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Monsanto-Bayer : un géant de l’agriculture industrielle naît, l’Europe ferme les yeux

Auteur : José Bové | Editeur : Admin | Samedi, 24 Mars 2018 - 18h10

Mercredi 21 mars, la Commission européenne a autorisé le rachat de Monsanto par Bayer. La nouvelle entreprise planétaire, explique l’auteur de cette tribune, fabriquera à la fois les « poisons » et les médicaments pour soigner les maladies qu’ils induisent, ce qui n’a pas ému la Commission.

Les grandes manœuvres lancées depuis 2017 dans le monde de l’agrochimie se poursuivent. La fusion de Chemchina, le poids lourd chinois avec Syngenta puis celle de Dow et Dupont a fait émerger deux géants planétaires. Mercredi 21 mars, Mme Vestager, commissaire européenne à la Concurrence, a donné le feu vert au rachat de Monsanto par Bayer. L’entreprise allemande a mis 51 milliards d’euros sur la table pour racheter son concurrent américain.

Cette fusion pose des questions qui vont bien au-delà de la concentration dans le secteur agricole. L’agriculture de précision pointe son nez. Comme dans les autres domaines économiques, la révolution du big data arrive. Les moissonneuses-batteuses ne récoltent pas que des céréales. Elles engrangent de nombreuses données qui servent aux industriels à renforcer leur emprise sur les agriculteurs. La mise en commun de ce potentiel place Bayer dans une position de position dominante inquiétante que Mme Vestager a préféré sous-estimer.

Lien entre l’explosion des maladies neurodégénératives et l’utilisation de produits chimiques 

En combinant leurs forces, Bayer et Monsanto mettront tout en œuvre pour bloquer le développement de l’agriculture biologique que nous appelons de nos vœux. Car le développement d’une agriculture et d’une alimentation saine va à l’encontre de leurs intérêts financiers.

La commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager.

Plus préoccupant encore, la création d’une entreprise planétaire qui vend des poisons (insecticides, fongicides, herbicides) ainsi que les médicaments pour guérir les maladies induites par une alimentation et un environnement pollué par les pesticides pose une question éthique. Il est pourtant inacceptable qu’une entreprise de cette importance puisse avoir les mains libres pour développer ce qu’elle appelle des produits phytopharmaceutiques et, dans le même temps, vendre des médicaments pour soigner des maladies dégénératives comme Alzheimer ou Parkinson. De très nombreuses études médicales indiquent un lien entre l’explosion de ce type de maladie qui frappe des millions de personnes et l’utilisation de produits chimiques, en particulier les pesticides.

Ce point n’émeut pas la commissaire Vestager qui ne l’a pas abordé une seule fois lors de sa conférence de presse. Cet aveuglement de la part de la Commission européenne est totalement irresponsable.


- Source : Reporterre

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