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L’Ouest s’engage sur tous les fronts contre la Russie

Auteur : Peter Korzun | Editeur : Walt | Mercredi, 21 Mars 2018 - 17h56

Contenez la Russie dans tous les domaines, évincez-la partout où vous le pouvez et augmentez la pression pour la mettre à genoux. Il n’est pas bien difficile de trouver un prétexte justifiant la campagne orchestrée par l’Occident pour entraîner les relations avec Moscou sur des bases conflictuelles. L’Occident continue obstinément à réanimer la guerre froide. Il s’agit de mesures politiques globales, avec des événements faisant les gros titres des médias pour attirer l’attention du public sur le monde, tandis que certains autres sont camouflés et gardés hors des feux de l’actualité.

Avec autant de doutes exprimés sur la complicité de Moscou dans l’empoisonnement de l’espion à Salisbury, les dirigeants du Royaume-Uni, des États-Unis, d’Allemagne et de France – les quatre grands – ont fait une déclaration commune sans précédent, faisant porter le chapeau de l’affaire à la Russie. Ils n’ont pas jugé nécessaire d’attendre les résultats de l’enquête pour affirmer que Moscou a violé le droit international et menacé leur sécurité. La déclaration dit que la Russie n’a pas coopéré avec la Grande-Bretagne. Elle ne mentionne pas le fait que Moscou était prêt à rencontrer Londres à mi-chemin, mais n’a reçu aucune demande conforme aux dispositions de la Convention sur les armes chimiques. La seule chose dont la Russie peut être accusée, c’est sa politique de refus de communiquer dans le langage des ultimatums.

Tout est soudainement devenu clair. La culpabilité de la Russie est évidente malgré le fait que rien de nouveau n’a été révélé depuis que le porte-parole du président français Macron a mis en garde le Royaume-Uni le 14 mars contre les « politiques fantasmatiques ». L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques n’a pas enquêté sur l’affaire, mais le verdict a été rendu. Le Premier ministre britannique, Mme Theresa May, s’est montrée très satisfaite de la déclaration, qui montre que les alliés « se tiennent à nos côtés ».

Le 15 mars, les États-Unis ont adopté de nouvelles sanctions contre la Russie afin de la punir pour sa présumée ingérence dans l’élection et des cyberattaques. L’annonce est venue avec la déclaration des quatre grands. Comme d’habitude, cette mesure résulte d’allégations et d’affirmations non étayées par des preuves concrètes et des faits établis. Le chef de la minorité au Sénat, Chuck Schumer, estime que ce n’est toujours « pas assez ». Il exige que le président Trump adopte d’autres sanctions et dénonce publiquement le Président russe Poutine. Le sénateur Mark Warner du Comité sénatorial du renseignement, est intervenu en disant que ce n’est que la première étape. Il a demandé pourquoi cela avait pris tant de temps.

C’est ce dont parle l’actualité. Maintenant, parlons de l’offensive insidieuse, tenue à l’écart des projecteurs pour être menée presque clandestinement. Peu de médias ont fait état de la décision du gouvernement polonais, annoncée par le ministre de la Défense, Mariusz B?aszczak, de déplacer vers ses frontières orientales « quelques unités de l’armée » stationnées dans l’ouest du pays. L’appareil de commandement militaire du pays serait réformé, parce que la Russie est « imprévisible ».

Pendant ce temps, la Roumanie se prépare à mettre en scène un « maidan » en Moldavie, pour l’absorber. Si le projet est adopté, cet ancien pays soviétique fera partie de l’OTAN et de l’UE. Cela déclenchera une réaction en chaîne dans la région considérée dans la sphère d’influence russe. Le coup d’État est prévu pour le 24 mars. Les groupes extrémistes devraient s’emparer du bâtiment du parlement. Le Président moldave, Igor Dodon, avait prédit que les tentatives visant à unifier de force la Moldavie et Roumanie, déclencheraient une guerre civile. Les événements mis en scène stimuleront certainement les sentiments séparatistes en Transnistrie. La Russie sera sans aucun doute accusée de mener des « activités scélérates », surtout si elle parle du droit des Moldaves à décider de leur sort sans ingérence extérieure.

Le 14 mars, les États-Unis ont annoncé une offensive diplomatique visant à évincer la Russie des Balkans. Wess Mitchell, secrétaire d’État adjoint aux Affaires européennes et eurasiennes, a vivement conseillé aux pays de la région de résoudre leurs différends avec l’aide de l’Occident. Il a mentionné la possible expansion de l’UE. M. Mitchell ne l’a pas évoqué ouvertement, mais il n’y a aucun doute qu’il tentait d’attirer Belgrade pour l’éloigner de la Russie. La Serbie est un pays qui présente un intérêt particulier pour les militaires étasuniens.

L’OTAN a accusé dernièrement Moscou d’interférer dans les affaires intérieures des pays des Balkans, en particulier, d’y faire la guerre de l’information. Les dirigeants de l’UE n’ont pas perdu de temps pour exprimer leur inquiétude sur la politique russe dans la région, au moment où Theresa May sonnait l’alarme sur l’affaire d’empoisonnement à Salisbury. Ils sont prêts à se lancer dans la « guerre de l’information » contre Moscou.

Rendre la Russie responsable de la situation dans la Ghouta orientale de la Syrie est une encore une attaque venant d’une autre direction. Des provocations sont planifiées pour accuser le gouvernement syrien soutenu par les Russes, d’utiliser des armes chimiques.

L’empoisonnement de Salisbury, les attaques chimiques sous fausse bannière à la Ghouta, la « bataille pour les Balkans », les provocations en préparation en Moldavie, l’Estonie, la Lettonie et la Pologne renforcent brusquement leur opposition au projet gazier Nord Stream-2 en mer Baltique, ainsi que beaucoup d’autres choses, tout cela fait partie d’un plus vaste tableau. L’Occident attaque la Russie sur tous les fronts et dans tous les domaines. Il n’y a aucune règle de route claire. La pression augmentera progressivement jusqu’à ce que Moscou s’incline et s’agenouille.

Comme l’enseigne l’histoire, il est improbable que Moscou cède. Mais cette politique peut se retourner contre l’Occident et saper son unité qui est extrêmement fragile. L’Ouest fait face à de multiples menaces et défis ; son fondement même est en péril. C’est une époque où il a besoin de partenaires plus que d’ennemis fabriqués artificiellement, qui s’ajoutent à la pléthore de problèmes graves difficile à aborder. De nos jours, l’Occident gaspille ses ressources et ses forces pour mener campagne bien orchestrée contre Moscou, au lieu de trouver une politique constructive assurant sa sécurité et sa cohésion.

Traduction Petrus Lombard


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