www.zejournal.mobi
Jeudi, 25 Avr. 2024

Le jeu oublié : Pourquoi la Russie est l’ennemi n°1 des USA et de l’Ouest

Auteur : Vladimir Gujani?i? & J. Arnoldski | Editeur : Walt | Mercredi, 09 Août 2017 - 21h00

Au cours des derniers mois ou même des années, combien de fois avons-nous entendu le secrétaire général de l’OTAN, Obama ou des généraux US, dire « la Russie est le plus grand ennemi » des USA ou même de l’ordre occidental entier ? L’hystérie de la « menace russe » a été fabriquée de toutes pièces dans les hautes sphères des grands médias, or demander en quoi la Russie menace les USA, reste le plus souvent sans réponse.

Il semble que tout démarre en 2011, époque où les USA étrennaient leurs « révolutions de printemps » ou « colorées » dans le monde arabe. Mais tandis que les médias « couvraient » le « printemps arabe », personne n’a vu basculer l’attention des USA vers plusieurs gouvernements d’Amérique latine et d’autres parties du monde, qui étaient « déloyaux » envers leur politique. À ce moment névralgique, comme en Syrie, la Russie faisait face aux USA et à leurs alliés dans ces régions.

Peu de temps avant sa mort, le défunt Président de Cuba, Fidel Castro, a dit ouvertement que « la Russie avait sauvé le monde de la recolonisation. » Une chose aussi importante peut aussi être trouvée dans un long discours oublié, prononcé en 1979 par Zbigniew Brzezinski à propos des menaces qu’affrontent les USA et la manière dont ils devraient élaborer leur politique étrangère. Brzezinski a attiré l’attention sur une révolution qui a frappé la planète Terre au 20ème siècle : « De 1900 à 1950, la population mondiale est passée de 900 millions à 2,5 milliards… à la suite de ce changement politique, passant à plus de 180, le nombre d’États et de nations a triplé. Pour chacun d’entre nous dans cette salle, il s’agit de la plus grande révolution politique dans l’histoire du genre humain… Avec les moyens et les communications modernes, des milliards de gens se sont éveillés à de nouvelles idées et ont pris conscience de l’injustice dans le monde. » Après la Seconde Guerre mondiale, nous devons nous rappeler que le principal champ de bataille était la lutte contre les puissances qui cherchaient à préserver leur régime colonial. Au cours de cette période, guidés par l’idéologie marxiste-léniniste, les Soviétiques aidaient principalement tout pays désirant s’affranchir de la tutelle coloniale.

Or, défense aérienne plus souveraineté est une formule plus redoutable que communisme. « Les pays défavorisés sont ceux qui seront incapables de défendre leur population contre les raids aériens, » disait Georgy Zhukov. Ces paroles oubliées du maréchal Zhukov, sont la clef de compréhension de la situation actuelle et de la lutte pour l’indépendance. Il est très facile de comprendre cela en voyant le plan d’action systématique de l’interventionnisme US. Sanctions, injustices et luttes politiques ou nationalistes, créent dans toute société une masse critique de gens que les USA soutiendront en intervenant ; après quoi les USA atteindront leurs objectifs. Seulement, l’élément clef et décisif est la suprématie aérienne. Sans suprématie aérienne, arme principale du processus de recolonisation, il est improbable que les USA interviennent dans un pays, même s’il n’a qu’une armée de terre banale. Sans défense antiaérienne appropriée, tout régime est voué à tomber, quelle que soit la taille de son armée, de la popularité du parti politique ou du président qui s’oppose aux USA.

Étant donné la volonté des USA de dominer le monde, et le fait que la Russie exporte les meilleures armes antiaériennes dans les endroits chauds du monde (Algérie, Syrie, Iran, Venezuela), nous devons poser la question : Qui est l’agresseur ? Qui attaque qui et quoi ? Le capitalisme occidental ne peut exister sans l’impérialisme. Si à l’ère Eltsine nous avons vu la tendance d’abandonner les alliés du bloc socialiste dans le monde entier, nous voyons au contraire à l’ère Poutine, le soutien aux anciens partenaires restants de l’URSS, et non seulement le soutien aux survivants, mais aussi aux nouveaux, le Venezuela étant le meilleur exemple.

Il existe plusieurs théories sur la politique étrangère de Poutine. La première est que cette politique ne tourne qu’autour de la guerre pour les ressources énergétiques constituant la base de l’économie russe d’aujourd’hui. La seconde est que certaines élites cachées de l’ère soviétique ont toujours les mêmes objectifs qu’autrefois, mais avec la caution de l’État russe actuel. Enfin, il y a l’opinion que la Russie défend sa position d’État souverain. Peu importe quelle théorie est la plus juste, il est évident que la Russie fait face aux USA presque partout sur Terre.

La guerre est perdue pour les USA au Moyen-Orient, et les dégâts infligés à la politique régionale et mondiale sont dévastateurs. Le Venezuela sera probablement le prochain lieu d’affrontement entre USA et Russie. Il est désormais évident que Russie et Chine soutiennent la lutte que mène Maduro pour maintenir son pays sur la voie socialiste et rester au pouvoir. La Russie a déployé des armes antiaériennes modernes à l’époque du défunt président Hugo Chavez, et nous voyons que la Russie aide maintenant Maduro en exportant 60 000 tonnes de blé par mois, en plus d’un soutien logistique considérable. Il est évident que la Russie ne se contente pas de faire face aux USA dans ce que l’on pourrait penser être une simple défense de sa position, mais qu’elle entre ouvertement dans ce que la célèbre « Doctrine Monroe » appelle l’« arrière-cour » des USA. Le résultat est évident : Sanctions, sanctions et encore sanctions, et un fossé plus large dans les relations entre Russie et USA. Si nous observons cela du point de vue stratégique, nous voyons que la Russie gagne de vitesse et surpasse la politique US, inverse ses gains du printemps arabe, et s’immisce comme une anguille dans l’UE avec des projets énergétiques, après l’annulation du grand gazoduc moyen-oriental. La Russie établit de nouvelles relations avec la Turquie et apporte de l’aide à Duterte afin qu’il fasse virer de 180 degrés sa politique étrangère. Les USA encaissent coup après coup.

Si nous comparons la politique étrangère russe à l’ancienne politique soviétique, nous pouvons constater que même si la Russie est bien plus faible que l’Union soviétique du point de vue des ressources, elle est plus dangereuse pour les USA. N’ayant aucun intérêt à rester dans la sphère d’influence des USA, non seulement les pays que nous appelons les néo-colonies, mais aussi des alliés des USA, sont en train de changer de camp. Et il n’est pas si facile pour les USA d’intervenir militairement dans le monde « démocratique ». Le sénateur McCain a dit explicitement que pour les USA, la Russie est plus dangereuse qu’ISIL. Pour tout analyste, ce genre de propos est moqueur, puisque nous pouvons voir certaines constantes dans les opérations d’ISIL : Quand Maliki a changé de camp, l’Irak a eu ISIL ; quand Duterte a changé de camp, les Philippines ont eu ISIL, etc. Qui tient dans ses mains l’instrument connu sous le nom ISIL, est parfaitement évident. Mais ces opérations spéciales n’ont pas réussi à empêcher ces pays de sortir de la sphère d’influence US et de chercher à avoir des relations avec d’autres pays, principalement la Russie et la Chine.

Dans l’ensemble, ce genre de rébellion, dans les dépendances US, pourrait être comparé à la rébellion au sein du Pacte de Varsovie, mais soutenue cette fois-ci par la Russie dans le camp opposé. En plus du Venezuela, les prochains lieux de litige sont probablement la péninsule coréenne et les Balkans. Malgré des centaines de menaces, les USA n’ont toujours pas attaqué la Corée du Nord comme ils l’on fait pour la Syrie. Si les USA perdent un autre face-à-face avec la Russie et la Chine, tout leur appareil de domination mondiale pourrait être en danger. Le déploiement par la Russie d’armes antiaériennes modernes à des endroits critiques du monde, assène plus de coups à la politique US que toute idéologie anti-impérialiste radicale. Les USA ne peuvent garder le pouvoir qu’en employant la force. Comme on peut le voir à la situation actuelle, ils perdent stratégiquement et la confrontation avec la Russie, comme avec les nouvelles sanctions, sans pouvoir inverser le cours des choses, ne fait que ralentir la disparition de leur domination.

La théorie formulant avec le plus de précision la politique étrangère russe importe peu ; il est évident que la Russie défend son statut actuel tout en persévérant dans la même direction que l’ex-Union soviétique, sauf qu’elle le fait sous une forme différente, sur une base culturelle et politique bien plus large. Attendu que ne pas intervenir mettrait les USA dans une situation pire que celle où ils se trouvent à présent, ils ne peuvent s’opposer à cela que par la force. Mais intervenir entraîne des conséquences inconnues et une perte encore plus dramatique de ce qu’il reste de leur piètre réputation.

Traduction Petrus Lombard


- Source : Fort Russ (Russie)

Cela peut vous intéresser

Commentaires

Envoyer votre commentaire avec :



Fermé

Recherche
Vous aimez notre site ?
(230 K)
Derniers Articles
Articles les plus lus
Loading...
Loading...
Loading...