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Vendredi, 03 Mai 2024

En sachant ça, vous ne mettrez plus vos enfants devant la TV

Auteur : DM | Editeur : Walt | Jeudi, 01 Déc. 2016 - 12h53

Dans « comment la pub possède ton esprit », j’expliquais que le job premier de la télévision n’était pas comme on pouvait le penser de nous cultiver ou simplement nous divertir, mais bien de préparer notre esprit et nos oreilles à être plus attentifs aux messages publicitaires, et qu’en somme, passer des heures devant le petit écran sans aucun recul critique c’était comme tendre l’arme à notre violeur. C’est bien là le premier effet pervers de la téloche : nous pousser à devenir de simples moutons consommateurs ou moutons tout court via la propagande médiatique. Mais il existe un deuxième effet maléfique, celui-là encore plus grave : la télévision abrutit vos enfants. Ce n’est pas une exagération ou une simple opinion non-fondée, c’est un fait. Voyons ça.

Le Monstre qui se nourrissait de l’attention

Si je le voulais, je pourrais résumer cet article à cette illustration et m’arrêter là, tellement significative soit-elle. Ce petit test a été réalisé sur des enfants de 5 ans, issus de la même école et de même classe sociale. Comment expliquer cette choquante image ?

Le visionnage chez les enfants de 4 à 14 ans a été estimé à en moyenne 3 heures par jour et est en hausse constante. Beaucoup de parents exposent également des enfants en bas-âge à la télévision parfois sans y faire vraiment attention : maman qui doit repasser les vêtements pendant une demi-heure et qui met le petit devant un dessin-animé, papa qui doit passer un coup de fil, etc. En fait, les parents ne peuvent pas vraiment être considérés comme coupables car les informations sur les effets néfastes de la TV ne sont que peu ou pas relayés. Bon évidemment, le contraire aurait été étonnant quand on connaît les audiences énormes des chaînes pour les jeunes.

Avez-vous remarqué à quel point un dessin-animé est bruyant et rapide ? Des lumières partout, tout le monde qui crie, des couleurs vives. Le but est de capter l’attention et la concentration de l’enfant en le soumettant a de nombreux stimulis. Le gosse, happé par ces explosions de bruits et couleurs, paraît calme et tranquille dans son divan. C’est pourtant un véritable champ de bataille qui se déroule pendant ce temps dans son cerveau. Il faut comprendre que parmi nos mécanismes de survie, existe ce qu’on peut appeler « l’attention de l’inattendu » :

Imagine-toi il y a 20 000 ans alors qu’une grosse libellule carnivore apparaît soudain au-dessus de ta tête : cette capacité à repérer la moindre chose qui bouge t’aurait sauvé la vie. Sauf qu’elle mobilise beaucoup d’énergie et n’est pas faite pour être soumise à une stimulation constante comme le font la télévision et plus particulièrement les dessins-animés. On comprend donc que l’enfant lambda soumis à la téloche le soir puis encore le matin avant l’école a déjà gaspillé une énorme quantité de son énergie attentionnelle. Énorme. On a ainsi calculé (entre autres) que cette habitude pouvait amener à 4x plus d’échec scolaire arrivé à l’âge de 16 ans, et que l’apparition de la télévision coïncidait exactement à une très flagrante baisse des résultats du test d’entrée des universités américaines :

Et nous ne parlons là que de l’aspect scolaire, car une télévision sans cesse allumée baisse d’une façon phénoménale le nombre d’interactions familiales, donc une partie de l’intelligence sociale du gamin, ainsi qu’une grosse partie de son vocabulaire (malgré les mensonges orduriers des DVD de « développement infantile »), de son recul sur la vie, etc. Faites le test : quand toute la famille est dans le salon a regarder dans un silence de messe une bande d’idiots discutant du nouveau film de machin ou le briefing de 19H sur les malheurs du jour, coupez le courant. Après quelques minutes, quelque chose de magique apparaît : une conversation. On me rétorquera peut-être que l’on est pas obligé de parler tout le temps avec tout le monde et que parfois la télévision est le petit moment détente après une bonne journée de travail.

Mais pourquoi regarder Hanouna tous les soirs serait plus relaxant qu’un trait d’humour avec sa famille ? Que sortir son chien ? Que lire ? Dessiner ? De tous les moyens de détente que l’on peut trouver, la télévision est de loin le pire. On s’en rend déjà compte après seulement quelques jours d’abstention et ce, quelle que soit notre classe sociale, notre statut civil, notre boulot ou notre âge. Je mets ma main à couper qu’aucune personne s’étant séparée de sa télévision en ayant pris conscience de ses méfaits n’en rachètera une à l’avenir. La grosse différence ente la TV et l’ordi, c’est que la télévision nous rend passif. On ne doit même pas faire l’effort de chercher l’info, le divertissement, on se cale sur une chaîne et on attend jusqu’à ce que cela devienne une habitude.

Un obèse chômeur, violent, fumeur, alcoolo et obsédé sexuel

Voilà ce que deviendraient tous les gamins qu’on laisserait devant une télévision 8H par jour de la naissance à l’âge adulte.

La violence est omniprésente sur le petit écran. Ainsi, le téléspectateur lambda est exposé en moyenne à 2600 crimes et 13000 actes violents par an. L’être humain est un être d’adaptation : il a la capacité de s’adapter à son milieu et ses comportements en seront inconsciemment modifiés. Ainsi dans un dur contexte comme la guerre, les gens qui s’adapteront le mieux en étant plus agressifs auront plus de chances de s’en sortir. Voir de la violence au quotidien augmente nos taux de stress d’angoisse, et nous rend plus enclin nous même à adopter un comportement plus dur. En terme de violence visible tout au long de l’année, la télé est une guerre et le spectateur un soldat marchant dans les silencieuses rues d’une ville remplie de cadavres. Ajoute à ça 4h par jour de gangsta rap, fleuron de la scène rap mainstream actuelle, et tu as un cocktail gagnant pour définitivement rater ta vie. C’est pas beau la consommation ?

Et pour en rajouter au lugubre, cette ville est remplie de bordels et de maisons closes. Les références au sexe plus ou moins explicites sont constantes, surtout dans les films. Ce qu’il en résulte est une glorification de l’acte sexuel pour lui-même et beaucoup de questions pour le jeune : « si je couche pas je suis nul ? » ; « il faut avoir beaucoup de partenaires pour être un vrai homme ? » ; « si je ne fais pas l’amour tôt je suis une fille coincée ? ». L’ardoise : 3X fois plus de chances pour les jeunes filles exposées tôt à la télévision de faire une grossesse précoce et contracter des MST. Baisse générale de l’image positive que les ados ont d’eux-mêmes, surtout chez les filles de plus en plus enclines à l’anorexie. Zone du cerveau impliquée dans l’inhibition de la violence moins bien développée que la normale. Niveau de stress et d’angoisse bien supérieur à ce qu’un jeune devrait avoir. Et cetera, et cetera…

Pour conclure, il faut réellement se méfier de la télévision et comprendre qu’elle est néfaste a tout point de vue pour les enfants. J’ai fait exprès de titrer cet article d’une façon radicale, car il vaut souvent mieux être radical avec ce qui nous nuit. Cependant, je ne condamne pas le bon film en famille ou l’émission par ci par là quand on a juste envie « de rien faire ». Il faut aussi comprendre que la télé tient les parents par les sentiments : quel parent supprimerait du jour au lendemain son dessin-animé préféré à son enfant ? Si cette perspective ne nous plaît pas, il faut y aller progressivement en essayant de passer un peu plus de temps avec lui, en achetant des livres, l’inscrire au sport, … L’objectif étant de diminuer au maximum le temps d’exposition à la télévision. Chacun fait ce qu’il veut de son temps, mais personne ne doit en ignorer les conséquences.

C’est à quelle heure touche pas à mon poste ?


- Source : DM

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