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Giovanni Palatucci, le « Schindler italien » collaborait avec le régime nazi

Auteur : Le Figaro | Editeur : stanislas | Mercredi, 03 Juill. 2013 - 17h45

Cet officier de police italien, honoré du titre de «Juste parmi les nations» pour avoir sauvé 5000 Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, aurait été en réalité un exécuteur consentant des lois raciales en Italie.

Le Mémorial de l'Holocauste à Washington vient de déboulonner la statue de Giovanni Palatucci. On le surnommait le «Schindler italien», «l'ange protecteur des Juifs», le «saint sauveur» de Fiume. C'est un «Juste parmi les nations» du Mémorial Yad Vashem de Jérusalem. Le Vatican instruit sa béatification. Or, rapporte l'International Herald Tribune le 20 juin, cet officier de police italien, loué dans le monde entier pour avoir sauvé quelque 5000 Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, aurait plutôt été un acteur de la Solution finale.

Le Mémorial de l'Holocauste à Washington est le premier à réagir aux informations fournies par le Centre Primo Levi. Cette institution, rendant compte du travail de plus d'une douzaine de chercheurs, assure que Giovanni Palatucci était en fait «un exécuteur consentant des lois raciales, qui, après avoir prêté serment à la République sociale mussolinienne, a collaboré avec les nazis».

Pas de trace d'aide aux Juifs

Les chercheurs, cités par le Centre Primo Levi, ont eu accès à plus de 700 documents qui jusqu'alors dormaient dans les archives de la ville croate de Rijeka, l'ancienne Fiume italienne. Ils n'ont trouvé nulle trace de l'aide que Giovanni Palatucci aurait apportée aux Juifs italiens, des Balkans et d'Europe centrale ayant échoué dans cette cité de la côte adriatique.

Officier de police à Fiume entre 1937 et 1944, Palatucci est finalement arrêté par les nazis, qui lui reprochent de traiter avec les Britanniques. Les nazis, qui sont entrés en Italie en 1943, le déportent un an plus tard à Dachau, où il meurt.

Sa légende naît en 1952. Son oncle, l'archevêque Giuseppe Maria Palatucci, démarche les autorités italiennes pour obtenir une pension pour les proches de ce «héros».

L'archevêque assure que son neveu policier envoyait, pour les sauver, des Juifs de Fiume vers un camp d'internement en Italie méridionale sur lequel lui-même avait de l'influence. Prenant dès 1953 corps en Israël, la légende Palatucci est peu à peu sculptée par l'Église romaine, la communauté juive italienne et la police de la Péninsule. En 1990, le nom de Giovanni Palatucci entre à Yad Vashem.

L'union d'Israël, de l'Église et de l'Italie

Dans un livre publié en 2008, l'historien italien Marco Coslovich avait commencé à déconstruire le mythe. Il a cherché pendant quinze ans des faits, et ne les a pas trouvés. Il met en doute les témoignages. Il avance que nombre de Juifs ont été sauvés des camps d'internement parce que les troupes alliées ont débarqué en Italie en 1943. Selon lui, le jeune État d'Israël, en quête de reconnaissance internationale, l'Église romaine attaquée pour la passivité complice du pape Pie XII, et une administration italienne voulant oublier qu'elle avait suivi les ordres du régime fasciste, se sont unis pour croire et forger la légende Palatucci.

La vérité de ce haut fonctionnaire de police paraît aujourd'hui devoir s'inscrire dans l'histoire mouvementée de Fiume. Cette cité conquise au lendemain de la Première Guerre mondiale par le poète nationaliste Gabriele D'Annunzio, qui mêla le verbe et la force dans une geste annonçant les plus funestes marches vers la mort fascistes et nazies.


- Source : Le Figaro

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