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Comment la CIA a inventé le terme de « théorie de conspiration » il y a 50 ans

Auteur : d.d. | Editeur : Walt | Lundi, 15 Mai 2017 - 17h14

Le 11 avril la radio-télévision suisse SRF a publié sur son site web le gros titre : « ‘‘Arena’’ est allé trop loin au sujet de la ‘‘crédibilité des médias’’ ».

Pour rappel : Dans l’émission-débat « Arena » de SRF du 24 février 2017 le sujet était le scepticisme envers les médias classiques, selon les propres termes de SRF. En tant que représentant de ceux qui parlent en faveur de ces « sceptiques », le chercheur sur la paix et historien suisse Daniele Ganser a été invité.

Du fait de ses recherches critiques sur le 11 septembre et le World Trade Center 7, le bâtiment qui s’est effondré environ 7 heures après les tours jumelles, Ganser a été attaqué avec le terme de « théoricien de conspiration ». Et cela pas seulement par le journaliste de SRF Roger Schawinski, mais aussi par le journaliste Jonas Projer, qui dirigeait l’émission. Dans l’émission du magazine scientifique de SRF « Einstein », seulement un mois plus tôt, le 26 janvier 2017, Daniele Ganser avait déjà été qualifié de « théoricien de conspiration » et donc présenté comme non-crédible et pas sérieux. Vous en trouverez les détails dans notre émission en allemand « La presse à lacunes, ça ne va pas du tout » (prise de position de Daniele Ganser face à l’émission diffamatoire « Arena » de SRF) (www.kla.tv/10040).

Concernant l’émission « Arena » de SRF du 24 février, presque 500 plaintes ont été envoyées – un chiffre qui n’avait jamais été atteint. On y critique surtout la manière dont le présentateur Jonas Projer a traité son invité Daniele Ganser dans l’émission. Ganser aurait été traité de manière injuste et discriminatoire et dénigré comme théoricien de conspiration. Cela est tout à fait contre-productif, ainsi que l’écrit Roger Blum le médiateur responsable pour les plaintes.

Mais d’ailleurs pourquoi le terme de théoricien de conspiration est-il utilisé et qu’est-ce qui se cache derrière ? On trouve une indication dans un document de la CIA, les services secrets américains pour l’étranger ; ce document intitulé « 1035-960 » a introduit le terme de « Conspiracy Theory » en français « théorie de conspiration ». Ce document a été publié en 1976 à l’instigation du New York Times. La CIA a ainsi réagi au malaise largement répandu de la population américaine concernant l’interprétation officielle de l’attentat contre John F. Kennedy, telle qu’elle a été rédigée dans ce qui s’appelle le « Warren-Report ». A l’époque la « commission Warren » engagée par le successeur de Kennedy, Lyndon Johnson, a abouti au résultat que Lee Harvey Oswald était le seul coupable. Oswald, âgé de 23 ans, aurait tiré avec un fusil Mannlicher-Carcano d’une distance de 150 mètres et aurait atteint le président des USA à la tête et au cou le blessant mortellement. Bien que la « commission Warren » ait réuni trois tireurs d’élite qui n’ont absolument pas pu refaire ce que Oswald était censé avoir fait, ils insistaient que c’était bien Oswald, un tireur amateur, qui avait assassiné Kennedy. Ce qui est révélateur, c’est que l’influent directeur de la CIA, en fonctions jusqu’en 1961, Allen Welsh Dulles était membre de la « commission Warren ».

Vous trouverez d’autres incohérences massives concernant le « rapport Warren » dans l’émission en langue allemande « 50 ans depuis la mort de Kennedy » (www.kla.tv/1886).

Après la présentation du « rapport Warren » on a publié une vague de livres qui ont éveillé de forts doutes chez 46% de la population américaine sur le fait qu’Oswald aurait été un criminel solitaire. En effet d’innombrables versions alternatives du crime suggéraient une implication directe de la CIA dans l’attentat contre Kennedy. C’est pourquoi les services secrets américains ont mis au point une astuce pour contrer les sceptiques du « rapport Warren », aussi bien aux USA qu’à l’étranger. La CIA a proposé à son personnel de l’époque de discuter le sujet discrètement avec les représentants des médias étrangers et de discréditer les voix critiques : « Mentionnez également que des propagandistes communistes ont une part dans ce soupçon de conspiration qui circule », c’est ce qui était écrit dans le document de la CIA. De plus ils devaient suggérer que les critiques de la CIA étaient « mariés » à des théories qui avaient été développées avant qu’il n’y ait des preuves. Selon la CIA ceux qu’on appelle les théoriciens de conspiration « motivés politiquement et poussés par des intérêts financiers », avaient « fait des recherches de manière inexacte » et étaient « entichés de leurs propres théories ».

Le document de la CIA mentionne le journaliste d’investigation Edward Epstein, sur qui cette stratégie devait être testée de manière exemplaire. Par ailleurs les médias ont été impliqués par des moyens en lien financier ou personnel avec la CIA afin qu’ils participent à des campagnes de diffamation.

Pour résumer, cela signifie que la CIA a inventé le mot-clé de « théorie de conspiration » il y a 50 ans pour prévenir l’écroulement d’une théorie chancelante sur l’attentat contre Kennedy. Et cela pour la raison très simple que la CIA manquait de preuves valables et d’arguments cohérents. C’est exactement de la même manière qu’on doit considérer aujourd’hui l’utilisation inflationniste de ce terme agressif, de théoricien de conspiration contre Daniele Ganser et bien d’autres encore : Quand on manque d’arguments pertinents, on détourne toujours l’attention de son propre manque de crédibilité en appliquant à l’autre le terme de théoricien de conspiration !


- Source : Kla TV (Allemagne)

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