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François Hollande, le coupeur de tête

Auteur : radio La Voix de la Russie | Editeur : Stanislas | Mercredi, 03 Juill. 2013 - 23h05

Depuis que la Ve République a vu le jour, des ministères sont tombés, des ministres ont démissionné ou ont été invités à le faire, mais c’est la première fois que pour quelques paroles plus ou moins dissidentes, un ministre est éconduit de la sorte. Désormais, gare aux « opposants », les ministres de François Hollande devront parler d’une seule voix, la sienne, et devront tourner leur langue sept fois dans leur bouche avant d’avoir l’audace inouïe de faire une déclaration…

C’est ainsi que Delphine Batho, ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, a été manu militari reconduite à la sortie pour avoir osé s’exprimer. Aux rênes de ce ministère depuis juin 2012, elle s’étonnait en effet de la baisse des crédits alloués à ce dernier en reposant la question de l’urgence et de la priorité des problèmes écologiques en France et par extension dans le monde. Mal lui en prit ! Dans le gouvernement socialiste de François Hollande, la contradiction, le débat et le dialogue n’ont désormais plus droit de cité. C’est ce que le président désigne pudiquement sous le nom de « couac », en affirmant que « maintenant les couacs c’est fini ! ». Maintenant, un mot qui revient décidément très souvent dans la dialectique simpliste du président et qui augure d’un quinquennat qui sera très difficile dans ces conditions.

Difficile car, le rôle du ministre est soudainement redéfini à celui d’un simple auxiliaire du gouvernement, auquel chaque ministre doit une absolue fidélité. Fi de la liberté de pensée ! Cette définition de la fidélité ressemble grandement aux standards qui étaient en usage dans les régimes staliniens ou absolutistes, où il n’était pas de mise, comme désormais dans le gouvernement français du moment, d’émettre le moindre avis sans l’aval du politburo ou de sa Majesté catholique. Etonnant également de constater que le couperet est tombé sur un élément du parti socialiste, une femme, arrivée en politique dans le train de SOS Racisme et dans les pas de Julien Dray. Elle aura donc été victime de l’intransigeance de la pensée unique socialiste, exclusivité et pré-carré de la présidence. L'abandon de Ségolène Royal et son ralliement à François Hollande ne lui aura peut-être pas tant servi que cela.

Cet événement historique donne à réfléchir. L’éviction de Delphine Batho, que l’on adhère ou pas au personnage, démontre une faculté étrange à mettre à la porte des cadres politiques plus rapidement que ceux pris la main dans le sac et mouillés dans des affaires sulfureuses où se mélangent vénalité et corruption. Pourtant, dans la classe politique, dans les rangs socialistes, chacun est au garde-à-vous, même si la nouvelle est désespérante et instaure le doute. Présenté comme un président malléable et ouvert avant son élection, François Hollande montre un tout autre visage, celui de l’autoritarisme, du non-dialogue et du manque de sang-froid. C’est également sans doute aussi à cause de l’accumulation dramatique des échecs retentissants de sa politique. Rendu nerveux par la dégradation de la situation, acculé le dos au mur, le président normal aura eu la réaction du sanglier acculé par les chasseurs : il aura chargé.

La charge toutefois était dirigée en partie contre les alliés de toujours du Parti socialiste : le parti d’EELV. Elle consomme un divorce que même les sourires crispés et les déclarations éthérées des écologistes comme Cécile Duflot ne peuvent cacher. De ce côté, la farce de l’alliance entre les deux partis démontre que depuis l’alliance historique entre le Parti de la rose et le Parti communiste en 1981, malheur à ceux qui frayent avec les socialistes ! Il y a trente ans, cette alliance vit la perte et la déconfiture du PC jusqu’à sa disparition presque totale du paysage politique. Aujourd’hui, il semble que les vases communicants ne puissent plus être refermés, le parti EELV devra en tirer les conséquences : ou devenir un parti indépendant, ou rester une succursale plus ou moins active du Parti socialiste dominateur. Les écologistes passeront-ils, à l’exemple de Delphine Batho, sous les Fourches Caudines ? Ils en prennent le chemin lorsque Barbara Pompili affirme haut et fort « que les verts ne quittent pas le gouvernement »… Il est difficile en effet de quitter une place près de la cheminée, bien au chaud, pour s’engager dans un combat d’idée courageux mais si peu rémunérateur.

Au-delà du coup de force de François Hollande, ce nouveau et sempiternel scandale démontre que les écologistes de façade du parti EELV sont plus attachés à distribuer par la main de Cécile Duflot quelques légions d’honneur bien mal acquises que de défendre ce qui est l’essence de leur existence : le combat pour l’écologie et l’humanité. Dans le Parti socialiste, le masque est tombé : les primaires socialistes n’avaient été qu’une mascarade pour empocher quelques millions utiles dans une campagne électorale, la démocratie ayant été depuis longtemps étranglée rue Solferino, dans les couloirs du siège du Parti socialiste. Après les inquiétantes déviances observées en France depuis l’accession au pouvoir de M. Hollande, nous ne pouvons qu’être extrêmement inquiets de la suite du quinquennat.

Vu de l’extérieur, il apparaît évident que les couacs cités par le président viennent assurément très souvent du même nid : le palais de l’Elysée. Les journalistes ne savent également plus où donner de la tête et les grandes vacances qui s’annoncent seront peut-être salutaires pour sauver les apparences, encore que ?


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