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Présidentielles : le changement de règles du parrainage qui gène les petits candidats

Auteur : Aurélie Delmas | Editeur : Walt | Mercredi, 25 Janv. 2017 - 11h52

Il reste quelques semaines aux aspirants présidents de la République pour réunir leurs 500 parrainage. Mais cette année, les règles ont changé.

Depuis 1962, ils sont le sésame des aspirants à la fonction suprême pour être investis candidats : les parrainages d’élus. Or sur ce point, les règles ont changé avec la loi du 25 avril 2016 et certains candidats à la présidentielle redoutent déjà que ces modifications découragent les élus.

Ce qui ne change pas

Sur le principe, rien ne change. Les candidats doivent toujours obtenir la caution d’élus de la République pour pouvoir se présenter.

• Il faut obligatoirement obtenir au moins 500 parrainages d’élus habilités.

• Il s’agit des maires, parlementaires, députés européens, conseillers généraux, régionaux et, d’une manière générale, membres des différentes assemblées territoriales à l’exception des conseils municipaux. Cela représente environ 47 000 mandats, ce qui correspond globalement à plus de 42 000 personnes élues, selon le décompte du Conseil constitutionnel en 2012. Chacun ne peut fournir qu’un seul parrainage, même s’il exerce plusieurs mandats. Un formulaire de parrainage leur est adressé par la préfecture, ainsi que d’une enveloppe postale à l’adresse du Conseil constitutionnel.

• Les élus autorisés à parrainer doivent provenir d’au moins 30 départements ou collectivités d’outre-mer, 50 parrainages maximum par département ou par collectivité.

Ce qui change

Mais en 2016, les parlementaires ont décidé de changer certaines règles, notamment pour rendre le système plus transparent et plus moderne.

• Jusque-là, pour chaque candidat, un extrait de 500 noms de «parrains», tirés au sort, était rendu publics. Désormais, la liste intégrale des élus ayant parrainé un candidat sera publiée. Cette décision a été prise au nom de la transparence et modifie substantiellement les règles du jeu : impossible de parrainer discrètement un candidat qui n’appartient pas à son parti que ce soit au nom du pluralisme ou à des fins plus stratégiques. Idem pour les élus locaux sans étiquette, qui verront immanquablement leur nom associé à celui d’un(e) candidat(e).

• Autre modification, les parrainages ne seront pas rendus publics en une seule fois après l’établissement définitif de la liste des candidats mais quasiment en temps réel à partir du 23 février et jusqu’au 17 mars. Le Conseil constitutionnel mettra la liste à jours deux fois par semaine, les mardis et vendredis.

• Alors que les élus pouvaient remettre leurs parrainages aux candidats qui se chargeaient de transmettre, ils devront maintenant les envoyer eux-mêmes au Conseil constitutionnel par la Poste.

Pourquoi ça gêne certains

A chaque échéance présidentielle, les petits candidats, qui ne bénéficient pas de la force de frappe d’un gros parti, et le FN, qui réclamait l’anonymat des parrainages en 2012, font part de leurs difficultés pour réunir un nombre suffisant de soutiens. Avec les nouvelles règles, ils estiment que les choses sont encore plus compliquées.

Dans une tribune publiée dans le Monde, un collectif de personnalités de gauche regrette le nouveau mécanisme qui rendrait plus difficile encore la présence sur la ligne de départ des candidats anticapitalistes Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) et Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste), lequel assure être encore sous la barre des 200 parrainages. «La publication au journal officiel de la position prise par chaque élu […] accroît la pression sur les maires», estiment les signataires.

Par ailleurs, la charge pour les élus d’envoyer eux-mêmes le formulaire de parrainage aggrave le risque qu’ils n’envoient jamais le courrier. «Toutes ces évolutions travaillent dans le même sens : celui de verrouiller au profit des grands partis traditionnels l’élection à venir», regrette encore le collectif. Dans l’équipe de Yannick Jadot, on qualifie aussi les nouvelles règles de «verrouillage». Pour le moment, le candidat d’EE-LV ne disposerait que de la moitié des promesses de parrainages.

Jean Lassalle, député des Pyrénées-Atlantiques, souligne la possibilité de pression sur les maires : «Ils ne veulent pas déplaire au député ou à leur conseil municipal en me parrainant…», explique-t-il à l’hebdomadaire le Point. Une hypothèse confirmée par Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, qui considère que «la réforme aggrave la difficulté mais, le plus important, ce sont les pressions subies par les maires à travers les intercommunalités, les subventions…»

A gauche, plusieurs candidats se plaignent aussi du fait que de nombreux élus locaux attendent de connaître le verdict de la primaire de la Belle alliance populaire pour prendre une décision. Des complications qui s’ajoutent à un autre point problématique posé aux petits candidats par la réforme d’avril 2016 : le remplacement de l'«égalité» du temps de parole pendant la campagne par l'«équité». Du 1er février au 19 avril, les médias audiovisuels devront faire en sorte que le temps de parole de chaque candidat reflète son poids politique. Puis, dans la dernière ligne droite, les candidats bénéficieront d’un temps de parole strictement égal.


- Source : Libération

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