumettra plus longtemps à la pression, au chantage et à la violence. Et cela est entièrement justifié. Si l’Occident ne revient pas sincèrement sur sa position, l’alternative sera une catastrophe mondiale. Là, il n’y aura plus de gagnants.


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